a écrit :Olivier Besancenot invite toute la gauche à "entrer en résistance" sans attendre 2007
LE MONDE | 28.08.04 | 13h36
"Face à un gouvernement devenu illégitime", désobéir "est devenu un acte citoyen", a-t-il lancé à l'université d'été de la LCR.
Port-Leucate (Aude) de notre envoyée spéciale
La LCR entend faire des propositions de campagne commune au Parti communiste à propos du référendum sur le projet de Constitution européenne. Soulignant que la Ligue et le PCF sont les seuls partis à s'être prononcés pour un "non de gauche", le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, a souhaité, vendredi 27 août, lors de son discours à l'université d'été du parti trotskiste que la campagne sur le référendum soit l'occasion "d'une double démonstration".
Celle qu'"une autre Europe est possible", estimant que le projet de Constitution "grave dans le marbre le droit des plus riches". Ensuite, qu'"une autre gauche est nécessairement incompatible avec les valeurs capitalistes de cette constitution".
Evoquant le Parti socialiste, il a ironisé sur la "gauche libérale" qui, "pour faire avaler la pilule" met en avant la charte des droits fondamentaux qui accompagne le projet de traité, charte dont il a fait une lecture très critique. M. Besancenot a aussi interpellé les dirigeants des Verts : "Il faudra que certains d'entre eux nous expliquent comment on peut être contre Maastricht et pour la Constitution." S'adressant enfin au PCF, il a souligné que la LCR, si elle a décidé de "voter 'non' à ce super traité", ne participera pas "à des exécutifs qui le mettent en application".
Le porte-parole de la Ligue a appelé à la construction d'un "vaste mouvement de désobéissance" sur "les questions de société" et "les questions sociales". Qualifiant Jean-Pierre Raffarin de "kamikaze patronal", et doutant de la volonté du PS de "remettre en cause" la politique du gouvernement, M. Besancenot s'est dit prêt à "organiser une riposte bien avant 2007". "Face à un gouvernement devenu illégitime", désobéir "est devenu un acte citoyen", a-t-il lancé.
"ENTHOUSIASME"
Et de proposer à "toute la gauche sociale et politique d'entrer en résistance" pour "protéger les emplois, la 'Sécu', les services publics". Pour le jeune facteur, la future loi postale et la fermeture envisagée de 6 000 bureaux de poste est l'un des dossiers les plus sensibles de la rentrée sociale. Il appelle à la constitution de collectifs associant salariés de La Poste, usagers et élus.
Revenant sur les scores enregistrés par le tandem LCR-LO aux élections régionales et européennes, M. Besancenot a estimé qu'"il serait malhonnête de ne pas reconnaître que nous avons été confrontés à deux obstacles infranchissables" : la "dégradation du rapport de forces au niveau social" et "le traumatisme du 21 avril 2002 - qui - ont pesé plein pot". A l'instar de la direction de la LCR, il a jugé que sa formation avait pêché par excès d'optimisme. Pour autant, a-t-il lancé, "si la campagne LO-LCR était à refaire, je la referais". Cette proclamation a été accueillie par des applaudissements mais aussi par des huées de mécontentement.
"Il n'y a rien qui puisse entamer mon enthousiasme, mon engouement dans cette rentrée", a enfin tenu à préciser M. Besancenot aux militants peut-être déboussolés par ses déclarations dans la revue Contretemps, dans laquelle il évoquait sa "souffrance" de devoir "porter une parole collective" (Le Monde du 11 août). "Je ne pense pas que l'engagement politique soit une souffrance", a-t-il tenu à préciser. Et de conclure : "C'est pour qu'un jour l'on puisse vivre vraiment tranquillement que l'on milite."
Caroline Monnot
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 29.08.04
(Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-...6-377001,0.html)