(Thomas @ mardi 4 mai 2004 à 01:18 a écrit : merci pour le n'importe quoi
le differentiel france espagne n'as rien avoir avec celui d'eur de l'est ou encore pire avec celui de la turquie ou de la chine. le problème de cette europe c'est qu'elle risque de voir un alignement pas le bas des salaires , si toi tu t'en fous , moi non ! :headonwall:
Certes. Mais logiquement, l'entrée de la Turquie ou d'un autre pays pauvre dans l'UE, je le maintiens serait neutre. L'entrée dans l'UE ne fera que supprimer les barrières douanières existantes. D'un côté cette suppression des barrières douanières permettra aux nouveaux pays membres de l'UE d'exporter plus facilement chez nous, MAIS d'un autre côté, cela nous permettra aussi d'exporter plus facilement chez eux. Cela aura des conséquences des deux côtés, tant positives que négatives (processus de destruction créatrice). Le problème ce n'est pas l'entrée ou non dans l'UE et la suppression ou non des barrières douanières. Le problème, c'est le dumping fiscal et social qui est à l'oeuvre. Mais ce n'est pas en disant "j'ai peur" des autres que cela règle quoi que ce soit, surtout que cela rentre dans le jeu du FN qui utilise cette peur. Ce sont les relations commerciales qui sont à refonder sur de nouvelles bases pour qu'elles soient équitables et entraînent un processus inverse au dumping fiscal, social et environnemental, c'est-à-dire un processus d'harmonisation vers le haut avec des mécanismes incitateurs au bien-être social et au respect de l'environnement. Ensuite, les 10 nouveaux pays membres qui nous rejoignent sont déjà intégrés économiquement, et donc il n'y aura pas de délocalisations massives de chez nous vers là-bas (et il y a déjà des délocalisations chez eux parce qu'ils deviennent trop chers).
(L'Humanité @ 30 avril 2004 a écrit :
Le défi d’une réunification européenne solidaire
[...]
La soumission sans réserve aux diktats libéraux imposés comme autant de " droits d’entrée " sous couvert de respect de l’acquis communautaire, a déjà rendu particulièrement laborieux le processus d’adhésion, les dates d’entrée des PECO - qui devaient intégrer l’UE, selon les promesses des Quinze, à la fin du siècle dernier -, étant sans cesse repoussées.
En fait ce sont les grands groupes occidentaux - français, allemands, britanniques ou. états-uniens - qui ont tiré les plus grands bénéfices de cette mise aux normes, présentée comme la voie unique, le seul moyen pour les ex-postulants à l’Union de se développer sur les ruines d’un système étatiste socialiste qui leur faisait accuser un retard terrible. Les Siemens, Whirepool, Peugeot ou autres Carrefour se sont ouverts de nouveaux marchés, écrasant au passage producteurs et concurrents locaux et ils ont bénéficié de conditions royales (bas salaires, fiscalité ultra-réduite) pour leurs investissements. Mais dans ces conditions la nécessaire modernisation ne s’est faite que très partiellement. Une majorité de citoyens de l’Europe de l’Est a été laissée sur le bord du chemin. Car les opportunités saisies ici et là par les firmes capitalistes occidentales ne font pas une politique d’aménagement industriel cohérente.
Résultat : le solde est dramatiquement négatif en matière d’emplois, la misère sociale reste omniprésente, voire s’aggrave. Et les gouvernements de centre-droit ou de centre-gauche qui, en alternance, se sont laissés plier aux disciplines de choc de Bruxelles sont discrédités. Un peu partout on assiste à une montée de l’extrême droite populiste. Comme en Pologne où la formation de l’inquiétant Andrzej Lepper est en passe de devenir le premier parti du pays.
(ibidem a écrit :
La facture du forcing à la délocalisation
Pour attirer les investisseurs, comme Peugeot à Trnava, le pays a mis en place une politique fiscale et sociale très agressive. Pour la population, le prix à payer est lourd.
Trnava (Slovaquie),
envoyé spécial.
Au bout de l’énorme chantier de 190 hectares se dresse déjà le premier bâtiment, destiné à l’emboutissage. Quelques dizaines de mètres plus loin, grues et pelleteuses s’activent autour du futur hangar réservé au montage. C’est ici, à Trnava dans l’ouest de la Slovaquie, que PSA a décidé d’installer sa nouvelle unité de petites voitures, dont la Peugeot 206. La production va débuter en 2006, pour atteindre à terme 300 000 véhicules par an. Coût total de l’investissement : 700 millions d’euros. Le Contrat du siècle, titrait la presse slovaque l’an dernier. Depuis, le constructeur automobile coréen Hyundai a annoncé un projet encore plus important, à Zilina. Volkswagen semble avoir donné des idées à ses concurrents : le groupe allemand s’est implanté à Bratislava dès la chute du mur par le biais de sa filiale tchèque Skoda.
Peu attractive pour les investisseurs étrangers dans les années quatre-vingt-dix, la Slovaquie a depuis redressé son image face à ses voisins polonais, hongrois et tchèques, tous candidats à l’arrivée de PSA. À Trnava, le groupe français peut compter sur un bon réseau routier et ferré, situé à proximité des marchés de l’Ouest, la frontière autrichienne n’est qu’à une soixantaine de kilomètres. À cela il faut ajouter la qualité de la main-d’oeuvre dans cette ville de tradition ouvrière. " L’industrie automobile a employé jusqu’à 5 000 personnes à Trnava, se souvient Pavol Tomasovic, porte-parole de la mairie. En 1994, le dernier constructeur slovaque a fermé, mais le savoir-faire est resté. " Le principal argument du site reste cependant le coût du travail : dans cette région, le salaire moyen ne dépasse pas 320 euros. Un ouvrier allemand coûte cinq ou six fois plus cher.
De son côté, l’État slovaque a mis le paquet. Pour dégager les terrains, il a fallu indemniser 200 propriétaires, souvent à bon prix. Et déplacer près d’un million de mètres cubes de terre fertile pour les redistribuer aux exploitants de la région. Peugeot a aussi réclamé la rénovation des routes et des réseaux d’eau et d’électricité, ainsi que l’aménagement des zones voisines. " Le soutien financier de la Slovaquie représente 15 % du montant total du projet, en conformité avec le plafond d’aides publiques défini par Bruxelles ", assure Milan Jankura d’InvestTrnva, la cellule de coordination entre Peugeot et Bratislava. La facture devrait en fait être plus lourde du fait des subventions versées aux collectivités locales pour l’amélioration du site : sept milliards de couronnes, soit 175 millions d’euros. " Un coût important, mais qui sera amorti dans cinq ou dix ans ", estime-t-on à la mairie.
Ici, tout le monde s’accorde à faire de la venue de nouveaux investisseurs une priorité. La région de Trnava affiche un taux de chômage de 12 %. Même si ce chiffre se situe au-dessous de la moyenne nationale, on comprend les espoirs qu’on fait naître l’arrivée de Peugeot. Le groupe français a promis 3 500 embauches sur place, plus 6 000 chez les fournisseurs. Pour les ouvriers victimes de la casse de l’industrie slovaque dans les années quatre-vingt-dix, cela pourrait être un nouveau départ. Malheureusement, tous ne sont pas logés à la même enseigne. " La plupart d’entre eux sont au chômage depuis cinq ou six ans, parfois plus. Les plus âgés auront beaucoup de mal à s’adapter aux nouvelles normes exigées par les employeurs, à commencer par la flexibilité ", estime Patrik Pokorny, de l’hebdomadaire Trnava Dnes. Peugeot semble d’ailleurs miser sur les nouvelles générations : le constructeur a fait adapter à ses besoins certaines formations des lycées de la ville. " Les garçons étudient le français avec beaucoup de sérieux. Tous espèrent travailler pour Peugeot ", remarque Darina Loviskova, professeur de français dans un établissement technique.
À côté des optimistes, une large part de la population de Trnava reste assez indifférente à l’arrivée de PSA, à l’image d’une société où ceux qui se sentent exclus sont de plus en plus nombreux. Question de génération, mais pas seulement. Employée de l’administration publique, Jana, jeune trentenaire, prend chaque jour le train pour parcourir les 50 kilomètres qui séparent Bratislava, où elle travaille et Trnava, où elle vit. " Un choix économique, explique-t-elle. Mon mari et moi n’avons pas les moyens de nous loger sur la capitale avec trois enfants. " Elle craint aujourd’hui que cela n’entraîne indirectement une hausse du coût de la vie. " On doit déjà faire face aux hausses des transports et de l’énergie, et puis il y a le prêt pour la maison. " L’immobilier a grimpé de 50 % en trois ans, au détriment des bas revenus.
" Avant, le logement était gratuit ", regrette Stefan, la cinquantaine, mis en retraite pour des raisons de santé. Avec sa pension de 6 000 couronnes par mois (150 euros), il subit de plein fouet la disparition des services publics gratuits. " Le gouvernement vient d’imposer des visites médicales aux personnes qui touchent des allocations pour des raisons de santé. J’ai dû payer pour cela 1 600 couronnes, soit le quart de ma pension. "
À InvestTrnava, on reconnaît que " les réformes dans le domaine social et la politique fiscale ont favorisé l’attractivité du pays ". Le gouvernement du libéral Mikulas Dzurinda a abaissé l’impôt sur la société à 19 % et réduit drastiquement la portée de l’assurance chômage, comprimant un peu plus le coût du travail. Des bonus pour les investisseurs qui, s’ajoutant aux subventions directes, ne sont pas sans effets pervers. " Les contreparties sont inexistantes, estime Karol Ondrias, député du Parti communiste slovaque. On aurait pu exiger, en échange des financements slovaques, des transferts de technologie afin de développer l’emploi de qualité sur le long terme. Car qui nous dit que Peugeot ou Hyundai ne partiront pas vers l’Asie si le niveau de vie augmente en Slovaquie ? " Volkswagen est déjà passé maître dans cette mise en concurrence internationale : le constructeur allemand a récemment menacé de délocaliser sa production d’Espagne vers l’Europe de l’Est si les syndicats ne cédaient pas à ses exigences. Le même schéma pourrait peut-être s’appliquer, demain, entre l’Europe de l’Est et l’Asie.
P. F.
(La Tribune édition électronique @ 4 mai 2004, 8:15 a écrit :
Pour les trois plus grands des dix pays qui rejoignent le 1er mai l'UE, le scénario idyllique d'un rattrapage économique "à l'espagnole" ou "à la portugaise" pourrait ne pas se vérifier. Et à l'inverse, une évolution trop rapide vers la zone euro comporterait de grands dangers.
[...]
L'Espagne, notamment, avait dans les années 1980 bénéficié d'un redéploiement de son commerce vers l'Union, grâce à la fin des barrières douanières. Mais on ne doit pas s'attendre à un tel phénomène ici. Pour deux raisons. D'abord, les barrières douanières ont d'ores et déjà été supprimées voici plusieurs années, sauf pour l'agriculture. Ensuite, l'intégration commerciale des nouveaux membres est déjà faite. La Pologne réalise 68,7% de ses exportations avec l'Union, la République tchèque 68,4% et la Hongrie 72,7%. Il n'y aura pas de rattrapage sur ce plan non plus.[B] A l'inverse, cette intégration a pesé ces dernières années sur la croissance de ces pays. Le ralentissement économique de la zone euro, et principalement de l'Allemagne, a en effet eu un impact fort sur les croissances des grandes économies. La Hongrie a ainsi dû se contenter en 2003 d'une croissance de 2,9%, soit un point de moins qu'en 2001.
[...] Depuis deux ans, [B]les investissements directs étrangers (IDE) reculent en Hongrie, Pologne et République tchèque. En Pologne, les flux d'IDE représentaient 4% du PIB en 2000. En 2003, ils n'en représentaient que moins de 2%. En Hongrie, la situation est plus grave, puisque les flux d'IDE se sont quasiment arrêtés en 2003. Il est vrai que le cycle de privatisation est presque achevé. Seule la Pologne a encore des actifs à vendre, mais ce sont des sociétés peu rentables et, désormais, politiquement, la situation n'est plus favorable aux privatisations.
Les trois grands pays de la région sont donc menacés de manquer de carburant. Malgré une fiscalité qui reste très attractive, ils n'attirent plus les entreprises étrangères. Pourquoi ? L'exemple du choix de l'usine Hyundai en février dernier répond simplement à cette question. La Slovaquie l'a emporté en raison de ses faibles coûts de main d'oeuvre. En dix ans, Pologne, République tchèque et Hongrie sont devenues trop chères et de moins en moins compétitives face à la Slovaquie, à la Roumanie ou à la Croatie. Et les voilà à leur tour confrontées à la délocalisation industrielle, comme récemment en Hongrie où certaines sociétés ont déjà quitté le pays pour cause de coûts trop élevés. Pourtant, ces économies ont besoin de croissance et de carburant pour cette croissance, car leur rattrapage est loin d'être réalisé.
[...] Dès leur adhésion, ces pays vont s'engager dans une nouvelle course, celle de l'entrée dans la zone euro. Ces pays n'ont en effet pas négocié d' "opting out" au Traité de Maastricht, comme le Royaume-Uni ou le Danemark. Ils sont donc tenus d'engager un processus d'entrée dans le système monétaire européen dit "bis" (qui prévoit le flottement de la monnaie dans une fourchette de plus ou moins 15% par rapport à l'euro pendant dix ans).
Cette situation signifie évidemment une politique d'austérité budgétaire qui nuira à la demande intérieure, du moins dans un premier temps. Cette politique devrait également avoir un impact sur la politique fiscale de ces pays. Avec cette fois, un risque supplémentaire sur leur compétitivité. Mais bon nombre d'économistes se veulent rassurants. "A terme, l'assainissement de ces économies est une bonne chose", assure Irina Topa. Le reflux de l'inflation devrait en effet finir par créer une situation favorable au développement d'une demande intérieure. Reste que, comme le remarque Amina Lahrèche-Révil, économiste au CEPII, les gouvernements de ces pays devront "arbitrer entre stabilité et croissance".
[...]
Romaric Godin