a écrit :
Zimer @ jeudi 12 juin 2008 à 11:48)
moi je pense qu'il est faux de chercher a quantifier ce qui reste de propriété étatique, de mesurer la proportion de celle-ci vis à vis de la propriété réellement capitaliste et privée et de proclamer lorsque l'on estime que cette dernière" est devenue majoritaire que "Ouf cette fois c'est sur la Russie est bien un État Bourgeois et le capitalisme est solidement restauré", je pense qu'en soit cette démarche est capitaliste d'Etat et non trotskyste .....
Je suis bien d'accord avec toi sur le fait que la nature d'un Etat ne se mesure pas à la proportion de capitalistes privés. Cette vision n'a en effet rien à voir avec la théorie marxiste de l'Etat. Sinon, la Commune n'aurait pas été le premier Etat prolétarien, puisque l'économie est restée privée à 95 %. Mais je ne vois pas ce qui peut te faire dire que cette démarche serait celle des capitalistes d'Etat. :33:
En revanche, c'est en partie celle de LO, qui :
1) Essayait jadis de démontrer qu'il y avait plus de bourgeois privés en Chine et dans les démocraties populaires qu'en URSS.
2) Qui aujourd'hui essaie de prouver que la propriété privée ne serait pas encore complètement restaurée, resterait fragile etc.
a écrit : Gaby
C'est fou comme il suffit de répêter qu'il ne s'est rien passé il y a 20 ans pour finir par y croire... Vérié le fait très bien, comme d'autres, unis par cette fable... "l'Etat a été conservé comme tel", ad nauseam.
Rien passé en 91 ? Non, je n'ai jamais dit cela, j'ai même souligné l'importance du changement. Ce que je dis, c'est que ces changements se sont effectués avec le même appareil d'Etat. On ne peut tout de même pas dire que l'appareil d'Etat de l'URSS a été détruit en 91. D'ailleurs Poutine lui-même est un pur produit de cet appareil. Si tu n'es pas d'accord, il faut que tu nous expliques concrètement ce qui a changé dans cet appareil (bureaucratie, armée, police, services spéciaux.) Le KGB a changé d'étiquette, c'est désormais le FSB, et c'est un des pilliers du pouvoir... comme sous Brejnev et Staline. Ce qui est logique, ces gens-là peuvent servir n'importe quel maître... sauf le prolétariat.
a écrit : Luc
Le terme "capitalisme d'état" me semble peu approprié. En fait il désigne deux choses structurellement différente, les bureaucratie d'un état de moins en moins ouvrier, et les structure d'un état bourgeois en mal de bourgeoisie nationale. L'urss de kroutcheff et l'egypte de Nasser. Sauf si Vérié m'explique en quoi les deux situations sont équivalentes, je me refuse a faire cet amalgame. Ernest
Dans l'Egypte de Nasser (ou l'Algérie de Boumedienne), la propriété privée n'avait pas été abolie. Mais l'Etat jouait en effet un role important dans l'orientation de l'économie. La comparaison avec la Chine, où la propriété privée avait été abolie, est plus instructive. Néanmoins, je pense qu'il y a tout de meme des points communs entre ces Etats (URSS, Chine, Egypte de Nasser) et d'autres comme le Mexique de Cardenas etc. Il s'agit de tentatives d'Etat "en mal de bourgeoisie nationale" pour reprendre ton expression de construire une économie et une puissance militaire. Mais, bien évidemment, ces tentatives sont plus ou moins abouties, il y a différents degrés. L'Egypte, l'Algérie, le Mexique n'ont pas réussi à concentrer le capital aux mains de l'Etat aussi complètement et aussi longtemps que la Chine et l'URSS. Il y a en effet toutes sortes de résistances à ces tentatives : résistances de la bourgeoisie privée, de la petite bourgeoisie (paysannerie etc), résistance de l'impérialisme. Trotsky pensait que seule un Etat mis en place par le prolétariat avait la capacité de briser complètement ces résistances. Il s'est trompé, puisque la Chine y ait parvenue.
Néanmoins, il y a en effet des points communs entre toutes ces tentatives de sortir à marches forcées du pré-capitalisme pour batir une économie nationale indépendante. Tu remarqueras d'ailleurs que, dans tous ces pays (notamment en Algérie), les staliniens se sont mis au service des fractions les plus étatistes de la bourgeoisie nationale et parlaient du "secteur socialiste" de l'économie pour désigner les entreprises nationalisées.
a écrit :
Mandel avait inventé les "état de transition", terme vague s'il en est : transition entre quoi et quoi ?
C'est en effet la bonne question : transition entre quoi et quoi ? Pour Mandel (et un cecrtain nombre d'autres), il s'agissait bien évidemment de la transition entre socialisme et capitalisme, mais cette transition était "bloquée" par la bureaucratie.
Et c'est là leur erreur fondamentale : il s'agissait plutot d'une transition entre une société pré-capitaliste et une société capitaliste. On le voit bien en URSS et en Chine aujourd'hui. Ces économies (dites par Mandel) "de transition" ne représentaient pas du tout un dépassement du capitalisme.
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Sur les termes "capitalisme d'Etat". On peut les comprendre de différentes manières : l'économie de la Chine et de La Russie sont aujourd'hui pour une bonne part "capitalistes d'Etat" dans le sens où l'Etat joue un très grand role ans l'économie, plus grand qu'en France ou aux Etats unis. C'est le "capitalisme d'Etat" dans le sens où l'entendait par exemple Lénine pour l'économie de l'Allemagne pendant la première guerre mondiale. Et il y a le capitalisme d'Etat "total", comme en URSS ou en Chine, que Cliff désigne sous le terme "capitalisme bureaucratique d'Etat".
Quant aux "capitalistes d'Etat" pour désigner ceux qui contestent l'analyse trotskyste de l'URSS, on ne peut pas parler d'eux en bloc, vu qu'il y a des théories très différentes. Cliff, Munis ou Bordiga n'ont pas grand chose à voir avec Schatchmann et Burnham... (Mais il est vrai que les trotskystes sont presqu' aussi divisés sur de nombreux points.)