Pour ceux qui n'auraient pas suivi cette discussionn grammaticale hautement politique, la page en question :
a écrit :L’échec d’Allende est-il l’échec du socialisme ?
POURQUOI LES REVOLUTIONNAIRES SONT-ILS LES SEULS A DEFENDRE VRAIMENT LES INTERETS DES TRAVAILLEURS ?
Les révolutionnaires sont les seuls à mettre l’accent sur la nécessité pour les travailleurs de briser l’État bourgeois, de briser l’armée et la police et de s’armer eux-mêmes.
Or non seulement le socialisme, non seulement le pouvoir des travailleurs dans l’entreprise ou sur la société tout entière, mais même de simples réformes dans le cadre de la société capitaliste, ne pourraient être assurés qu’à cette condition.
Les partis de gauche qui prétendent donc vouloir les réformes, le pouvoir des travailleurs ou même le socialisme, sans se fixer d’abord, et sans fixer aux travailleurs la tâche de se donner cette garantie, n’ont aucune chance de se donner les moyens de réaliser leurs prétendus programmes. Ce qui revient à dire qu’ils n’ont pas la volonté réelle de les réaliser.
Dans la phrase, le terme "assurés" se rapporte à la fois ("non seulement") au socialisme (masculin) mais encore ("mais même") aux réformes (féminin) et le masculin l'emporte sur le féminin dans cette grammaire machiste ! Ou alors il faut considérer que seules les réformes ne pourraient être assurées... tandis que le socialisme pourrait s'instaurer par les urnes, sans armer les travailleurs, une sorte de "voie pacifique au socialisme" comme disait le PC Français à l'époque ? Cela dit, cela me choque aussi, car l'usage (une licence héritée du latin si je me souviens bien) veut l'accord avec le terme le plus proche.
Je dirais que c'est une maladresse de style plutôt qu'une erreur véritable, mais une pensée politique juste, à un époque où le PC faisait taire toute critqiue ("vos crachez sur nos morts") et où la LCR surfait sur la vague d'émotion en faisant des comités Chili dont le nom n'indiquait pas grand chose, et qui organisaient la solidarité, mais n'enseignaient pas grand chose aux travailleurs et aux militants. Ah ces manifs où on stigmatisait l'impérialisme : "ITT, CIA, USA-SA-SS" ! ou, encore plus neutre, "Chile, Chile, Chile, soldidaridad" qui conduisait à diffuser en boucle une niaiserie "engagée" de l'époque "Nous irons un jour à Vaparaiso/ Viendras-tu ce jour avec moi ?/ La mer est mauvaise/ On ne nous attend pas/ Il est mort, le caballero"... le caballero en question, c'était Allende !
C'est pour cela que depuis, quand j'entends "el pueblo, unido, jamas sera vencido", ça me donne des boutons !