Ingrid Betancourt libérée...

Dans le monde...

Message par quijote » 24 Juil 2008, 11:00

(Vérié @ jeudi 24 juillet 2008 à 11:44 a écrit :
a écrit : Artza
IL est rigolo de constater que Vérié exprime beaucoup plus de sympathie et de compréhension vis-à-vis du régime cubain et des FARC que vis-à-vis du parti bolchevik et de l'Etat fondé par une révolution prolétarienne.



C'est ridicule. Il ne s'agit pas de comparer la Russie de 1917, qui reste la seule révolution prolétarienne victorieuse, à la révolution cubaine. Mais, si on compare l'URSS de Brejnev ou pire la Russie de Poutine avec Cuba, il n'y a pas photo.
La différence entre Cuba et l'URSS stalinienne, c'est qu'en URSS il y a eu une contre-révolution. A Cuba, il n'y a eu certes qu'une révolution nationale bourgeoise radicale qui n'a pas mis en place un Etat ouvrier, mais il n'y a pas eu de contre-révolution... Et par conséquent ni goulag ni extermination des militants révolutionnaires.

a écrit :
Si jamais tu retournes à Cuba, qu'une jeune femme accorte de 19 printemps engage la conversation avec toi, que de fil en aiguille, si je peux permettre cette image dans ces circonstances, tu lui offre un daïquiri au bar d'un hôtel et qu'à peine bu, elle te saute au cou et t'avoue son amour pour toi, je ne vois effectivement pas ce que ça a voir avec la prostituion


Ca, c'est un phénomène qu'on retrouve dans TOUS les pays sous-développés à des degrés divers. Je l'ai constaté encore récemment au Cameroun : beaucoup de femmes (et d'hommes !) essaient de mettre le grappin sur un(e) étranger(e), en particulier dans l'espoir qu'il ou elle les emmenera en Europe.

C'est lié au déséquilibre du niveau de vie. C'est triste. Mais ça n'est pas la meme chose que la prostitution tarifée, encadrée par des armées de macs, avec bordels, hotels de passe, traite des femmes etc. En France aussi, à un degré bien moindre bien sur, il y a des femmes et des hommes qui espèrent épouser un(e) riche, ou seulement quelqu'un qui a une "belle situiation", pour sortir de leur condition sociale. Ca ne disparaitra qu'avec l'égalité sociale.

Pour revenir à Cuba, il y a beaucoup de "jinetera/os" filles et garçons, qui ne sont pas des putes et cherchent seulement à se faire inviter dans les endroits chers, faire des petits trafics, servir de guides etc. En fait, c'est toute la population qui cherche à tirer quelque chose des étrangers... Meme les militants trotskystes chez qui j'étais logé étaient content que j'aille faire des courses dans les magasins à dollars où on vend ce qu'on ne trouve pas ailleurs...

Fondamentalement , il y a -t-il une différence entre la prostitution " tariféee" et la jinetera qui cherche à te rencontrer pas pour tes beaux yeux mais parce que c''est ton fric qui l ' attire?
Tu trouves ça plus sain , moins grave ?
Et n 'est-ce pas comme toujours la prime à ceux qui par leur argent peuvent ainsi disposer de jeunes ou moins jeunes corps ?
Bien sûr , il n ' y a pas de bordels à Cuba , pas ici non plus d' ailleurs ..

Mais conséquence d 'une situation économique difficile , dégradation des moeurs .. Car ces malheureuses qui en sont arrivé là s 'en passeraient biien ..
Et moi nqui suis allé à Cuba , j ' ai connu de véritables réseaux : le copain , ami, ou " parent" vous présente sa soeur , ou celle qu 'il prétend comme telle et vas y que je te pousse ..
C 'est ce dont j ' ai été témoin indirectement ..

Si c 'est pas de la prostitution , ça y ressemble en tous cas ..
Et enfin , Vérié , quand vas tu cesser de mettre dos à dos des régimes , Etats , qui n 'ont rien à voir les uns avec les autres ;: Urss brejnevienne , et Cuba de Castro , par exemple
quijote
 
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Message par Vérié » 24 Juil 2008, 11:13

a écrit : Quijote
Fondamentalement , il y a -t-il une différence entre la prostitution " tariféee" et la jinetera qui cherche à te rencontrer pas pour tes beaux yeux mais parce que c''est ton fric qui l ' attire?
(...) Et moi nqui suis allé à Cuba , j ' ai connu de véritables réseaux : le copain , ami, ou " parent" vous présente sa soeur , ou celle qu 'il prétend comme telle et vas y que je te pousse ..

Si c 'est pas de la prostitution , ça y ressemble en tous cas ..



Je ne dis pas non plus que la prostitution n'existe pas à Cuba ! Je dis qu'elle n'a pas le meme niveau et le meme caractère sordide qu'elle avait sous Battista et qu'elle a en Thailande et dans d'autres pays. Quant à la différence, eh bien la frontière est parfois étroite entre les deux, je suis bien d'accord. Mais ce n'est pas la meme chose, cette différence existe quand meme. Sinon, il faut considérer qu'une bonne partie des femmes mariées ou des concubines d'hommes qui les entretiennent (ou qui ont des revenus nettement plus élevés) sont aussi des prostituées. Remarque, il y a des gens qui considèrent que le mariage, c'est la
prostitution...
a écrit :
Et enfin , Vérié , quand vas tu cesser de mettre dos à dos des régimes , Etats , qui n 'ont rien à voir les uns avec les autres ;: Urss brejnevienne , et Cuba de Castro , par exemple


Tu n'as pas du bien lire : c'est une réponse à Artza qui faisait justement cette comparaison absurde entre la sympathie pour les bolcheviks et la sympathie pour les FARC... :rtfm:
Vérié
 
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Message par Vérié » 24 Juil 2008, 15:36

Pour revenir à Bétancourt, voici un article sur elle publié en 2004 par une journaliste colombienne de gauche. Article qui montre bien qu'il était possible, bien avant sa libération, son voyage à Lourdes et sa décoration par Sarko, de savoir qui était cette politicienne, qui, entre autres, a fait du lobbying en faveur des narcos tout en dénonçant la corruption. Et qu'on avait essayé de nous vendre pour une pauvre biche écolo.
a écrit :
La déification d'Ingrid

Par María Jimena Duzán (El Tiempo, lundi 23 février 2004)

Je pense parfois que si les médias, les analystes, la classe politique et le pays en général n'étions pas restés silencieux par respect de la douleur d'Ingrid et de sa famille; si nous avions démystifié à temps cette fausse image de Jeanne d'Arc créole qu'elle trace dans son livre "La rage au coeur", dans lequel sans rougir le moins du monde elle apparaît comme l'unique personne ayant une audace morale et éthique, propriétaire de la dernière âme incorruptible de Colombie, Ingrid n'aurait pas cru ses propres mensonges, elle ne se serait pas risquée à aller là où sont les Farc et nous la verrions figurer dans la politique colombienne, aux côtés d'une Maria Emma [ex-ministre libérale des Affaires étrangères et ex-candidate à la mairie de Bogota], cheminant avec la même grâce au-dessus des sables mouvants; d'une Noemi [Noemi Sanin, ex-ministre des Affaires étrangères et actuelle ambassadrice de Colombie à Madrid], ouvrant son chemin au sein de l'uribisme [vision politique de l'actuel président Alvaro Uribe] ou se battant dans l'opposition solitaire d'une Piedad Cordoba [sénatrice qui propose un accord humanitaire qui permettrait d'échanger des otages de la guérilla contre des guérilleros emprisonnés].

Si Ingrid n'avait pas été obnubilée par les louanges des médias français qui l'ont convertie en personnage mélodramatique, il est possible qu'aujourd'hui, après son enlèvement, les Européens ne l'auraient pas catapultée au statut de combattante pour les droits humains, sans qu'elle le fût auparavant, et ne lui auraient pas octroyé le grade de leader écologique, en dépit du fait qu'on ne lui ait jamais connu sa passion pour les verts.

Si au lieu d'être demeurés silencieux par pudeur, par solidarité avec son impuissance, sachant que la séquestration est comme une mort au cours de la vie et si, au contraire, nous avions dépoussiéré, lorsque c'était nécessaire, des épisodes de son passé dont elle ne veut pas se souvenir et qui la ramènent malheureusement au monde des mortels, à celui des politiciens qui se trompent, au monde des liaisons dangereuses, comme lorsqu'on la voyait aller de la main du politicien contesté Carlos Alonso Lucio [ex-guérillero reconverti et ex-sénateur, il fut accusé de financer par le narcotrafic la campagne de l'ex-président Ernesto Samper] faisant du lobbying au Congrès pour solliciter la maison plutôt que la prison pour les narcos; si nous avions eu l'intrépidité de dire que son passage au Congrès ne laissa pas non plus une empreinte indélébile dans la mémoire des Colombiens, car malheureusement ses propositions parlementaires furent très peu nombreuses; si nous avions dit tout cela, peut-être cette fable qui entoure l'image d'Ingrid en Europe n'aurait-elle pas atteint les extrêmes d'aujourd'hui, quand s'acccomplissent deux années de son ignominieuse séquestration aux mains des Farc.

Mais non. La figure d'Ingrid a transcendé la fiction de son livre. Elle est devenue mythique, un symbole européen, de moins en moins maniable par les Colombiens, y compris par ceux qui continuons à nous faire l'avocat d'une issue digne et d'un accord humanitaire qui permette de ramener tous les séquestrés chez eux. Maintenant, selon ce que je lis dans la presse européenne, "sa lutte" fait partie de l'inventaire de symboles qui encouragent la lutte contre la globalisation. Et dire qu'elle s'est caractérisée par le contraire, étant en faveur du libéralisme économique et s'exprimant durement contre la corruption, mais restant toujours au sein de l'establishment.

Je ne sais si, depuis sa captivité, Ingrid partage la façon dont l'Europe fait pression et exige du gouvernement sa libération; ni si cela lui plaît qu'on insiste tant sur son cas alors que des centaines de Colombiens, séquestrés longtemps avant elle, pourrissent dans la jungle au pouvoir de la guérilla, sans susciter de pancartes dans les rues de Paris, car ils ne parlent pas français. Peut-être, si les Européens et nous-mêmes nous connaissions mieux mutuellement, qu'Ingrid n'aurait jamais écrit ce livre, qu'elle n'aurait jamais cru être la Jeanne d'Arc colombienne et qu'elle se serait résignée à être une politicienne brillante, intelligente, loquace, terriblement ambitieuse; une femme courageuse, dotée d'un flair politique impressionnant et qui pourrait être aujourd'hui plus proche du Président [Alvaro Uribe] que beaucoup d'entre nous l'imaginons.


Sinon, la discussion précédente est un peu surréaliste, dans la mesure où, sauf erreur de ma part, nous sommes tous d'accord pour :
-Un soutien critique aux FARC contre Uribe.
-Un soutien critique à Cuba contre l'impérialisme.
Les divergences, s'il y en a, ne porteraient donc que sur des nuances, à savoir le degré de brutalité et de stalinisme des FARC, et le niveau de la prostitution à Cuba.

Sur ce dernier plan, si la décomposition sociale, la corruption sont des phénomènes indiscutables et inévitables dans la situation de Cuba, il faut tout de meme bien comprendre que ce que veut nous faire admettre la propagande impérialiste, c'est que Cuba, c'est pareil que sous Battista, voire que c'était mieux sous Battista (c'est un courant à la mode). Pourquoi ? Tout simplement parce que la révolution cubaine reste tout de meme un exemple qui fait vibrer les coeurs en Amérique latine, meme si l'image se détériore de jour en jour. Et l'impérialisme voudrait bien tirer un trait là-dessus pour décourager les vocations révolutionnaires.
Vérié
 
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