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Voici -Je pense- l'article dont parle Caupo.
a écrit :Un phénomène dont l'impact reste marginal à l'échelle de l'Union européenne
LE MONDE | 09.09.04 | 14h33
Bruxelles de notre bureau européen
Hautement médiatisées, les délocalisations ne représenteraient pourtant qu'une part marginale des emplois supprimés en Europe. C'est ce que tend à montrer un recensement réalisé par l'Observatoire européen du changement (EMCC), basé à Dublin, en Irlande, et qui dépend des institutions européennes. L'observatoire a identifié, depuis début 2002, 1 460 entreprises ayant annoncé la suppression de 777 000 emplois dans l'Union à quinze, ainsi que la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Seuls 4,8 % des suppressions d'emplois comptabilisées sont dus à des délocalisations avérées.
Les trois quarts des emplois supprimés le sont à la suite de restructurations et 15 % à cause de faillites. La France est dans la tendance, les délocalisations ne représentant que 6 % des cas de restructurations et 3 % des emplois supprimés. Cet inventaire, qui est réalisé en puisant dans la presse des différents pays de l'Union, ne se prétend ni exhaustif ni scientifique. Mais en l'absence de données irréfutables, il renforce les observations faites en juin dans un rapport du sénateur français Francis Grignon (UMP, Bas-Rhin).
Les économistes, écrit M. Grignon, "ont tous indiqué que, quels que soient les critères retenus, les délocalisations n'étaient pour l'instant pas un phénomène statistique important, et que leurs effets sur la capacité industrielle du pays comme sur l'emploi étaient extrêmement limités". Il cite la direction des relations économiques extérieures (DREE), qui estime que les délocalisations n'auraient représenté que 4 % des investissements directs des entreprises françaises à l'étranger, soit 19 milliards d'euros, de 1997 à 2001.
Selon M. Grignon, le ministère du travail américain estime que les délocalisations et la concurrence étrangère expliqueraient seulement 2 % des licenciements de plus de 50 personnes réalisés aux Etats-Unis entre 1998 et 2003. Selon une étude du Center for Economic Policy Research, les investissements allemands et autrichiens dans les pays d'Europe de l'Est et centrale auraient conduit à la destruction de "seulement" 90 000 emplois sur la période 1990-2001.
A contrario, selon une enquête réalisée en 2003 par les chambres de commerce allemandes (DIHK), 45 % des entreprises investissant à l'étranger seraient motivées par la perspective d'économies de coûts. Le débat porte sur la définition de la délocalisation, une restructuration pouvant être suivie, plus tard, d'un investissement dans un autre pays, pour des raisons de coût, d'accès au marché, sans que la délocalisation soit affichée.
L'EMCC s'est livré à une analyse détaillée des 104 cas de délocalisation avérée qu'il a recensés. Plus touchés que les autres dans les restructurations, Royaume-Uni et France arrivent en tête. La Grande-Bretagne a vu 13 290 emplois délocalisés par 12 entreprises. Elle est suivie de la France (3 718 emplois pour 18 entreprises), l'Allemagne (3 500 emplois pour 3 cas), l'Italie (2 227 pour 7 cas), la Finlande (1 924 emplois pour 9 cas) et la Suède (1 810 emplois pour 9 cas).
L'observatoire a aussi réalisé une analyse sectorielle : 21 % des emplois délocalisés l'ont été dans la métallurgie, 20 % dans les services financiers, 15 % dans les postes et télécommunications et 12 % dans le textile. Chaque pays a ses spécificités. Les Britanniques ont délocalisé une partie de leurs services financiers, à l'instar de Norwich Union (2 000 emplois administratifs et informatiques transférés en Inde) et HSBC (4 000 emplois supprimés et transférés en Asie). Les télécommunications et la métallurgie sont particulièrement touchées en France et en Finlande.
Les pays à coût de main-d'œuvre relativement faible ne sont pas épargnés, à l'instar du Portugal, pays le plus pauvre de "l'ancienne" Europe, qui a connu neuf cas de délocalisations, en particulier dans le secteur automobile, au profit de l'Asie et de l'Europe de l'Est, ou dans le textile, secteur où l'Union européenne lève progressivement ses quotas d'importation.
Supposés bénéficiaires de l'arrivée d'investissements étrangers, de nouveaux pays membres subissent aussi parfois des délocalisations, à l'instar de la Slovaquie où le cigarettier Imperial Tobacco a fermé son usine (300 emplois) en raison des changements de conditions d'importation dans ce pays à la suite de son entrée dans l'Union.
Arnaud Leparmentier