Europe ?

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par mael.monnier » 03 Mai 2004, 19:52

(Gaby @ lundi 3 mai 2004 à 11:19 a écrit : Pour Mael.
Tu sais, ca fait beaucoup rire les travailleurs agés quand tu traites le petit Bayrou de fasciste... Ca fait très 68ard :smile:
Je réitère mes conseils : parle de la politique autoritaire de la droite en matière de police, dénonce le sentimentalisme nationaliste, etc... Mais par pitié, oublie ce terme désuet. On pourrait bien avoir le malheur de devoir le resortir un jour ou l'autre, et là tu ne seras pas si à l'aise dans tes baskets de pouvoir l'utiliser comme ça.
Oui, je sais que cela fait 68ard, c'est un 68ard lui-même qui me l'a dit. Mais où est le problème ? C'est ringard Mai 68 ? Ce refus de la Turquie, c'est à coup sûr de l'arabophobie (à mettre en parallèle avec "le bruit et les odeurs" de Chirac). C'est quelque part la volonté de ne pas se mettre à dos Bush et la bourgeoisie américaine et légitimer le fascisme blanc de la bourgeoisie américaine. Pour moi, c'est des fascistes qui se voilent machiavéliquement sous des prétextes, c'est le fascisme qui règne dans leurs esprits... Il s'agit d'en être conscient et ne pas le masquer, car sinon ce ne sera plus du fascisme rampant, mais du fascisme extrême où l'on n'aura plus de libertés.

(Gaby @ idem a écrit :
a écrit :Elle n'est pas libérale la constitution européenne, elle est anti-libérale puisqu'elle va contre la liberté.

Le libéralisme économique n'est pas un terme que tu pourras t'attribuer comme ça, d'un claquement de doigts et d'une pirouette sémantique.
L'Union Européenne dans ses moindres recoins défend des perspectives libérales dans son fonctionnement économique intérieur, ainsi que nombre de protectionnismes (déloyaux ou pas, on s'en fout, c'est une querelle de puissants).

Est-ce une raison pour laisser dire des bêtises ? Ils ne sont pas plus libéraux que Staline n'était communiste, c'est tout. Si on laisse dire que le libéralisme, c'est le capitalisme impérialiste, après on devra aussi laisser dire que le communisme, c'est les goulags... Alors non !

(Thomas @ lundi 3 mai 2004 à 20:22 a écrit :
je suis totalement dac avec le fait que l'ue se fout des considérations géographiques. la turquie comme la chine , j'ai peur qu'ils entre dans l'ue vu le niveau d'exploitation des peuples la répression salariales , la répression des minorités (tibet , kurdes) , les multinationales délocaliserait encore + pour l'alignement social vers eux .

N'importe quoi :altharion:
Est-ce qui s'est passé avec l'Espagne, le Portugal et la Grèce ? Non, bon alors... Et les délocalisations ne sont-elles pas déjà faites ou en train d'être faites ? Je ne vois pas pourquoi le mouvement s'accélèrerait... C'est peut-être même pour eux qu'il faudrait avoir peur...
mael.monnier
 
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Message par zejarda » 03 Mai 2004, 20:30

a écrit :Ce refus de la Turquie, c'est à coup sûr de l'arabophobie

si c'est cela, c'est vraiment de la bétise, les Turc n'ayant pas grand chose a voir avec le monde arabe. Il partage la même religion, ont du avoir avant Kemal le même alphabet.
zejarda
 
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Message par Gaby » 03 Mai 2004, 22:47

Mael : qualifier le modèle de "démocratie libérale" (oui c'est le terme là aussi) actuel de fascisme, ça ne me convient pas du tout. Mais passons, on ne se mettra pas d'accord et je ne suis pas intéressé par en discuter.

Par contre, quand tu dis que les libéraux se sont accaparés la dénomination de libéralisme, tu te trompes totalement. C'est une école économique qui ne date pas de sitôt, et qui aujourd'hui a son importance pour comprendre les travaux contemporains des économistes partagées entre le néoclacissisme et l'ambition de synthétiser les travaux néoclassiques et keynésiens... Ce sont des modèles économiques aujourd'hui très compliqués, où la recherche mathématique est essentielle. Mais dans le fond, la morale n'a pas changé : il faut des *libertés* économiques. Libre-échange, libre-entreprise, libre-tout ce que tu veux, débarassé des contraintes étatiques et de l'interventionisme qui existent depuis le XVIème siècle au bas mot.
Quel autre mot que "liberté" pour en former la racine sémantique ?
En vérité toi comme moi savons qu'il s'agit de la liberté de ceux disposant du capital et de toutes les formes de capitaux (culturels, symboliques, etc)... Donc oui, le libéralisme, c'est pas la liberté de tous. Mais leur étiquette, elle n'est pas un enjeu particulier, car de tous temps, ils ont été les seuls à la revendiquer...
Gaby
 
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Message par com_71 » 03 Mai 2004, 23:41

Editorial LO du 3.5.2004
(édito des bulletins d'entreprise a écrit : L'EUROPE VRAIMENT UNIE NE POURRA ETRE QU'UNE EUROPE DÉBARRASSÉE DU CAPITALISME

    Pour les cérémonies officielles marquant l'entrée de dix nouveaux États membres au sein de "l'Union européenne", la télévision nous a montré l'installation devant les bâtiments officiels de dix mâts supplémentaires, destinés à autant de drapeaux nationaux : tout un symbole de la manière dont les politiciens de la bourgeoisie veulent "construire" l'Europe... en gardant soigneusement les États nationaux hérités du XIXème siècle, quand ce n'est pas du moyen-âge. En effet, en dépit de tous les discours de circonstance sur l'amitié entre les peuples, la seule chose qui intéresse vraiment les hommes politiques et les groupes capitalistes dont ils défendent les intérêts, c'est la création d'un marché plus vaste pour placer leurs marchandises et leurs capitaux.
    Quand en 1957 naquit le "Marché commun", son nom de baptême avait au moins le mérite de la franchise. Celui de "l'Union européenne" est au contraire tout à fait hypocrite. Car cette prétendue "union" n'a pas supprimé les rivalités entre les différentes bourgeoisies européennes, chacune accrochée à son État national. Elle ne constitue qu'une autre façon de les gérer.
    Il y a déjà bien longtemps que les frontières nationales sont devenues un obstacle au développement économique en Europe. Cela s'est traduit par deux guerres mondiales durant lesquelles les bourgeoisies française, anglaise et allemande, pour ne citer que les plus puissantes, ont fait massacrer des millions d'hommes pour se disputer zones d'influence, colonies et sources de matières premières. Mais le résultat de ces guerres, en plus des morts, des mutilés et des destructions, ce fut de réduire ces grands États européens au rang de puissances de second ordre par rapport au géant américain.
    Les "pères fondateurs" de l'Europe, contrairement à toutes les sornettes entendues ce week-end n'étaient pas de généreux pacifistes. C'étaient des hommes politiques, représentant chacun les intérêts de leur bourgeoisie respective, dans une situation où l'unique possibilité pour les puissances européennes, en fonction du rapport des forces, était d'essayer de régler leurs divergences d'intérêts à l'amiable.
    Cela n'excluait même pas le recours aux armes, car s'il n'y a pas eu de conflits militaires directs durant le dernier demi siècle entre les États européens les plus puissants, bien des divergences d'intérêts entre les bourgeoisies française, anglaise et allemande, ont amené celles-ci à se combattre par peuples interposés, que ce soit en Afrique ou dans l'ex-Yougoslavie. Loin d'unifier l'Europe, les interventions des grandes puissances dans ce dernier pays ont d'ailleurs contribué à le faire éclater en cinq États différents.
    En fait, l'essentiel de l'activité des institutions européennes consiste à définir des règles régissant la concurrence dans les différents domaines de l'activité économique, au terme d'âpres marchandages, où chaque gouvernement s'emploie à défendre les intérêts de sa propre bourgeoisie.
    Les hommes politiques qui nous demandent de voter pour eux le 13 juin, en se présentant comme les partisans d'une Europe travaillant à faire le bonheur des peuples, nous mentent. Mais les démagogues à la de Villiers ou à la Le Pen, qui rendent l'Europe responsable de tous les maux, nous mentent tout autant car ce n'est pas à Bruxelles ou à Strasbourg que se prennent les décisions de fermetures d'entreprises ou de vagues de licenciements, mais dans les conseils d'administration, y compris de sociétés cent pour cent françaises.
    Une Europe unie, débarrassée de toutes les frontières, où tous les bras, tous les cerveaux, travailleraient au bien commun, serait incontestablement une bonne chose. Mais cette Europe ne pourra pas exister tant que le pouvoir économique et politique sera dans chaque pays aux mains d'une minorité de privilégiés ne recherchant que leur seul profit personnel.
    Mais les travailleurs eux, par delà les frontières, ont des intérêts communs. L'important est d'en prendre conscience, et d'apprendre à lutter avec nos frères de classe de toute l'Europe pour défendre ces intérêts. Ce n'est qu'ainsi que pourra naître une Europe vraiment unie et fraternelle
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Thomas » 04 Mai 2004, 00:18

a écrit :QUOTE (Thomas @ lundi 3 mai 2004 à 20:22)

je suis totalement dac avec le fait que l'ue se fout des considérations géographiques. la turquie comme la chine , j'ai peur qu'ils entre dans l'ue vu le niveau d'exploitation des peuples la répression salariales , la répression des minorités (tibet , kurdes) , les multinationales délocaliserait encore + pour l'alignement social vers eux .

N'importe quoi 
Est-ce qui s'est passé avec l'Espagne, le Portugal et la Grèce ? Non, bon alors... Et les délocalisations ne sont-elles pas déjà faites ou en train d'être faites ? Je ne vois pas pourquoi le mouvement s'accélèrerait... C'est peut-être même pour eux qu'il faudrait avoir peur...


merci pour le n'importe quoi
le differentiel france espagne n'as rien avoir avec celui d'eur de l'est ou encore pire avec celui de la turquie ou de la chine. le problème de cette europe c'est qu'elle risque de voir un alignement pas le bas des salaires , si toi tu t'en fous , moi non ! :headonwall:
Thomas
 
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Message par Nadia » 04 Mai 2004, 08:59

Ce qui est sûr, c'est que Europe ou pas Europe, nos chers patrons français font tout pour nous imposer des baisses de salaire, nos droits. En général, pour nous expliquer qu'en France on "abuse" de certaines choses, ils comparent avec d'autres pays européens riches. Par exemple, on consommerait deux fois plus d'antibiotiques que les Allemands. Dramatique, hein ? Ils choisissent bien leur chiffres et l'interprétation.

Par ailleurs ils ne nous disent pas que la productivité est la plus forte en France (article des Echos d'il y a quelques années).

Avoir des craintes pour l'avenir est normal, mais le danger vient plus de notre MEDEF que de Bruxelles ou Ankara.
Nadia
 
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Message par titi » 04 Mai 2004, 09:26

doucement avec les préjugés sur la turquie
pour le niveau de vie par exemple, en exceptant la partie kurde, il est plus élevé que la majorité des 10 pays qui viennent de rentrer dans l'UE !

sur la répression des kurdes, et surtout le role que joue l'armée dans l'état turc, c'est effectivement à dénoncer
n'empeche que l'espagne est rentrée dans la CEE en 1986, et que le franquisme y avait de beaux restes...*
quand aux anciens stals reconvertis qui sont aux commandes dans certains états de l'UE, je n'ai pas lu/vu/entendu grand chose dans les médias ces jours-ci...

en turquie, la classe ouvriere est puissante, la retraite est à 55 ans, les travailleurs se font souvent craindre des patrons, les manifs du 1er mai sont combatives, etc.

il faut penser aussi que l'histoire de la turquie est assez atypique : la turquie n'a pas été colonisée, et la turquie ne colonise non plus personne

bref, tout ça pour vous dire de faire attention quand vous parlez de la turquie, renseignez-vous avant de sortir les platitudes des journalistes
titi
 
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Message par mael.monnier » 04 Mai 2004, 09:33

(Thomas @ mardi 4 mai 2004 à 01:18 a écrit : merci pour le n'importe quoi
le differentiel france espagne n'as rien avoir avec celui d'eur de l'est ou encore pire avec celui de la turquie ou de la chine. le problème de cette europe c'est qu'elle risque de voir un alignement pas le bas des salaires , si toi tu t'en fous , moi non ! :headonwall:
Certes. Mais logiquement, l'entrée de la Turquie ou d'un autre pays pauvre dans l'UE, je le maintiens serait neutre. L'entrée dans l'UE ne fera que supprimer les barrières douanières existantes. D'un côté cette suppression des barrières douanières permettra aux nouveaux pays membres de l'UE d'exporter plus facilement chez nous, MAIS d'un autre côté, cela nous permettra aussi d'exporter plus facilement chez eux. Cela aura des conséquences des deux côtés, tant positives que négatives (processus de destruction créatrice). Le problème ce n'est pas l'entrée ou non dans l'UE et la suppression ou non des barrières douanières. Le problème, c'est le dumping fiscal et social qui est à l'oeuvre. Mais ce n'est pas en disant "j'ai peur" des autres que cela règle quoi que ce soit, surtout que cela rentre dans le jeu du FN qui utilise cette peur. Ce sont les relations commerciales qui sont à refonder sur de nouvelles bases pour qu'elles soient équitables et entraînent un processus inverse au dumping fiscal, social et environnemental, c'est-à-dire un processus d'harmonisation vers le haut avec des mécanismes incitateurs au bien-être social et au respect de l'environnement. Ensuite, les 10 nouveaux pays membres qui nous rejoignent sont déjà intégrés économiquement, et donc il n'y aura pas de délocalisations massives de chez nous vers là-bas (et il y a déjà des délocalisations chez eux parce qu'ils deviennent trop chers).

(L'Humanité @ 30 avril 2004 a écrit :
Le défi d’une réunification européenne solidaire
[...]
La soumission sans réserve aux diktats libéraux imposés comme autant de " droits d’entrée " sous couvert de respect de l’acquis communautaire, a déjà rendu particulièrement laborieux le processus d’adhésion, les dates d’entrée des PECO - qui devaient intégrer l’UE, selon les promesses des Quinze, à la fin du siècle dernier -, étant sans cesse repoussées.

En fait ce sont les grands groupes occidentaux - français, allemands, britanniques ou. états-uniens - qui ont tiré les plus grands bénéfices de cette mise aux normes, présentée comme la voie unique, le seul moyen pour les ex-postulants à l’Union de se développer sur les ruines d’un système étatiste socialiste qui leur faisait accuser un retard terrible. Les Siemens, Whirepool, Peugeot ou autres Carrefour se sont ouverts de nouveaux marchés, écrasant au passage producteurs et concurrents locaux et ils ont bénéficié de conditions royales (bas salaires, fiscalité ultra-réduite) pour leurs investissements. Mais dans ces conditions la nécessaire modernisation ne s’est faite que très partiellement. Une majorité de citoyens de l’Europe de l’Est a été laissée sur le bord du chemin. Car les opportunités saisies ici et là par les firmes capitalistes occidentales ne font pas une politique d’aménagement industriel cohérente.

Résultat : le solde est dramatiquement négatif en matière d’emplois, la misère sociale reste omniprésente, voire s’aggrave. Et les gouvernements de centre-droit ou de centre-gauche qui, en alternance, se sont laissés plier aux disciplines de choc de Bruxelles sont discrédités. Un peu partout on assiste à une montée de l’extrême droite populiste. Comme en Pologne où la formation de l’inquiétant Andrzej Lepper est en passe de devenir le premier parti du pays.


(ibidem a écrit :
La facture du forcing à la délocalisation

Pour attirer les investisseurs, comme Peugeot à Trnava, le pays a mis en place une politique fiscale et sociale très agressive. Pour la population, le prix à payer est lourd.

Trnava (Slovaquie),

envoyé spécial.

Au bout de l’énorme chantier de 190 hectares se dresse déjà le premier bâtiment, destiné à l’emboutissage. Quelques dizaines de mètres plus loin, grues et pelleteuses s’activent autour du futur hangar réservé au montage. C’est ici, à Trnava dans l’ouest de la Slovaquie, que PSA a décidé d’installer sa nouvelle unité de petites voitures, dont la Peugeot 206. La production va débuter en 2006, pour atteindre à terme 300 000 véhicules par an. Coût total de l’investissement : 700 millions d’euros. Le Contrat du siècle, titrait la presse slovaque l’an dernier. Depuis, le constructeur automobile coréen Hyundai a annoncé un projet encore plus important, à Zilina. Volkswagen semble avoir donné des idées à ses concurrents : le groupe allemand s’est implanté à Bratislava dès la chute du mur par le biais de sa filiale tchèque Skoda.

Peu attractive pour les investisseurs étrangers dans les années quatre-vingt-dix, la Slovaquie a depuis redressé son image face à ses voisins polonais, hongrois et tchèques, tous candidats à l’arrivée de PSA. À Trnava, le groupe français peut compter sur un bon réseau routier et ferré, situé à proximité des marchés de l’Ouest, la frontière autrichienne n’est qu’à une soixantaine de kilomètres. À cela il faut ajouter la qualité de la main-d’oeuvre dans cette ville de tradition ouvrière. " L’industrie automobile a employé jusqu’à 5 000 personnes à Trnava, se souvient Pavol Tomasovic, porte-parole de la mairie. En 1994, le dernier constructeur slovaque a fermé, mais le savoir-faire est resté. " Le principal argument du site reste cependant le coût du travail : dans cette région, le salaire moyen ne dépasse pas 320 euros. Un ouvrier allemand coûte cinq ou six fois plus cher.

De son côté, l’État slovaque a mis le paquet. Pour dégager les terrains, il a fallu indemniser 200 propriétaires, souvent à bon prix. Et déplacer près d’un million de mètres cubes de terre fertile pour les redistribuer aux exploitants de la région. Peugeot a aussi réclamé la rénovation des routes et des réseaux d’eau et d’électricité, ainsi que l’aménagement des zones voisines. " Le soutien financier de la Slovaquie représente 15 % du montant total du projet, en conformité avec le plafond d’aides publiques défini par Bruxelles ", assure Milan Jankura d’InvestTrnva, la cellule de coordination entre Peugeot et Bratislava. La facture devrait en fait être plus lourde du fait des subventions versées aux collectivités locales pour l’amélioration du site : sept milliards de couronnes, soit 175 millions d’euros. " Un coût important, mais qui sera amorti dans cinq ou dix ans ", estime-t-on à la mairie.

Ici, tout le monde s’accorde à faire de la venue de nouveaux investisseurs une priorité. La région de Trnava affiche un taux de chômage de 12 %. Même si ce chiffre se situe au-dessous de la moyenne nationale, on comprend les espoirs qu’on fait naître l’arrivée de Peugeot. Le groupe français a promis 3 500 embauches sur place, plus 6 000 chez les fournisseurs. Pour les ouvriers victimes de la casse de l’industrie slovaque dans les années quatre-vingt-dix, cela pourrait être un nouveau départ. Malheureusement, tous ne sont pas logés à la même enseigne. " La plupart d’entre eux sont au chômage depuis cinq ou six ans, parfois plus. Les plus âgés auront beaucoup de mal à s’adapter aux nouvelles normes exigées par les employeurs, à commencer par la flexibilité ", estime Patrik Pokorny, de l’hebdomadaire Trnava Dnes. Peugeot semble d’ailleurs miser sur les nouvelles générations : le constructeur a fait adapter à ses besoins certaines formations des lycées de la ville. " Les garçons étudient le français avec beaucoup de sérieux. Tous espèrent travailler pour Peugeot ", remarque Darina Loviskova, professeur de français dans un établissement technique.

À côté des optimistes, une large part de la population de Trnava reste assez indifférente à l’arrivée de PSA, à l’image d’une société où ceux qui se sentent exclus sont de plus en plus nombreux. Question de génération, mais pas seulement. Employée de l’administration publique, Jana, jeune trentenaire, prend chaque jour le train pour parcourir les 50 kilomètres qui séparent Bratislava, où elle travaille et Trnava, où elle vit. " Un choix économique, explique-t-elle. Mon mari et moi n’avons pas les moyens de nous loger sur la capitale avec trois enfants. " Elle craint aujourd’hui que cela n’entraîne indirectement une hausse du coût de la vie. " On doit déjà faire face aux hausses des transports et de l’énergie, et puis il y a le prêt pour la maison. " L’immobilier a grimpé de 50 % en trois ans, au détriment des bas revenus.

" Avant, le logement était gratuit ", regrette Stefan, la cinquantaine, mis en retraite pour des raisons de santé. Avec sa pension de 6 000 couronnes par mois (150 euros), il subit de plein fouet la disparition des services publics gratuits. " Le gouvernement vient d’imposer des visites médicales aux personnes qui touchent des allocations pour des raisons de santé. J’ai dû payer pour cela 1 600 couronnes, soit le quart de ma pension. "

À InvestTrnava, on reconnaît que " les réformes dans le domaine social et la politique fiscale ont favorisé l’attractivité du pays ". Le gouvernement du libéral Mikulas Dzurinda a abaissé l’impôt sur la société à 19 % et réduit drastiquement la portée de l’assurance chômage, comprimant un peu plus le coût du travail. Des bonus pour les investisseurs qui, s’ajoutant aux subventions directes, ne sont pas sans effets pervers. " Les contreparties sont inexistantes, estime Karol Ondrias, député du Parti communiste slovaque. On aurait pu exiger, en échange des financements slovaques, des transferts de technologie afin de développer l’emploi de qualité sur le long terme. Car qui nous dit que Peugeot ou Hyundai ne partiront pas vers l’Asie si le niveau de vie augmente en Slovaquie ? " Volkswagen est déjà passé maître dans cette mise en concurrence internationale : le constructeur allemand a récemment menacé de délocaliser sa production d’Espagne vers l’Europe de l’Est si les syndicats ne cédaient pas à ses exigences. Le même schéma pourrait peut-être s’appliquer, demain, entre l’Europe de l’Est et l’Asie.

P. F.


(La Tribune édition électronique @ 4 mai 2004, 8:15 a écrit :
Pour les trois plus grands des dix pays qui rejoignent le 1er mai l'UE, le scénario idyllique d'un rattrapage économique "à l'espagnole" ou "à la portugaise" pourrait ne pas se vérifier. Et à l'inverse, une évolution trop rapide vers la zone euro comporterait de grands dangers.

[...]

L'Espagne, notamment, avait dans les années 1980 bénéficié d'un redéploiement de son commerce vers l'Union, grâce à la fin des barrières douanières. Mais on ne doit pas s'attendre à un tel phénomène ici. Pour deux raisons. D'abord, les barrières douanières ont d'ores et déjà été supprimées voici plusieurs années, sauf pour l'agriculture. Ensuite, l'intégration commerciale des nouveaux membres est déjà faite. La Pologne réalise 68,7% de ses exportations avec l'Union, la République tchèque 68,4% et la Hongrie 72,7%. Il n'y aura pas de rattrapage sur ce plan non plus.[B] A l'inverse, cette intégration a pesé ces dernières années sur la croissance de ces pays. Le ralentissement économique de la zone euro, et principalement de l'Allemagne, a en effet eu un impact fort sur les croissances des grandes économies. La Hongrie a ainsi dû se contenter en 2003 d'une croissance de 2,9%, soit un point de moins qu'en 2001.

[...] Depuis deux ans, [B]les investissements directs étrangers (IDE) reculent en Hongrie, Pologne et République tchèque
. En Pologne, les flux d'IDE représentaient 4% du PIB en 2000. En 2003, ils n'en représentaient que moins de 2%. En Hongrie, la situation est plus grave, puisque les flux d'IDE se sont quasiment arrêtés en 2003. Il est vrai que le cycle de privatisation est presque achevé. Seule la Pologne a encore des actifs à vendre, mais ce sont des sociétés peu rentables et, désormais, politiquement, la situation n'est plus favorable aux privatisations.

Les trois grands pays de la région sont donc menacés de manquer de carburant. Malgré une fiscalité qui reste très attractive, ils n'attirent plus les entreprises étrangères. Pourquoi ? L'exemple du choix de l'usine Hyundai en février dernier répond simplement à cette question. La Slovaquie l'a emporté en raison de ses faibles coûts de main d'oeuvre. En dix ans, Pologne, République tchèque et Hongrie sont devenues trop chères et de moins en moins compétitives face à la Slovaquie, à la Roumanie ou à la Croatie. Et les voilà à leur tour confrontées à la délocalisation industrielle, comme récemment en Hongrie où certaines sociétés ont déjà quitté le pays pour cause de coûts trop élevés. Pourtant, ces économies ont besoin de croissance et de carburant pour cette croissance, car leur rattrapage est loin d'être réalisé.

[...] Dès leur adhésion, ces pays vont s'engager dans une nouvelle course, celle de l'entrée dans la zone euro. Ces pays n'ont en effet pas négocié d' "opting out" au Traité de Maastricht, comme le Royaume-Uni ou le Danemark. Ils sont donc tenus d'engager un processus d'entrée dans le système monétaire européen dit "bis" (qui prévoit le flottement de la monnaie dans une fourchette de plus ou moins 15% par rapport à l'euro pendant dix ans).

Cette situation signifie évidemment une politique d'austérité budgétaire qui nuira à la demande intérieure, du moins dans un premier temps. Cette politique devrait également avoir un impact sur la politique fiscale de ces pays. Avec cette fois, un risque supplémentaire sur leur compétitivité. Mais bon nombre d'économistes se veulent rassurants. "A terme, l'assainissement de ces économies est une bonne chose", assure Irina Topa. Le reflux de l'inflation devrait en effet finir par créer une situation favorable au développement d'une demande intérieure. Reste que, comme le remarque Amina Lahrèche-Révil, économiste au CEPII, les gouvernements de ces pays devront "arbitrer entre stabilité et croissance".

[...]

Romaric Godin
(Source : http://www.latribune.fr/Tribune/Articles.n...77?OpenDocument)
mael.monnier
 
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Message par Nadia » 04 Mai 2004, 10:40

Une chose que montre le 2ème article posté par Maël, est que ici ou là-bas, les ^fonds publics servent à subventionner les multinationnales :
a écrit :C’est ici, à Trnava dans l’ouest de la Slovaquie, que PSA a décidé d’installer sa nouvelle unité de petites voitures, dont la Peugeot 206. La production va débuter en 2006, pour atteindre à terme 300 000 véhicules par an. Coût total de l’investissement : 700 millions d’euros.
[...]
De son côté, l’État slovaque a mis le paquet. Pour dégager les terrains, il a fallu indemniser 200 propriétaires, souvent à bon prix. Et déplacer près d’un million de mètres cubes de terre fertile pour les redistribuer aux exploitants de la région. Peugeot a aussi réclamé la rénovation des routes et des réseaux d’eau et d’électricité, ainsi que l’aménagement des zones voisines. " Le soutien financier de la Slovaquie représente 15 % du montant total du projet, en conformité avec le plafond d’aides publiques défini par Bruxelles ", assure Milan Jankura d’InvestTrnva, la cellule de coordination entre Peugeot et Bratislava. La facture devrait en fait être plus lourde du fait des subventions versées aux collectivités locales pour l’amélioration du site : sept milliards de couronnes, soit 175 millions d’euros. " Un coût important, mais qui sera amorti dans cinq ou dix ans ", estime-t-on à la mairie.
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