a écrit :Il n'y a jamais eu d'"Etat socialiste" en URSS, mais un Etat ouvrier dont les dirigeants se fixaient pour objectif d'étendre la révolution et, non pas de construire le socialisme en URSS, ni même de prendre des mesures socialistes, ce qui était impossible, mais de tenir tant bien que mal en attendant le renfort de la révolution européenne.
a écrit :Nous sommes partisans de la défense de la patrie depuis le 25 octobre 1917. Je l'ai dit plus d'une fois avec la plus grande netteté, et vous n'osez pas le contester. C'est précisément pour « renforcer la liaison » avec le socialisme international, qu'il est de notre devoir de défendre la patrie socialiste . Celui‑là compromettrait la liaison avec le socialisme international qui traiterait avec légèreté la défense du pays où le prolétariat a déjà triomphé. Quand nous étions des représentants de la classe opprimée, nous ne traitions pas avec légèreté la défense de la patrie dans la guerre impérialiste, nous en étions les adversaires de principe. Devenus les représentants de la classe dominante qui a commencé à organiser le socialisme, nous exigeons de tous une attitude sérieuse envers la défense du pays.
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Je vois d'ici avec quelle noble indignation le « communiste de gauche » va repousser cette affirmation et à quelle « critique destructrice » de la « déviation bolchévique de droite » il va se livrer devant les ouvriers. Comment ? Dans la République socialiste des Soviets, le passage au capitalisme d'Etat serait un pas en avant ?... N'est‑ce pas trahir le socialisme ?
C’est là précisément qu'est l'erreur économique des « communistes de gauche ». C'est donc sur ce point qu'il faut nous arrêter plus longuement.
Premièrement, les « communistes de gauche » n'ont pas compris quel est exactement le caractère de la transition du capitalisme au socialisme qui nous donne le droit et toutes les raisons de nous appeler République socialiste des Soviets.
Deuxièmement, ils révèlent leur nature petite‑bourgeoise du fait, justement, qu'ils ne voient pas dans l'élément petit-bourgeois l'ennemi principal auquel se heurte chez nous le socialisme.
Troisièmement, en agitant l'épouvantail du « capitalisme d'Etat », ils montrent qu'ils ne comprennent pas ce qui, au point de vue économique, distingue l'Etat soviétique de l'Etat bourgeois.
Lénine, Sur l'infantilisme de gauche et les idée petites-bourgeoises
a écrit :Un certain nombre de tendances et de gens parlent d'Etat socialiste et d'Etat capitaliste, mélangeant les diverses notions.
Si il y a des gens qui mélangent les notions il y en a qui en inventent: un "état de type traditionnel", fondé sur quelle classe?
a écrit :C'est ce qui est arrivé aux bolcheviks qui ont été contraints par la situation de prendre des mesures bourgeoises renforçant le caractère bourgeois des rapports de production : rétablissement de sprivilèges des cadres et ingénieurs, fordisme etc.
Effectivement, le "caractère" bourgeois des rapport de production. Les cadres et les ingénieurs font partie du prolétariat.
a écrit :Si la question que tu poses est de savoir ce qu'il faut penser de la collectivisation des années trente. Cette collectivisation, menée dans des conditions abominables, a permis à la bureaucratie d'accaparer la totalité du suproduit social. (Trotsky lui même l'explique.) Cela lui a donné les moyens de procéder à une accumulation primitive rapide du capital et de développer l'industrie lourde sans donner grand chose en échange à la paysannerie.
L'URSS tenait la première place mondiale dans la construction de tracteurs en 36, cela venait peut-être de l'industrie légère, ou bien c'était des tracteurs mangeurs de moujiks. :yes:
Qu'est-ce que Trotsky expliquait:
a écrit :Les immenses résultats obtenus par l'industrie, le début plein de promesses d'un essor de l'agriculture, la croissance extraordinaire des vieilles villes industrielles, la création de nouvelles, la rapide augmentation du nombre des ouvriers, l'élévation du niveau culturel et des besoins, tels sont les résultats incontestables de la révolution d'Octobre, dans laquelle les prophètes du vieux monde voulurent voir le tombeau de la civilisation. Il n'y a plus lieu de discuter avec MM. les économistes bourgeois: le socialisme a démontré son droit à la victoire, non dans les pages du Capital, mais dans une arène économique qui couvre le sixième de la surface du globe; non dans le langage de la dialectique, mais dans celui du fer, du ciment et de l'électricité. Si même l'U.R.S.S. devait succomber sous les coups portés de l'extérieur et sous les fautes de ses dirigeants ó ce qui, nous l'espérons fermement, nous sera épargné ó, il resterait, gage de l'avenir, ce fait indestructible que seule la révolution prolétarienne a permis à un pays arriéré d'obtenir en moins de vingt ans des résultats sans précédent dans l'histoire.
a écrit :La différenciation des paysans n'était qu'une invention de l'opposition. Le Yakovlev déjà mentionné licencia le Service central des statistiques, dont les tableaux faisaient au koulak une place plus grande que ne le souhaitait le pouvoir. Tandis que les dirigeants prodiguaient des affirmations rassurantes sur la résorption de la disette de marchandises, "l'allure calme du développement" prochain, le stockage désormais plus "égal" des céréales, etc., le koulak, fortifié, entraîna le paysan moyen à sa suite et refusa le blé aux villes. En janvier 1928, la classe ouvrière se trouva face à une famine imminente. L'histoire a parfois de féroces plaisanteries. C'est précisément au cours du mois où le koulak prit la révolution à la gorge que les représentants de l'opposition de gauche ont été jetés en prison ou envoyés en Sibérie pour avoir "semé la panique" en évoquant le spectre du koulak!
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Quoi qu'il en soit, le virage s'accomplit. Le mot d'ordre: "Enrichissez-vous!" et la théorie de l'assimilation indolore du koulak par le socialisme furent réprouvés, tardivement mais avec une énergie d'autant plus grande. L'industrialisation fut mise à l'ordre du jour. Le quiétisme content de lui-même fit place à une impétuosité panique. Le mot d'ordre de Lénine, à demi publié, "rattraper et dépasser" fut complété en ces termes: "dans le plus bref délai". Le plan quinquennal minimaliste, déjà approuvé en principe par le congrès du parti, fit place à un plan nouveau dont les principaux éléments étaient entièrement empruntés à la plate-forme de l'opposition de gauche défaite la veille. Le Dnieprostroï, comparé hier à un gramophone, retint toute l'attention.
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Il ne se trouvera vraisemblablement personne pour répéter le galimatias libéral qui veut que la collectivisation ait été tout entière le fruit de la seule violence. Dans la lutte pour la terre qui leur faisait défaut, les paysans se soulevaient autrefois contre les seigneurs, et parfois allaient coloniser des contrées vierges; ou bien ils formaient des sectes religieuses où les moujiks compensaient le manque de terres par le vide des cieux. Depuis l'expropriation des grands domaines et l'extrême morcellement des parcelles, la réunion de celles-ci en des cultures plus étendues était devenue une question de vie et de mort pour les paysans, pour l'agriculture, pour la société entière.
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La précipitation de cette nouvelle politique résultait de la nécessité d'échapper aux conséquences de celle de 1923-28. La collectivisation pouvait et devait cependant avoir un rythme plus raisonnable et des formes mieux calculées. Maîtresse du pouvoir et de l'industrie, la bureaucratie aurait pu régler la collectivisation sans mettre le pays au bord de l'abîme. On pouvait et on devait adopter un rythme correspondant mieux aux ressources matérielles et morales du pays. "Dans des conditions intérieures et internationales satisfaisantes, écrivait en 1930 l'organe de l'opposition de gauche à l'étranger, la situation matérielle et technique de l'agriculture peut être radicalement transformée en quelque dix ou quinze ans et assurer à la collectivisation une base dans la production. Mais au cours des années qui nous séparent de cette situation, on peut réussir à renverser plusieurs fois le pouvoir des soviets..."
Trotsky, La révolution trahie
a écrit :Si l'URSS avait été le seul pays sur terre, cela aurait été progressiste, puisque, à l'échelle de l'URSS, cela a permis de développer les forces productives plus vite, en laissant les gens crever de faim. Mais, l'URSS n'étant pas le seul pays sur terre, A l'échelle historique, non, cela n'a pas eu un caractère progressiste. Le développement de style stalinien et maoiste a représenté un gigantesque gachis de travail et de vies humaines.
Le gâchi venait de la planification ou de la bureaucratie? 18000ème édition
Ensuite la planification ne peut être un progrès que si il y avait une révolution mondiale: désolé mais si il y a une révolution elle ne se fera pas partout en même temps, personnellement je ne condamnerai pas les pays qui planifieraient leur économie et je ne suis pas pour la restauration du capitalisme à Cuba. Et tout ceci ne fait pas de moi un partisan du socialisme dans un seul pays.
a écrit :cela a permis de développer les forces productives plus vite, en laissant les gens crever de faim.
Très bien, je suis tout à fait d'accord: la planification est progressiste, la bureaucratie est réactionnaire. Et effectivement la bureaucratie a sapé la planification jusqu'au rétablissement du capitalisme.