
a écrit :Si, si c'est très malpoli de considérer quelqu'un comme un Décroissant...
Moi, à la limite, tu dis ce que tu veux sur ma mère.
Mais tu ne me considères pas comme un Décroissant...
(Sinoue @ vendredi 18 décembre 2009 à 21:38 a écrit :Loustic:
"j'aimerais beaucoup que l'on crée une spécialité, à l'école ou à la télévision, que l'on pourrait appeler "productique" ? et qui expliquerait de A à Z pour chaque bien ou service produit la longue chaîne d'actions humaines qui les rend possible."
Très bonne idée
a écrit :
Une petite devinette pour commencer : à quel endroit pouvait-on lire en décembre 2009 les lignes suivantes ?
" Notre société fait de nous des individus hors-sol. Nous devenons à l'instar des tomates sous serre des humains sans racine. Il est même malvenu d'être né quelque part, d'avoir une identité. N'en déplaise à Cohn-Bendit et aux membres de la jet-set, nous sommes quelques milliards à avoir besoin de racines. Ne nous laissons pas intimider et osons dire que cette mondialisation est une "immondialisation", qu'elle est sale, qu'elle détruit les humains et la planète. Osons l'antimondialisme. "
Vous avez une idée ?
National-Hebdo ?
Présent ?
L'Action Française ?
Une publication quelconque des Jeunesses Identitaires ?
Bien essayé, mais non.
En fait, le journal qui a publié cette prose vert-de-gris s'appelle La Décroissance[1], et il ne se revendique pas de l'extrême droite, mais plutôt de la gauche et de la mouvance dite "altermondialiste ". On peut d'ailleurs remarquer ici que cette mouvance a dû se battre pendant toute une décennie pour faire admettre par les journalistes qu'il fallait utiliser pour la désigner l'étiquette "altermondialiste " et non "anti-mondialisation", façon de prendre acte de son internationalisme viscéral et de son choix d'une autre mondialisation plutôt que du refus de la mondialisation. Peine perdue, car voici qu'un journal très en vogue dans ce milieu remet au goût du jour l'"antimondialisme ", dans un encadré intitulé "La relocalisation contre le mondialisme ".
Précisons toutefois dès le début de cet article qu'une formule telle que : "Osons le local sans les murs ", ou d'autres passages de cet encadré, ne relèvent en rien d'une idéologie xénophobe et d'extrême-droite. La référence à l'extrême droite (ou à Proudhon par la suite) fait allusion à un discours passéiste omniprésent, et pas à une quelconque forme de xénophobie ou d'antisémitisme, qui sont évidemment totalement absents du discours décroissant. Mais il ne faut pas s'étonner si dans une fraction de l'extrême droite, celle qui s'abreuve à la pensée d' Alain de Benoist et qui s'auto-qualifie d'"identitaire", on peut estimer que :
"Le concept de décroissance déploie des idées plus qu’intéressantes et nombreuses d’entres-elles convergent avec les idées et les valeurs défendues par les identitaires. (...) l’axiome central et novateur de la décroissance, que partagent pleinement les identitaires, réside sans conteste dans la remise en cause du dogme progressiste."[2]
L'objet de ce texte est donc de montrer, en parcourant le numéro de décembre du journal La Décroissance, que le dérapage sur l'"antimondialisme", qui peut provoquer un appel d'air vers l'extrême-droite, ne relève pas que de la maladresse, mais qu'il prend ses racines dans un mode de pensée que l'on peut qualifier d'authentiquement "réactionnaire ". J'entends ici "réactionnaire " au sens propre du terme, à savoir une sorte de volonté de faire tourner la roue de l'histoire à l'envers, en expliquant à tout bout de champ que "c'était mieux avant "[3] et en dénonçant à longueur de colonnes les dangers du Progrès. Ces thématiques sont traditionnellement celles de la droite conservatrice de type pétainiste, et on ne laboure pas sans risques ces terres antimondialistes et traditionnalistes, même si c'est pour y cultiver de la Décroissance bio écocitoyenne... I
Voici donc, en piochant de-ci de-là, ce que l'on peut lire dans La Décroissance, en se limitant volontairement à ce numéro de décembre 2009. Je précise que j'ai naturellement choisi de mettre l'accent sur ce qui me hérisse le plus le poil. Dans le gloubiboulga qui constitue la pensée décroissante, chacun pourra éventuellement retrouver ses petits, et je peux partager par exemple un rejet du capitalisme, du gâchis et des inégalités qu'il engendre, ou encore une certaine apologie du calme et de la tranquillité. Je ne veux pas recopier ici tout le journal, il est disponible en kiosque, mais pointer tout ce qui selon moi construit une cohérence réactionnaire qui explique ce dérapage sur l'"antimondialisme".
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