par alex » 25 Mai 2004, 13:14
Voici la position publique de Divès pour Avanti !
Explication du texte ci-dessous :
- Nous avons eu, dans une réunion récente du courant Avanti ! de la LCR, une discussion sur la démarche de François Chesnais envers la LCR et la réponse négative que lui a opposé son bureau politique.
- Après qu’il ait été rendu compte de cette discussion sur la liste Internet du courant Avanti !, l’un de ses membres, adhérent récent de la LCR, avait répondu qu’il ne comprenait pas pourquoi la LCR aurait dû accepter que François Chesnais, comme militant adhérant individuellement à la Ligue, soit coopté à sa direction – qu’il lui semblait qu’une telle façon de faire n’aurait pas été démocratique.
Ce qui suit est la retranscription du mail que j’ai envoyé sur cette même liste Internet, en réponse à ce que disait ce camarade.
C’est ma position « publique » à ce sujet.
Jean-Philippe Divès,
22 mai 2003
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Sur ce que [le camarade X] dit à propos de François Chesnais (je pense qu'on a parlé de Carré Rouge après ton départ ?)
Ce dernier est non seulement un "intellectuel" auteur de nombreux écrits et une "personnalité" militante de l'extrême gauche du mouvement altermondialiste (en particulier d'Attac), mais un "dirigeant historique" du courant lambertiste. Il a notamment été le responsable pour l'Amérique latine du CORQI (Comité d'organisation pour la reconstruction de Quatrième Internationale, nom du courant international lambertiste jusqu'en 1980) et l'un des responsables de sa revue théorique La Vérité (avec le nom de plume de Etienne Laurent).
Les fondateurs de Carré Rouge constituent par ailleurs le seul "courant" d'exclus (ou de poussés dehors) de l'OCI/PCI/PT qui a continué à défendre des orientations marxistes révolutionnaires tout en rompant avec les folies de secte. Et le seul aussi qui, à plusieurs reprises à travers diverses tentatives de discussion, et dernièrement à travers la demande d'adhésion de F. Ch., se soit tourné vers la LCR.
Il n'est pas sérieux de proposer à François Chesnais, 70 ans ou pas loin, plus de 50 ans de militantisme dans le mouvement ouvrier dont plus de 40 ans dans le trotskysme, de s'insérer dans la LCR en allant diffuser avec toi des tracts au métro Simplon - ou avec moi au métro Gambetta ; ni en "ayant le droit" de participer à une commission altermondialisation dirigée par de jeunes apprentis bureaucrates qui ne lui arrivent pas à la cheville, ou d'écrire de temps en temps un article dans la grande revue théorique qu'est Critique communiste.
Ce que marque la décision du BP, c'est la réalité de son mépris, de son esprit de boutique, de son refus de l'unité des révolutionnaires - plus précisément, le refus de l'unité avec ceux des révolutionnaires qui sont susceptibles de "gêner" son train-train (ce qui n'était pas vraiment le cas de VdT/DR, ni de SPEB - intégrations dans lesquelles entraient par ailleurs, sous divers angles, des questions de rapports de forces et de calculs d'appareil).
C'est très typique des méthodes et des conceptions autocentrées du "courant historique" (du trotskysme) pablo-mandéliste. Dans mon "courant historique" (moréniste), on lui aurait au contraire déroulé le tapis rouge. On a d'ailleurs fait cela à plusieurs reprises. Par exemple pour le dirigeant ("historique", lui aussi) du mouvement ouvrier et du trotskysme péruviens, Ricardo Napuri, qui avait adhéré tout seul en 1982, après précisément son expulsion du CORQI (les dizaines de camarades péruviens qu'il a gagnés à notre organisation, notamment grâce au geste politique que nous avions fait, sont donc venus ensuite). Ou encore, à la même époque, avec le dirigeant historique du mouvement ouvrier et du trotskysme anglais (SLL/WRP, branche "healyste") Bill Hunter, qui avait adhéré à notre organisation internationale avec un tout petit groupe, d'une dizaine de militants. Les deux, Napuri et Hunter, avaient lors de leur adhésion été intégrés à notre direction internationale, le CEI de la LIT, qui était une vraie direction, pas comme les instances actuelles du SU (à l'époque où j'y étais, ce CEI comptait entre 11 et 15 membres, se réunissait deux ou trois fois par an pendant chaque fois une semaine, décidait d'orientations qui influaient vraiment sur l'activité des "sections", et dirigeait une organisation internationale ayant pas loin de 10.000 militants dans 25 pays).
Si le CEI de la LIT avait coopté ces deux camarades, ce n'était pas pour "rendre hommage" à une trajectoire politique, mais parce que nous savions la valeur d'un dirigeant et de toute l'expérience qu'il est à même de transmettre. Mais il est vrai aussi que nous étions alors dirigés par Moreno, pas par Krivine et Sabado.
En réalité, le SU aujourd'hui le ferait aussi, mais seulement pour ceux qu'il considère comme "les siens". Il n'y a aucun doute, par exemple, que si Hugo Blanco (dirigeant historique du mouvement paysan et du trotskysme péruviens) décidait de réadhérer au SU, ils le coopteraient tout de suite, au moins au Comité international. Où l'on voit que les soi-disant plus "ouverts" sont parfois, à l'opposé, les plus "fermés"...
Ta réaction me semble toutefois "explicable" dans le cadre de ce qu'est la LCR, et également symptomatique. Il n'y a aucun doute que les opposants (plus exactement : les hostiles) au sein du BP se sont servis très largement de ce type d'argument. Ils avaient d'ailleurs joué en partie le même truc, toutes choses étant égales (je n'ai nullement les capacités de Chesnais, pas non plus son âge, suis membre d'un courant organisé dans la LCR...) au congrès vis-à-vis de ma candidature à la DN.
Ceci dit en tout respect et amitié.