CLT sur la décroissance

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par bimou » 17 Déc 2009, 01:26

bonsoir,

je vous propose aussi d'écouter une intervention d'Alain Gras, sociologue et un des théoriciens de la décroissance.

http://video.google.fr/videoplay?docid=-11...ient=firefox-a#

Et un petit passage du manifeste :

L’illusoire idéologie du « Progrès »

L’idéologie du progrès consiste à considérer l’Homme en tant que maître de la nature qui avance inéluctablement vers l’amélioration constante du monde. Une telle vision rejette ou ignore par principe des connaissances issues d’un lointain passé ou d’anciennes civilisations, occulte les problèmes du présent et cache ceux à venir.

L’idéologie du progrès nous dit en substance que nous ne devons pas nous inquiéter, que le monde va s’améliorer, que des solutions seront trouvées, que nous devons continuer à avancer dans la direction actuelle – forcément la meilleure, puisqu'instaurée par l’Homme et la « Science ». La foi dans le « Progrès » soutient l’idéologie de la croissance : elle est omniprésente et son illusion nourrit le consumérisme.
L’illusion de l’innovation technologique salvatrice

Nous vivons dans un monde qui valorise systématiquement l’innovation technologique sans considérer l’ensemble de ses conséquences, sociales et environnementales, oubliant que c’est cette même foi qui a souvent engendré les catastrophes écologiques que la technologie prétend aujourd’hui solutionner. Ainsi par exemple, une technologie médicale de pointe, impensable en dehors du cadre d’une société industrialisée, permet de soigner des cancers… dus à la pollution engendrée par l’industrialisation. Selon certains, la technologie sera capable à l’avenir de rendre les industries plus propres, de trouver d’autres sources d’énergie moins polluantes… Ces illusions sont entretenues ardemment par les industries en quête de subsides et de profit maximum, et par les politiques qui se réfugient dans cette vision facile puisqu’elle les déresponsabilise.

Nous devenons complètement dépendants et soumis à la technologie parce que nous sommes de moins en moins capables de vivre sans elle, et de moins en moins capables, pour la plupart, de réparer les outils qu'elle produit. En effet, sa complexité est telle que nous ne pouvons pas la maîtriser personnellement ou collectivement… Ainsi, nous vivons malgré nous dans l’ignorance du réseau de dépendance impliqué par son utilisation : les appareils technologiques n’existent pas seuls, ils impliquent toute une organisation sous-jacente.

Nous y sommes soumis car les innovations technologiques qui conditionnent des pans entiers de nos vies résultent de programmes de recherche-développement conçus et décidés en dehors de tout débat réellement démocratique, même lorsqu’ils sont financés par les pouvoirs publics… Pourtant, les machines que nous nommons « outils » ne sont pas des objets neutres : leur usage nous inscrit dans un vaste système de contraintes, et plus encore il nous transforme, modifie notre rapport au temps, à l’espace, aux autres êtres humains. La technologie métamorphose notre vision du monde et nos principes mêmes. En réalité, certaines avancées technologiques, présentées comme des solutions, peuvent présenter des conséquences socio-économiques et écologiques désastreuses (agrocarburants) ou être porteuses de risques graves pour la société (OGM). D’autres ont des implications potentielles tellement énormes (alors que leurs apports restent, à ce stade, bien hypothétiques - par exemple les nanotechnologies) que la prudence et le débat s’imposent manifestement.

Il est temps de se rendre compte que la technologie seule ne peut en aucun cas résoudre les crises auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés.

Entendons-nous bien : l’objection de croissance n’est ni le désir d’un impossible retour au passé, ni le rejet de toute technique. Elle se veut porteuse de choix technologiques écologiquement et socialement soutenables. Elle implique l’abandon de certaines technologies (ex. : nucléaire), d’autres voyant leur utilisation limitée. La priorité sera accordée aux technologies « propres », maîtrisables et adaptées à un fonctionnement à petite échelle.
L’imposture du développement durable

Le concept de développement durable (« sustainable development ») a vu le jour en 1987 avec la publication du « Rapport Brundtland » par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement des Nations-Unies. Il est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Le développement durable inaugure, selon ce même rapport, une nouvelle ère de croissance économique permettant de mieux lutter contre les problèmes de dégradation de l’environnement.

En 1992, la déclaration de Rio adoptait cette logique et, en son principe n° 12, disait promouvoir un système économique international ouvert, propre à engendrer une croissance économique et un développement durable dans tous les pays. Le développement durable ne remet donc aucunement en question la croissance et la réalité des « besoins » du présent. Il n’est donc pas surprenant que 15 ans après Rio, l’état de la planète ait continué à se dégrader ; l’empreinte écologique, paramètre global révélateur de l’impact des activités humaines sur l’environnement, montre une évolution continue à la hausse, sans aucune inflexion depuis 1992. En 2005, l’empreinte écologique globale dépassait la capacité de régénération de la planète de 30% contre 10% en 1992.

Croire que cette dégradation serait due à trop peu de développement durable constituerait une erreur. Le développement durable, en laissant croire que la technologie, le libre-échange et la bonne volonté suffiront pour sauver la planète, est un concept dangereux. Il fait en effet perdre un temps précieux et permet aux Etats et aux multinationales de perpétuer des comportements socialement et écologiquement destructeurs. On peut comprendre qu’en 1987 de nombreux militants écologistes se soient laissés abuser par l’espoir de voir enfin changer les choses. Les faits se sont révélés très cruels depuis lors.

Le développement durable s’avère donc être un piège aussi dangereux que la croyance en l’idéologie du progrès et la technologie salvatrice. Il se dit la garantie de la croissance économique… dont il est en réalité très urgent de sortir.[3]


http://www.objecteursdecroissance.be/manifeste.htm
bimou
 
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Message par Vérié » 17 Déc 2009, 09:13

L'intervention de Bimou illustre bien le fait que les décroissants posent certains vrais problèmes, même si ce ne sont pas les seuls et si ce n'est pas absolument nouveau, mais apportent de mauvaises solutions : "sortir du développement".

Bimou, que penses-tu du fait que la société est divisée en classes sociales et que ceux qui organisent (enfin plus ou moins) ce développement le font dans leur seul intérêt, sans se soucier des intérêts, ni de la planète ni des hommes, en particulier de ceux qu'ils exploitent ? Et qu'il s'agit peut-être de la source d'une grande partie de nos problèmes...
Vérié
 
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Message par Loustic » 17 Déc 2009, 09:17

Bonjour Bimou,

et merci de venir exposer tes thèses... bien que le terrain du forum des amis de LO leur sera peu favorable, c'est le moins qu'on puisse dire. :-P

Néanmoins, nous essaierons d'être courtois.

Je veux juste rebondir là-dessus pour ma part :

a écrit :Nous devenons complètement dépendants et soumis à la technologie parce que nous sommes de moins en moins capables de vivre sans elle, et de moins en moins capables, pour la plupart, de réparer les outils qu'elle produit. En effet, sa complexité est telle que nous ne pouvons pas la maîtriser personnellement ou collectivement… Ainsi, nous vivons malgré nous dans l’ignorance du réseau de dépendance impliqué par son utilisation : les appareils technologiques n’existent pas seuls, ils impliquent toute une organisation sous-jacente.


Ca, c'est très juste.

Le tout est de savoir si l'on s'en réjouit, si on le déplore, et de quoi l'on se réjouit le cas échéant, et ce que l'on déplore réellement.

Qu'objectivement l'humanité (ça n'est pas nouveau, c'est peut-être un des aspects qui la caractérise le mieux) collabore toujours plus pour élaborer une technologie collective ultra sophistiquée, c'est certain.

La taille des silex en merveilleux bifaces fins et racés (feuilles de laurier ?) n'était peut-être pas à la portée du premier venu, et tout le monde bénéficiait cependant du savoir faire des meilleurs artisans tailleurs de pierre.

Aujourd'hui, c'est le même phénomène à une bien plus grande échelle qui fait que des équipes d'ingénieurs informaticiens mettent en place l'architecture physique (internet) et logicielle (le web) qui nous permettent nos humbles échanges ici.

C'est prodigieux cela non ?

C'est ce que j'appelle le progrès et que je ne déplore en aucune façon.

2 choses me posent problème cependant, l'un important et l'autre moins :

1) Toutes ces merveilleuses technologies de pointe utiles à tous sont produites non pas pour satisfaire les besoins de tous, mais pour générer du profit de la part des possédants de l'économie, qui ne visent donc à satisfaire que la demande solvable d'une part, et à exploiter le travail humain en le payant en dessous de sa valeur d'autre part.

2) Tu fais également allusion au fait que l'on est trop peu conscient de l'immense tissu de réseaux qui permettent aux produits de consommation d'être produits. Je suis d'accord et j'aimerais beaucoup que l'on crée une spécialité, à l'école ou à la télévision, que l'on pourrait appeler "productique" ? et qui expliquerait de A à Z pour chaque bien ou service produit la longue chaîne d'actions humaines qui les rend possible. Il semble que tant que l'on est sous le capitalisme, la transparence ne soit pas de mise.

Au plaisir de discuter avec toi en tout cas. :wavey:
Loustic
 
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Message par luc marchauciel » 17 Déc 2009, 09:30

Heu, Loustic, t'as rien compris et tu dois des excuse au Monsieur.
Bimou, je le connais, il est kasher. Il donne ici des exemples des thèse de la Décrossance pour info, pour que ceux qui croient que le camarade du CLT a caricaturé se rendent compte qu'il n'en est rien. Où tu as vu un accord de se part avec ces inepties ?
Allez, Loustic, on se fait tout petit....
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 17 Déc 2009, 09:32

Mort de rire, je me rends compte que Vérié a fait la même mésinterprétation juste au dessus.
Bimou, je crois que t'as pas été très clair....
luc marchauciel
 
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Message par Loustic » 17 Déc 2009, 09:35

Ah oui, faut qu'il apprenne à faire des quote ton copain alors... :hinhin:

C'est pas gagné la technologie du progrès pour tout le monde.

Pour les excuses, Luc, tu peux te brosser, j'ai pas été malpoli que je sache... :hinhin:
Loustic
 
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Message par Vérié » 17 Déc 2009, 09:47

(luc marchauciel @ jeudi 17 décembre 2009 à 09:32 a écrit : Mort de rire, je me rends compte que Vérié a fait la même mésinterprétation juste au dessus.
Bimou, je crois que t'as pas été très clair....
:wacko:
Effectivement, Bimou nous a balancé un texte sans le moindre commentaire...
Vérié
 
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Message par bimou » 17 Déc 2009, 10:53

La bonne blague...

Je suis membre du NPA et je suis plus qu'inquièt, entre autre, par la reprise du discours décroissant au sein de mon organisation.
Lorsque j'ai mis le lien et une partie du manifeste des OC, c'était pour démontrer que l'intervenant du CLT ne caricaturait pas.
Je ne suis peut être pas bon avec la technologie mais vous n'êtes pas très futés car imaginer qu'un décroissant vienne intervenir ici pour défendre sa théorie démontre que les décroissants n'ont pas tort de dire que le progrès aliène l'individu et l'empêche de penser. :D :boxing:

Lors de l'AG consultative pour les régionales de mon département, une motion a été présentée au vote : "Des délégations du NPA et des Objecteurs de Croissance se sont rencontrées le jeudi 26 novembre 2009 pour discuter d'une éventuelle alliance aux prochaines élections régionales. A la lecture du compte rendu et des différences trop importantes existantes entre les deux organisations , il apparaît souhaitable que notre organisation ne s'engage pas dans une campagne commune avec les objecteurs de croissance. "
Sur la quarantaine de participant, 2 personnes ont voté pour...
Donc je le dis clairement je ne supporte pas le discours décroissant qui explique à la classe populaire qu'ils sont responsables de leur sort tout autant que le grand patronat et qu'il faut rejeter le progrès pour "revenir à une vie plus naturelle"...
bimou
 
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Message par luc marchauciel » 17 Déc 2009, 13:26

(Loustic @ jeudi 17 décembre 2009 à 09:35 a écrit :

Pour les excuses, Luc, tu peux te brosser, j'ai pas été malpoli que je sache... :hinhin:
Si, si c'est très malpoli de considérer quelqu'un comme un Décroissant...
Moi, à la limite, tu dis ce que tu veux sur ma mère.
Mais tu ne me considères pas comme un Décroissant...
luc marchauciel
 
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Message par Loustic » 17 Déc 2009, 13:30

:33:
Loustic
 
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