Je viens de lire sur internet un
dossier (en anglais) sur cette "révolution" qui était paru dans le numéro 6 de la revue «Communist Programm« (revue de la Gauche Communiste) intitulé The sorry path of Sandinism (Le misérable chemin du sandinisme) en septembre 1980 et cela va à l'inverse de ce que tu défends Youri.
Il apparaît ainsi que le Front Sandiniste de Libération Nationale a abandonné peu à peu son programme anti-impérialiste et révolutionnaire de 1969 pour s'allier avec la bourgeoisie et avec l'impérialisme américain à partir de 1978... La prise du pouvoir dans un but révolutionnaire laisse ainsi la place à l'obtention d'un pouvoir démocratique et populaire... L'armement révolutionnaire des masses est abandonné au profit d'une nouvelle armée plus "démocratique" mais qui laisse la porte ouverte à tous les éléments de l'ancienne armée (la Garde Nationale). Du point de vue de l'impérialisme américain, la volonté d'y mettre un terme, de chasser l'armée yankee et de ne plus reconnaître les dettes imposées au pays par les monopoles américains, est également abandonnée au profit d'une porte ouverte à la reconnaissance de tous les traités internationaux et au profit de la poursuite du remboursement des dettes (américaines et autres) une fois renégociées...
Le MPU (Mouvement du Peuple Uni), créé après novembre 1978 sous l'impulsion du FSLN, constitue un large front anti-Somoza (Somoza était le dictateur en place maintenu par l'impérialisme américain mais il ne représentait qu'une petite partie de la bourgeoisie et était donc une entrave à celle-ci et au capitalisme) qui regroupe le FSLN et d'autres organisations adoptera un programme encore plus bourgeois (en reflet avec sa composition puisque parmi les 25 organisations du MPU les couches bourgeoises - étudiants, artistes, intellectuels, cadres, dirigeants, etc. - sont majoritaires). L'obtention d'un gouvernement "d'unité démocratique et populaire" laisse la place à l'objectif d'un gouvernement "d'unité démocratique"... Le point 3 de ce programme en outre de permettre le maintien du statut des éléments de l'ancienne hiérarchie militaire, indique que l'ancien système juridico-légal du régime dictatorial de Somoza (qui envoya en camps de concentration des militants et des travailleurs) sera préservé avec une simple réforme visant à lui donner un caractère démocratique et à supprimer la corruption administrative et la vénalité des juges.
Par le biais du MPU, le FSLN garantira encore d'autres garanties à la bourgeoisie. En plus d'assurer à la propriété privée le support du futur gouvernement "d'unité démocratique", et sa participation à l'élaboration d'un plan industriel de développement, il apporta une preuve supplémentaire de sa renonciation aux vieilles utopies sur l'agriculture des "montanero days" avec une réforme agraire n'allant plus à l'encontre des grands propriétaires terriens (les latifundi) mais qui les aiderait ("L'Etat accordera des prêts à tous les producteurs - grands, moyens et petits")... Tout cela de la bouche des anciens apôtres de la révolution paysanne anti-impérialiste !
Les masses laborieuses paieront au prix fort cette guerre civile menée sur leur dos puisque le FSLN les laissera se faire écraser dans le sang de nombreuses fois par la Garde Nationale de Somoza et les employera en tant que boucliers pour se protéger des bombardements d'artilleries de la Garde Nationale... Le sandinisme réalisa donc une révolution bourgeoise et non pas une révolution paysanne et ouvrière. Quelques acquis semblent toutefois avoir été obtenus en matière sociale (pour la santé et l'éducation) et en matière agricole
selon le site web du RISAL (Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique Latine).