tu lis vite l'article de Charraud,
http://www.tribunes.com/tribune/alliage/35-36/13charra.htm#1
moins de 5' après mon post,
chapeau bas,
y en a pour dix pages.
Sans a priori, bien sûr...
a écrit :
L’écho médiatique que rencontrent ceux qui annoncent la mort de Freud n’est pas sans rappeler celui qui accueillait la proclamation hâtive (il n’y a pas si longtemps) de la mort de Marx.
En ouvrant ce débat dans les colonnes de ContreTemps par un entretien avec le psychanalyste Roland Gori, nous avons voulu donner la parole - à travers lui - à toutes celles et ceux qui, aujourd’hui, s’inspirent de la psychanalyse dans leurs pratiques professionnelles et sociales pour résister à la normalisation néolibérale en marche sous couvert d’efficacité. Comme le soulignait Jacques Derrida on peut « penser avec et contre Freud, mais pas sans Freud ».
a écrit :
Du point de vue pratique, la méthode de la psychanalyse s'oppose point par point aux valeurs dominantes de notre civilisation et aux rapports qu'elle entretient avec la parole, le sens, le temps, la mémoire, l'amour et le désir. À la religion du chiffre de notre civilisation, la psychanalyse oppose l'éloge de la parole au sein de laquelle « les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux » (René Char). À une culture de la maîtrise de soi et de l'emprise sur les autres de notre civilisation, la psychanalyse oppose que nous ne sommes jamais aussi vrais que lorsque nous nous laissons aller à notre vulnérabilité et que nous sommes endeuillés des êtres que nous avons perdus. À un individu auto-suffisant qui réclame ses droits à la satisfaction consommatoire immédiate, la psychanalyse oppose un sujet divisé avec lui-même et avec les autres qui court après sa parole et se montre capable comme l'anorexique de refuser la nourriture pour éprouver son appétit. À une civilisation qui valorise le déterminisme neurogénétique des troubles du comportement appréhendés comme des dysfonctionnements et des déficits, la psychanalyse oppose une promotion du symptôme névrotique que le sujet fabrique pour se rappeler sans se souvenir, l'emblème d'une histoire d'amour blessé gardée en réserve dans sa mémoire. Non pas un déficit incongru, mais une création douloureuse et insatisfaisante, une forme d'auto-thérapie quand même. À une culture de l'instant et du cynisme, la psychanalyse oppose la responsabilité d'un sujet historique, capable de détourner la fonction de ses organes, de saborder ses performances et mettre en faillite ses avoirs pour faire reconnaître à autrui une part de son être.
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