(artza @ samedi 24 janvier 2009 à 22:59 a écrit : Les "intellectuels" apparaissent avec la bourgeoisie, en son sein et la servent.
Socialement ils en font partie.
Quand la bourgeoisie était une classe ascendante et révolutionnaire, les intellectuels avec leurs moyens et dans leur domaine participaient à ce combat.
On peut en citer une floppée de Villon ou Rabelais jusqu'à ceux des Lumières.
Aujourd'hui la bourgeoisie est conservatrice et pour "conserver" doit être réactionnaire, alors les intellectuels jouent de cette musique.
C'est tout de même un peu shématique.
Sous l'ancien régime (et avant, puisque tu cites Rabelais), les intellectuels étaient très peu nombreux. Ne serait-ce que par ce qu'il fallait avoir le temps et les moyens de se consacrer à la littérature ou la philosophie, donc être bourgeois ou noble.
Combien étaient-ils ? Quelqu'un pourra peut-ëtre répondre avec précision à cette question : quelques dizaines ? Pas plus de quelques centaines en comptant très large.
Au 19ème siècle, à l'époque de Zola, ils étaient déjà plus nombreux, mais tout de même pas très nombreux. Sans doute quelques centaines, voire un millier ?
Aujourd'hui, les intellectuels - sans même compter les artistes, qui ne sont pas nécessairement tous des intellectuels - se comptent par dizaines de milliers. Ils se divisent en de très nombreuses catégories et sous catégories. Socialement, cela va de la grande bourgeoisie comme BHL à la toute petite bourgeoisie salariée (des enseignants qui écrivent des livres et des essais) et aux "intellectuels précaires" déclassés.
L'immense majorité aspire bien évidemment à rentrer dans la catégorie des intellectuels dits "reconnus". Reconnus par qui ? Là est le problème, car cette reconnaissance vient avant tout des médias.
Néanmoins, ces catégories d'intellectuels sont suffisamment diversifiées pour qu'elles soient parcourues par les différentes influences sociales contradictoires. Affirmer que tous les intellectuels servent la bourgeoisie est donc réducteur. Il y a tout de même au moins une minorité d'intellectuels "contestataires" voire révolutionnaires, et en tout cas honnêtes.
Par exemple une douzaine d'intellectuels "un peu connus" ont signé un appel pour soutenir les "épiciers de Tarnac". Des centaines d'autres ont signé cet appel.
Pour soutenir Battisti, les plus connus (BHL et cie) se sont battus pour se mettre en avant, car la cause était porteuse, puis une bonne part a fait machine arrière après la contre-offensive de l'Etat italien soutenu par la majorité de "ses" intellectuels, y compris ceux de gauche, à part quelques voix isolées comme celle de l'écrivain Evangelisti.
Il y a donc de nombreux intellectuels qui, aujourd'hui, bien que peut-ëtre minoritaires dans leur milieu, mais pas toujours, prennent position pour toutes sortes de causes. Parler de "courage" est un peu excessif, car ils ne risquent pas grand chose, pas même de ne plus être publiés, tout au plus d'être un peu boudés par les médias. Et c'est justement le problème : ce n'est pas à eux qu'on donne la parole en prime time !