Considérations sur l'abolition du salariat

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 23 Juil 2012, 10:58

(azadi @ lundi 23 juillet 2012 à 11:12 a écrit : Jouer les donneurs de leçons c'est bien mais interroge toi sur ton "communisme" que tu gardes pour l'intimité...
Et quelques lignes avant ces fières paroles on peut lire la sortie - que pour le coup on aurait souhaitée être gardée dans une étroite intimité - sur "ces tapineuses gauchistes qui distillent leurs vérités radicales dans le vent"...
:altharion: :altharion:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par azadi » 23 Juil 2012, 11:07

[modération] Il ne saurait être question d'accepter ici des insultes à l'égard d'autres groupes d'extrême-gauche. Il s'agissait en l'occurrence du courant "cliffiste".
azadi
 
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Message par artza » 23 Juil 2012, 11:44

Sans doute s'agissait-il:

a écrit :d'un grossier procédé indigne d'échanges courtois entre communistes


Peut-on conseiller à Azadi de respecter ce qu'il écrit ?
artza
 
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Message par Puig Antich » 23 Juil 2012, 18:19

La gratuité permet d'abord de s'adresser aux gens dans un langage compréhensible, de défendre une théorie économique sans faire de coquetterie terminologique comme gage d'orthodoxie. Nous disons que " Leur accumulation individuelle sera limitée par les règles simples de la décence. " (les produits gratuits, issus de la production planifiée). Dire que le logement, l'eau, la nourriture devraient être gratuits comme l'air, la santé et l'éducation, c'est dire une évidence et en même temps remettre en cause tous les présupposés de la production capitaliste.

Ensuite, partir des rapports de distribution, sans obliger à oublier de discuter du contenu de la production, c'est discuter aussi les rapports de production, de manière radicale. Car c'est bien l'argent et la propriété qui dominent aujourd'hui les forces productives sociales, qui obstruent leur développement.

C'est, enfin, une question de parti : la transformation de la production, c'est avant tout l'affaire de l'activité quotidienne non seulement de la classe ouvrière, mais également de la science. C'est quelque chose qui n'est pas à la portée immédiate de la conscience, surtout dans notre situation actuelle : classe ouvrière émiettée, sans politique propre, etc. La revendication du droit de vivre qui s'exprime par la gratuité de façon communiste lorsqu'elle s'exprime de manière simplement syndicaliste par les revendications d'augmentation de salaire, de salaire social, de meilleures indemnités chômages, est au moins quelque chose d'immédiatement saisissable, et en même temps évident compte tenu de l'abondance, de la surraccumulation de richesse qui nous entoure d'autant plus qu'on nous dit que " les caisses sont vides ", c'est à dire que le capital argent n'est plus à même d'assurer la circulation, la distribution. C'est un moyen de surmonter cette contradiction.

Enfin, sur la persistance de l'économie marchande, elle est inévitable pendant la phase de transition, compte tenu précisément des conditions de production et de circulation dans lesquelles sont pris des millions, des milliards de petits artisans, petits commerçants, petits paysans, sous-prolétaires dépendant de l'économie informelle, etc. On ne peut pas raisonnablement dire : nous abolirons cela dès le pouvoir conquis, c'est une perspective utopique, qui condamne la révolution à paraître elle-même utopique. Par contre, dire qu'il faut un fort secteur directement socialiste, que la grande production permet cela, c'est à dire un secteur qui n'échange pas en argent, mais tout au plus dans la première phase un travail individuel à durée réduite contre un bon de consommation donnant accès à toutes les denrées nécessaires, c'est tout à fait possible et tout à fait nécessaire. Si les biens d'équipements individuels et industriels, les médicaments, l'eau, le pain, sont fournis gratuitement à toutes fins utiles, alors le marché s'éteindra progressivement, comme le salariat. Il est plus juste de parler d'extinction, à ce stade, que d'abolition, qui est un mot d'ordre choc, mais qui ne peut se réaliser par décret.
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Message par Puig Antich » 23 Juil 2012, 18:26

Sur le texte sur la gratuité, il me semble qu'il n'est pas contradictoire avec nos positions. C'est précisément ce qu'on dit en disant que " tous et toutes devront participer à la production planifiée ", c'est à dire que l'effort (ou le coût) devra être calculé, sous-pesé, etc. mais en valeur d'usage, pas d'échange.

Pour revenir sur le marché, si on est raisonnable et qu'on veut schématiser, grosso modo, les trois secteurs de l'économie post-révolutionnaire, partant des conditions actuelles, nous pourrions dire :
- un secteur centralement planifié directement socialiste, basé sur la confiscation immédiate de tout le grand capital, ses usines, ses bureaux, ses moyens.
- une économie associative, sans planification centrale mais sans échange marchand, qui préfigure en un sens le communisme supérieur : activité des personnes et des groupes librement associés, une fois leur tâche au service de la collectivité réalisée (un certain quota de travail).
- un secteur marchand, qui pourra varier de la petite économie individuelle à faible surplus, jusqu'à - pourquoi pas - des nuances de capitalisme d'état (assumé comme tel, pas repeint en socialisme ou semi-socialisme)

Les frontières ne seront pas étanches. Elles peuvent être clarifiées par une organisation plus libre de la vie quotidienne, de la journée de " travail " : réduction du temps de travail contraint pour tout un tas de gens qui dépendent déjà d'un travail fortement social, éveil de larges masses qui en sont exclues à un niveau supérieur, articulation au maximum harmonieuse des déséquilibres inévitables.

Comme le mode de production capitaliste qui a concurrencé et s'est battu pendant une longue période contre le mode de production féodal, le mode de production communiste naîtra d'un long cycle historique contradictoire, déjà à l'oeuvre sous nos yeux, de longues réformes économiques qui succéderont à la révolution politique, ayant en vue le problème majeur de notre époque : l'inégalité de développement social et régional qui s'est partout amplifiée avec le développement capitaliste.
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Message par Puig Antich » 23 Juil 2012, 19:02

Je vois pas pourquoi vous vous énervez.

Com : Sur les premiers congrès de l'I.C., il y a à mon avis deux éléments à prendre en compte, vis à vis du peu de place (mais il y est quand même) qu'on y trouve quant à la description du mode de production communiste sans salariat et sans argent à venir :

1) L'IC ne prétend pas découvrir les principes communistes, elle ajoute une expérience : celle de la vague révolutionnaire de 17, des tactiques qui ont permises sa victoire en Russie, des leçons qu'on en tire sur l'action immédiate à mener. Elle insiste donc sur cet aspect, et reprend pour le reste les principes des autres Internationales, et de la Ligue des communistes, dont l'article 1 des statuts dit déjà tout. Toute l'oeuvre de Marx, à partir de là, tourne autour de l'abolition du salariat : le Manifeste en premier lieu, dont les révolutionnaires d'Octobre estiment inutiles de rappeler le contenu tant il est évident pour les militants ouvriers de l'époque qui haïssent le salariat plus que tout. Ce n'est pas le cas aujourd'hui : d'où la nécessité de piqûres de rappel, dans un monde où le peu de monde qui s'identifient encore au " socialisme " se l'imagine à base d'augmentation de salaire et d'économie d'Etat.

2) La situation économique et sociale elle-même ne met pas en 1917 l'extinction de l'argent à l'ordre du jour, pas plus qu'en 1871. La chaîne du capital et de l'argent est internationale. Celle de la production l'est déjà beaucoup moins. Le développement économique est une tâche objective qui se pose à la fois au prolétariat et à la bourgeoisie : la liquidation d'une agriculture pré-capitaliste n'est pas encore opérée même dans la plupart des pays développés (sauf l'Angleterre). Aujourd'hui, la situation est toute différente : ce n'est pas seulement le capital argent et le capital marchandise qui sont surraccumulés, c'est les moyens de production eux-mêmes, à un haut niveau de technicité. La productivité du travail est non seulement très forte, mais sa condition est la production à un plan mondial, avec une division internationale du travail dont chacun des éléments est plus dépendants que jamais des autres. Objectivement, le développement est encore une tâche dans bien des zones du monde, mais dans d'autres il s'agit au contraire de désaccumuler, d'harmoniser, directement sur un mode socialiste. C'est à dire que des mesures décisives contre le salariat, contre la division sociale du travail, contre la division impérialiste du monde, sont directement possibles pour une classe ouvrière victorieuse, sans passer par une longue transition de capitalisme administré, mais au contraire par nécessité en prenant des mesures qui vont au-delà de la valeur d'échange, de la comptabilité en argent.
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Message par com_71 » 23 Juil 2012, 19:55

(Puig Antich @ lundi 23 juillet 2012 à 20:02 a écrit : L'IC ne prétend pas découvrir les principes communistes...
Je pense que LO non plus, ça tombe bien...

(puig a écrit :Ligue des communistes, dont l'article 1 des statuts dit déjà tout. Toute l'oeuvre de Marx, à partir de là, tourne autour de l'abolition du salariat...


Libre à toi de le penser. Le lien particulier avec PSA n'est cependant évident.
D'où l'ouverture d'un nouveau fil.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Puig Antich » 23 Juil 2012, 20:05

Oui je ne vois pas le rapport particulier avec PSA non plus, je demandais simplement si il y avait une caisse de grève, lorsque tu t'es mis à parler des quatres premiers congrès de l'Internationale Communiste. :roll:
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 23 Juil 2012, 20:07

D'ailleurs si quelqu'un sait où trouver les thèses et résolutions des quatre premier congrès aux éditions de la librairie du travail, c'est à dire pas le fac similé maspéro, ce serait foutrement génial. J'avais vu cette version chez un bouquiniste du temps où je me tenais trop éloigné du salariat pour me l'offrir... (mais comme c'était dans un stand sur une place parisienne, impossible de remettre la main dessus).
Puig Antich
 
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Message par Cyrano » 23 Juil 2012, 23:40

http://www.marxists.org/francais/inter_com/works.htm

y'a les quatre premiers congrès...
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