par Front Unique » 24 Sep 2008, 22:38
Informations ouvrières n° 15 Semaine du 25 septembre au 1er Octobre 2008
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Le vent se lève
A peine Bush ouvre-t-il une ligne de crédit illimité pour les spéculateurs faillis que la Commission européenne « se félicite de l'action des Etats-Unis pour stabiliser le système financier ». Comme toujours, l'Union européenne vole au secours de ses maîtres de Washington. En quatre jours, la Banque centrale européenne a injecté 331 milliards d'euros pour venir en aide à la Réserve fédérale !
Qui va payer, sinon les travailleurs et les peuples ? En France, le gouvernement accélère les contre-réformes. Il privatise à tour de bras. En liquidant les services publics, il veut dégager des moyens supplémentaires pour financer la spéculation. Et aussi : pour ouvrir de nouveaux champs de profits aux capitaux privés.
Dans le collimateur : le service public de La Poste. L'annonce de sa prochaine
transformation en société anonyme, début juillet, a mis le feu aux poudres. En plein été, dans de nombreux centres et services, les postiers, unis avec leurs syndicats, se sont prononcés pour la grève totale, pour le retrait du projet, l'arrêt de la privatisation et le maintien du statut. De leur côté, des centaines d'élus ont fait connaître leur refus de la disparition du service postal public, notamment en signant la proposition de loi du comité de Roquebrun visant au rétablissement du monopole d'Etat. Dans ce contexte, l'appel des postiers à la grève, par les fédérations syndicales, le 23 septembre, répond à un besoin : l'unité sur le terrain de la lutte de classe pour défaire le plan de privatisation.
Face à cette situation, Sarkozy en personne publie ce 17 septembre un communiqué proposant « d'engager un débat public sur ce projet, au sein d'une commission composée de parlementaires, d'élus locaux, de personnalités qualifiées, ainsi que de représentants des organisations syndicales, de La Poste et de l'Etat ». Cette commission devra fournir, au plus tard le 30 novembre prochain, un rapport « dans la perspective de l'ouverture complète à la concurrence au 1er janvier 2011 ».Cela porte un nom : le corporatisme. Sarkozy transmet la
feuille de route dictée par l'Union européenne aux élus, aux partis politiques et aux responsables syndicaux. Ceux-ci sont sommés d'agir comme des instruments subsidiaires de Bruxelles.
La réponse ne s'est pas fait attendre… Quatre jours plus tard, le dimanche 21 septembre, les maires, conseillers généraux et élus de tous ordres étaient réunis pour l'élection sénatoriale.
A cette occasion, plus de 1 200 d'entre eux ont, à leur tour, signé l'appel du comité de Roquebrun. Ils sont donc maintenant plus de 2 000, maires, élus, conseillers généraux de toutes tendances qui s'adressent à l'Assemblée nationale pour qu'elle « abroge les directives européennes » postales et « rétablisse le monopole d'Etat de La Poste ».
2 000 élus aujourd'hui… combien demain ? Le mouvement des élus pour sauver le service public postal — et, à travers lui, les fondements de la République — converge avec le mouvement des postiers sur le terrain de la lutte de classe pour sauver leur statut et bloquer la privatisation.
Le vent se lève. Il portera les exigences fondamentales de la démocratie et de la souveraineté du peuple travailleur au-delà du carcan que l'Union européenne et ses partisans prétendent imposer. C'est pour y aider que le Parti ouvrier indépendant (POI) propose la tenue d'une conférence de délégués pour l'unité « contre une catastrophe délibérément organisée ».