Marx et Engels furent des révolutionnaires jusque dans la moelle des os. En outre, il n'y eut en eux pas ombre de sectarisme ou d'ascétisme. Tous deux, et particulièrement Engels auraient pu, à n'importe quel moment, déclarer que rien d'humain ne leur était étranger. Mais les larges vues révolutionnaires dont ils étaient innervés leur permirent toujours de s'élever au-dessus des vicissitudes du sort, au-dessus des oeuvres de l'homme. Rien de mesquin n'était compatible non seulement avec eux, mais avec leur seule présence. Aucune bassesse ne pouvait s'attacher même à leurs semelles. Leurs appréciations, leurs sympathies, leurs plaisanteries, même les plus ordinaires, sont toujours enveloppées de l'air pur des hauteurs, de noblesse spirituelle. Ils peuvent porter sur un homme un jugement meurtrier, mais ils ne colporteront pas des cancans. Ils peuvent être impitoyables, mais ils ne seront pas félons. Pour tout ce qui est d'un éclat extérieur, des titres, des grades, des qualifications honorifiques, ils n'ont qu'un tranquille mépris. Ce que des philistins et des êtres vulgaires prenaient en eux pour de l'esprit aristocratique faisait justement et seulement leur supériorité de révolutionnaires. Supériorité dont la caractéristique essentielle était une absolue indépendance organique à l'égard de l'opinion publique officielle, toujours et en toutes circonstances. A lire leurs lettres, plus encore qu'à lire leurs ouvrages, je sentais que ce qui me liait intimement au monde de Marx et d'Engels était précisément ce qui m'opposait, sans possibilité de conciliation, aux austro-marxistes.
https://www.marxists.org/francais/trots ... e/mv18.htm