par Front Unique » 14 Oct 2009, 17:20
Informations ouvrières n° 68 semaine du 15 au 21 Octobre 2009
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
L'acte III du dépeçage
Donc, Jean Sarkozy, fils de, est nommé à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD) : (2 500 entreprises, « la vitrine de la France dans les milieux économiques internationaux », selon Libération). De toute part, on crie au scandale. Mais, sous le scandale visible, n'y a-t-il pas plus grave encore ?
L'EPAD gérera demain 770 hectares, notamment la moitié de la ville de Nanterre, dont l'aménagement échapperait ainsi à ses élus.
Protestation, légitime, du maire (PCF) : « Nanterre fait l'objet d'un traitement particulier que rien ne justifie. » Traitement particulier ?
Que dit le projet de loi sur les « territoires », que le Conseil des ministres doit examiner le 21 octobre ?
Il met en place des « métropoles » dont les prérogatives l'emporteraient sur celles des communes et départements, qu'elles disloqueraient. Ainsi, le projet du « Grand Paris » prévoit, dans un périmètre de 700 hectares autour de chacune des 40 gares du futur métro rocade, des zones directement prises en charge par l'Etablissement public à vocation industrielle et commerciale (EPIC). 40 fois 700 hectares : c'est l'équivalent de la superficie additionnée de Paris et du 92, ainsi soustraits aux lois communes de la République !
C'est de dépeçage qu'il s'agit.
Il y a une vingtaine d'années, une institution politique américaine, la Brookings Institution, avait recommandé, concernant l'Afrique, de ne plus raisonner en termes de nations souveraines ou d'Etats, mais de distinguer entre « Afrique utile » — celle des réserves de pétrole, or, gaz, diamants — et « Afrique inutile ». S'agirait-il à présent, en conformité avec les directives et traités de l'Union européenne, de découper entre France utile et France inutile ?
Tout est lié. Le dépeçage de la République, c'est la loi Hortefeux et la privatisation de La Poste et l'ouverture à la concurrence totale de la SNCF (13 décembre prochain) et l'autonomie des universités et les ARS régionalisant, privatisant santé et Sécurité sociale, etc.
Après la mise en place des régions, puis les lois instaurant l'intercommunalité forcée, c'est l'acte trois du dépeçage de la République : privatisation des fonctions de l'Etat, loi de la jungle, dictature des groupes privés, des bandes et des « communautés ». Dangereuse est l'équivoque entretenue sur ce sujet par les dirigeants des partis de gauche.
Dirigeants du Parti socialiste qui, dans les régions qu'ils administrent, prennent leur part dans la remise en cause des règles communes de la République et la privatisation des services publics (les mêmes, à propos du « Grand Paris », revendiquent de « participer réellement à son élaboration »). Dirigeants du Parti communiste, du Parti de gauche et du NPA qui, dans une déclaration commune, en appellent à « mettre en œuvre un programme traduisant dans les régions les exigences populaires (…), un programme régional, véritablement alternatif ».
On ne peut accompagner la marche à la dislocation de la République et défendre les intérêts de la population laborieuse. Une véritable démocratie politique exige le retour à la République une et indivisible, rompant avec toutes les politiques de dislocation des droits ouvriers et démocratiques dictées par l'Union européenne. Ce combat est indissociable de l'exigence de renationalisation de la SNCF, d'EDF-GDF, de La Poste, de retour à un système national d'instruction publique. C'est sur ce terrain que le Parti ouvrier indépendant soutient l'appel des 500 élus à mettre en échec le projet de loi Hortefeux de démantèlement de la République.