entreprises et patrons

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par pelon » 18 Mars 2004, 09:48

a écrit :
Faut-il verser des aides aux entreprises ? Par François Congost, économiste

Réduire le coût du capital au lieu de réduire le coût du travail, une intervention révolutionnaire dans les gestions d'entreprise.

Faut-il verser des aides publiques aux entreprises ou couper le robinet ? Si oui, de quelles aides peut-il s'agir et à quoi doivent-elles servir ? Dans les débats des élections régionales, c'est souvent l'un des sujets d'achoppement entre les candidats communistes et ceux des listes de droite et aussi, il est vrai, avec des partenaires de gauche ou des représentants de l'extrême gauche.

Mais d'abord, plantons le décor de la confrontation d'idées. Les communistes proposent la constitution dans chaque région de France de fonds régionaux pour la promotion de l'emploi et de la formation, ouverts à l'intervention des salariés, des populations et de leurs représentants. Ces fonds seraient dans un premier temps dotés d'une partie des sommes affectées dans le budget des conseils régionaux au développement et à l'action économiques.

Pour quoi faire ? Il s'agirait, avec ces fonds de prendre en charge de façon sélective, tout ou partie des intérêts versés par les entreprises aux banques et institutions financières lorsqu'elles leur empruntent de l'argent pour financer des investissements : plus ceux-ci programmeraient de créations d'emplois et de mises en formation et plus ces intérêts seraient diminués. C'est ce qu'en termes techniques l'on appelle la bonification.

À terme, ces fonds régionaux pourraient être les piliers d'une nouvelle institution, un fonds national décentralisé pour l'emploi et la formation qui serait doté, en plus des ressources régionales, d'autres fonds publics constitués par les 20 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales patronales attribués par l'État aux entreprises au nom de la lutte pour l'emploi.

Quelle différence y a-t-il avec les aides actuellement accordées par les régions et l'État aux entreprises ? Les aides d'État visent, elles, à réduire le coût du travail. Pour prétendument favoriser l'embauche des non-qualifiés, une partie des cotisations sociales patronales est prise en charge. Ces aides ont des effets pervers. Elles contribuent à déstabiliser le système de protection sociale. Elles incitent notamment les entreprises à pratiquer des politiques de bas salaires et d'emplois précaires afin de bénéficier des exonérations. Cela tire toute la grille des rémunérations vers le bas. Cette conception de l'action publique a un objectif central : accroître la rentabilité des capitaux, dégager des ressources supplémentaires afin d'alimenter le marché des capitaux, la Bourse.

Les aides régionales, elles, ont pour la plupart des ambitions plus limitées, mais elles ont un grave défaut : elles sont indiscriminées. Elles n'ont que trop rarement pour but de sélectionner les projets véritablement créateurs d'emplois ou ceux permettant d'engager des formations véritablement qualifiantes.

N'en déplaise à Arlette Laguiller, la proposition communiste vise à donner un objectif radicalement différent aux aides publiques. Il s'agit justement d'en finir avec les cadeaux aux patrons afin de donner leur chance à l'emploi et à la formation. Au lieu de réduire le coût du travail, le propos est de contribuer à réduire le coût du capital.

Avoir pour programme la fin de toutes les aides aux entreprises c'est considérer que la meilleure façon de garder les mains blanches, c'est de se les couper ! Car enfin, face à la politique de la droite et - hélas ! - face aussi à celle mise en éuvre par la gauche pendant des années, faudrait-il que le mouvement populaire renonce à toute velléité d'intervention dans les gestions patronales pour leur donner un autre cap ?

Par l'action, la proposition rassembleuse et, y compris, au travers des institutions existantes ou à créer, on peut orienter vers l'emploi et la formation plutôt que vers la Bourse. Drôle de révolutionnaire que celui qui déclare haut et fort vouloir renoncer à intervenir dans les gestions d'entreprise pour les changer. Ou celui qui considère qu'il faut laisser faire les banquiers et les marchés financiers qui, aujourd'hui, sont les vrais maîtres de l'argent.

La démarche de la dirigeante de Lutte ouvrière est en fait très paradoxale. En assimilant toute aide aux entreprises à une aide aux patrons, indépendamment d'un examen de la finalité de l'aide, c'est, qu'on le veuille ou non, considérer que l'entreprise, c'est le patron. L'idée plaît beaucoup à M. Seillière qui a changé l'ancienne appellation du Conseil national du patronat français, le CNPF, pour en faire le Mouvement des entreprises de France, le MEDEF. Désolé, mais je crois que nous sommes quelques millions à penser en France que l'entreprise, ce n'est pas que le capital, c'est d'abord et surtout le travail !
pelon
 
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Message par charlie » 18 Mars 2004, 11:00

a écrit :Ces aides ont des effets pervers. Elles contribuent à déstabiliser le système de protection sociale. Elles incitent notamment les entreprises à pratiquer des politiques de bas salaires et d'emplois précaires afin de bénéficier des exonérations.


c'est vrai je pense que les aides visant a reduire le cout de l'emploi est la meilleur façon de nuire a l'emploi. Alors pourquoi pas des aides visant a reduire le cout du capital. Car, a mon humble avis, si l'on aide pas les entreprises à s'installer en france, elles finiront par se delocaliser a l'etranger. Bien sur pas toutes les entreprises, certaines sont plus rentables au niveau local, mais la plupart. Une autre solution serait de pratiquer une politique isolationniste, cad fermer au maximum ses frontieres a l'importation. Mais cela implique des repercutions politiques et des modifications de modes de vie qui me depassent...
charlie
 
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Message par alex » 18 Mars 2004, 14:22

(charlie @ a écrit :Une autre solution serait de pratiquer une politique isolationniste


Non, une autre solution serait de supprimer la politique néfaste du patronat (et des subventions qu'il touche partout, quelque soit le pays, car c'est propre au système capitaliste de financer par de multiples biais sa bourgeoisie) existant également au-delà de "nos" frontières;
Ce sera sans doute le sens des interventions de LO-LCR pour les prochaines européennes...
alex
 
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Message par Barikad » 18 Mars 2004, 15:31

Encore un article de l'huma sur les aides necessaires aux entreprises
a écrit :Emploi. Travail et territoires : des outils pour intervenir

Par Alain Morin, économiste et membre du PCF.

Le chômage massif, la précarité galopante, les localisations déséquilibrées des emplois touchant de plein

Par Alain Morin, économiste et membre du PCF.

Le chômage massif, la précarité galopante, les localisations déséquilibrées des emplois touchant de plein fouet les populations sur les territoires ont, dans les deux dernières décennies, renforcé le besoin d'intervention croissante des collectivités territoriales (communes, syndicats intercommunaux, départements et régions) sur les questions d'emploi, de formation, d'insertion et de développement maîtrisé du territoire.

Mais, aujourd'hui, ces interventions sont fortement conditionnées par les décisions que prennent tous les jours les entreprises et les banques sous la pression des marchés financiers et par les politiques de soutien de l'État à ces choix.

Ainsi, le développement des compétences des collectivités a été canalisé dans deux directions :

- l'accompagnement social des destructions massives d'emplois avec les graves insuffisances des dispositifs de réaction sur les licenciements, les fermetures de sites, les délocalisations, tels les contrats de site, l'action de comités départementaux de développement de l'emploi et de la formation (CODEF) et les plans locaux d'insertion et d'emploi (PLIE) pour les chômeurs jeunes et de longue durée ;

- la mise en concurrence des territoires (communes, départements, régions), avec un chantage à l'emploi exercé sur les collectivités et leur population pour leur faire supporter un maximum de dépenses pour soutenir la rentabilité financière des entreprises : financement de locaux, exonérations fiscales et sociales, etc. L'UMP voudrait aller plus loin par la prise en charge d'une partie des salaires avec les contrats " d'initiative emploi " régionaux.

Mais cette domination des grands groupes et des marchés financiers sur les décisions des collectivités territoriales pour les contraindre à accompagner les politiques du capital n'est pas fatale. Elle ne doit pas amener, comme le proposent les dirigeants de LO et de la LCR, au renoncement des collectivités territoriales à intervenir concrètement pour responsabiliser socialement et territorialement les entreprises et chercher à infléchir leur gestion pour le développement de l'emploi et de la formation. Mais il s'agit aussi de combattre la fuite en avant de la droite pour baisser encore et toujours plus le coût du travail, soutenir les marchés financiers et le taux de profit des groupes, comme les impasses des corrections sociales du marché du PS, sans remise en cause des gestions actuelles des entreprises, de la domination des marchés financiers ou de la soumission des banques aux critères de rentabilité financière.

Rompre avec ces dominations exige de changer, avec les intéressés, les institutions, les procédures, les rapports de force dans les territoires pour des résultats concrets, et ainsi donner sa pleine efficacité aux atouts d'une approche territoriale tels que la proximité et la mobilisation de nombreux acteurs, pour favoriser un tout autre traitement de ces enjeux. Cela permettrait de réduire le fossé entre les efforts déployés par les élus territoriaux et la faiblesse quantitative des populations en difficulté touchées ainsi que celle des résultats relativement aux immenses besoins.

Il s'agirait de pousser à des transformations profondes des pratiques avec des financements publics locaux tout autres et nationaux beaucoup plus importants pour changer les pratiques des entreprises, et avec des objectifs concrets annuels d'emplois qualifiés, de formation, de transformation du travail précaire visant une sécurisation de l'emploi et de la formation. Ces objectifs seraient élaborés par bassin d'emploi, débattus publiquement avec les entreprises, les services publics et de formation.

C'est l'objet de la proposition de constitution d'un fonds régional d'intervention pour la sécurisation et la promotion de l'emploi et de la formation qui viserait une tout autre utilisation des fonds publics avec des programmes concrets concertés de novation des productions et de sortie du chômage et de la précarité. Ce fonds prendrait en charge tout ou partie des intérêts, des crédits à moyen et long terme, et les garanties de ces crédits, pour des investissements matériels ainsi que de recherche et développement. Il inciterait à des coopérations entre entreprises, organismes de formation, organismes de recherche, services publics. Les taux d'intérêt des crédits seraient d'autant plus abaissés que seraient programmés des emplois et des formations pour de meilleurs emplois.

Bien sûr des changements nationaux et européens seraient décisifs, mais, tout de suite, la région et les collectivités territoriales pourraient disposer de moyens pour inciter les banques à financer en priorité les entreprises dont les investissements développent l'emploi, la formation et la recherche dans le respect de l'environnement. Elles peuvent y consacrer des fonds actuellement versés par milliards aux entreprises, au nom de l'emploi, et qui ne visent en fait qu'à soutenir les profits et à exercer une pression à la baisse sur l'ensemble des salaires.

De même, les élus peuvent s'appuyer sur des avancées de la loi de modernisation sociale qui n'ont pas été suspendues par le gouvernement, tel que l'article 118, pour obliger les entreprises de plus de 100 salariés à financer des projets de réindustrialisation des territoires touchés par les licenciements tout en exigeant d'élargir les points d'appui juridiques des collectivités territoriales et des salariés pour contester les choix des groupes sur leur territoire et pour les responsabiliser.

Article paru dans l'édition du 18 mars 2004.
Barikad
 
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Message par Quartz » 18 Mars 2004, 15:35

La direction du P.C a toujours la même politique. Elle ne veut pas obliger les patrons à ne pas licencier, à créer des emplois ... Elle fait appel au bon vouloir des patrons, et en retour elle leur donne des fonds publics.

a écrit :Car enfin, face à la politique de la droite et - hélas ! - face aussi à celle mise en éuvre par la gauche pendant des années, faudrait-il que le mouvement populaire renonce à toute velléité d'intervention dans les gestions patronales pour leur donner un autre cap ?


Cette velleité d' intervention dont parle l' Huma. , c' est donner des conseils, faire des propositions aux patrons, afin de gérer la société. C' est cela que le P.C propose aux travailleurs : Nouvelles idées, mais vieilles recettes.
Quartz
 
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Message par alex » 18 Mars 2004, 15:41

"...Rompre avec ces dominations exige de changer, avec les intéressés, les institutions, les procédures, "

Il faut exiger des intéréssés, c'est à dire les patrons, qu'ils daignent accepter d'être de gentils capitalistes :headonwall:
alex
 
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