par Front Unique » 05 Juin 2009, 22:59
Informations ouvrières n° 49 semaine du 4 au 10 juin 2009
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
DE DEUX CHOSES L'UNE.
L'Humanité (2 juin) publie sur une page entière un article de son directeur, qui conduit la liste du Front de gauche en Ile-de-France. Patrick Le Hyaric y dénonce « ce qu'on vous cache pour l'après-7 juin ». A juste titre, il indique que « se prépare, pour les lendemains du 7 juin, sur injonction des autorités européennes, des décisions extrêmement négatives accentuant encore le cours régressif, antisocial, antidémocratique des politiques actuelles ». Le Hyaric cite en particulier : les 9 millions de chômeurs supplémentaires prévus par la
Commission de Bruxelles pour les prochains mois ; les mesures «d 'assainissement budgétaire » prises pour compenser les « milliards d'euros versés aux capitalistes » ; les hausses de tarifs publics, les réductions des retraites, le blocage des salaires, les privatisations programmées de La Poste, de la SNCF. Bruxelles, souligne Le Hyaric, s'apprête « à faire exploser totalement le Code du travail, à supprimer le contrat de travail à durée indéterminée ».
N'importe quel militant ouvrier ne peut que souscrire à ces propos.
N'importe quel militant ouvrier posera la question : comment répondre à cette situation ?
A cela, Le Hyaric répond : votez pour les listes du Front de gauche le 7 juin. Chacun le sait : le rejet par les travailleurs des plans qui les frappent s'exprimera principalement dans une abstention massive. On ne saurait faire reproche à Le Hyaric de souhaiter pour son parti un résultat. Mais un ou deux députés supplémentaires du Front de gauche dans le Parlement européen cadenassé par les traités de Maastricht et d'Amsterdam, cela ne répondra pas à la question posée : comment bloquer la marche à la destruction ?
Cela, tout travailleur en conviendra, y compris ceux qui s'apprêtent à voter dimanche. Alors, nous reposons la question : que faut-il faire ?
Les nouvelles annonces de plans de licenciements à la veille du 7 juin — Goodyear Dunlop, Altis, EDA, ABB, Hewlett-Packard, etc. — préfigurent de ce qui va tomber en juin, juillet, août.
Les chiffres annoncés du chômage amènent le ministre Lagarde à des contorsions (« une hausse importante, mais inférieure à celle des trois premiers mois de l'année »). Mais ils sont sévèrement corrigés par la réalité : au sens du Bureau international du travail (BIT), le nombre de chômeurs s'élèverait officiellement à 3 785 600. La progression risque d'être au-dessus des 9 % de chômeurs supplémentaires au deuxième trimestre de l'année. A ce rythme, c'est le million de chômeurs supplémentaires assuré pour la seule année 2009 !
Alors, de deux choses l'une.
Ou bien le cri d'alarme lancé par Le Hyaric a pour seul objectif l'élection du 7 juin, et ce serait alors, au regard de la gravité de la situation, irresponsable de la part d'un dirigeant d'un parti qui se réclame des intérêts ouvriers.
Ou bien Le Hyaric et les dirigeants du PCF prennent-ils au sérieux la situation qu'ils décrivent eux-mêmes. Et alors, quel que soit le résultat du 7 juin, ce n'est pas dans le cadre du Parlement européen que ces plans pourront être contrés. C'est par la mobilisation de toute la classe ouvrière, unie sur ses revendications, dans l'action de classe.
Il revient aux partis qui se réclament de la classe ouvrière et de la démocratie de ne pas se dérober à leurs responsabilités. Au plus vite, après le 7 juin, il leur revient de s'asseoir autour d'une table et de répondre à l'appel de la conférence du 15 mai : unité maintenant, tout de suite, pour organiser la marche unie sur Paris pour l'interdiction des licenciements !