autonomie de Santa Cruz ?

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Message par com_71 » 08 Mai 2008, 07:53

(lo a écrit :Bolivie - Les autonomistes ne sont pas partageux !

En Bolivie, à l'initiative de la droite locale, le département de Santa Cruz vient d'organiser un référendum sur la revendication de l'autonomie. En effet il y a des années que les classes possédantes, dans cette région riche en hydrocarbures et en grands domaines producteurs de soja, cherchent à faire sécession du reste de la Bolivie, afin de conserver pour elles seules le produit de ces richesses.

Depuis l'arrivée du MAS et d'Evo Morales à la tête du pays il y a deux ans et demi, la droite et l'oligarchie multiplient les obstructions à un régime qui affirme son intention de faire profiter les classes pauvres d'au moins une partie de la rente gazière. Elles se sont tour à tour opposées aux travaux de l'Assemblée constituante, qui devait doter la Bolivie d'une Constitution assez proche de celle adoptée par le régime de Chavez au Venezuela, à la réforme agraire et enfin à la nationalisation des hydrocarbures.

Le 4 mai, près de 40 % des électeurs du département de Santa Cruz se sont abstenus, et 20 % ont voté contre, mais la droite claironne malgré tout que 80 % de la population serait pour l'autonomie. Cette « autonomie » n'est que la dernière machine de guerre de la droite pour mettre des bâtons dans les roues du régime. Elle affiche un mépris pour les pauvres qui, en Bolivie, se confond avec un racisme contre les Indiens, qui constituent la majorité des classes populaires.

Quant à l'autonomie revendiquée, ce n'est pas celle qui permettrait à la population, y compris la plus déshéritée, de décider localement de son sort, mais celle qui permettrait aux classes riches de conserver pour elles seules la rente du gaz et les profits des grands domaines agricoles. La droite s'apprête à organiser des consultations identiques dans trois autres départements (il y en a neuf au total) ; ces quatre départements concentrent ensemble deux tiers de la richesse du pays.

Si ce projet se réalisait, les possédants de ces régions les placeraient sous une domination plus directe encore des grands groupes capitalistes, se souciant peu que les pauvres plongent un peu plus dans la misère, comme on le voit ces temps-ci avec la spéculation sur les denrées alimentaires.

Mais la mobilisation de la population pauvre a déjà fait beaucoup en Bolivie, ces dernières années, pour tenter d'imposer un autre partage des richesses locales. Et elle peut encore peser contre ces projets de sécession des possédants décidés à tout faire pour conserver leurs richesses.

Jacques FONTENOY
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par artza » 08 Mai 2008, 08:52

Et oui, le droit des peuples est une excellente chose, mais derrière bien des revendications d'indépendance ou d'autonomie, il s'agit de bien autre que de liberté pour le peuple!

A ce propos Lénine, partisan résolu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes précisait, que si le divorce est un droit fondamental, il ne saurait être obligatoire, et il ajoutait que soutenir le droit d'un peuple à l'indépendance s'accompagnait impérativement du refus de tout privilège futur pour ce peuple.
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Message par Vérié » 08 Mai 2008, 10:51

Les velleités autonomistes de la bourgeoisie de Santa Cruz n'ont bien évidemment rien à voir avec le droit des peuples à disposer d'eux-memes. En l'occurence, il s'agit du droit de la bourgeoisie bolivienne compradore à profiter des miettes que lui laissent les pétroliers.

Ce référendum est la dernière étape du bras de fer qui oppose la droite, les pétroliers et la bourgeoisie de "l'Oriente" (4 provinces pétrolières : Santa Cruz, Beni, Tarija, Pando, soit 30 % de la population) au gouvernement Morales.

Morales ne cesse de reculer voire de capituler devant la droite, ce qui l'encourage :
-Acceptation de la majo des deux tiers à l'assemblée constituante, ce qui donne à la droite une minorité de blocage des réformes,
-Réforme agraire toujours bloquée (pas votée par l'AC)
-Nationalisation des pétroles adoptée en Juin 2006 toujours sans effet, malgré la création d'un office national (YFPB) qui ne controle rien.

Parmi les pouvoirs que s'arrogerait la bourgeoisie de Santa Cruz, il y a notamment la fiscalité, qui permettrait d'empecher le gouvernement de taxer lourdement les pétroliers. Et les lois sur la propriété des terres.

Morales annonce qu'il ne reconnait pas ce référendum et va lancer un référendum national révocatoire. De son coté, les oligarques de Santa Cruz annoncent l'élection prochaine d'un parlement régional de 28 membres. (Quand les résultats définitifs du référendum seront connus. En Bolivie, c'est long ! Pour le moment, c'est officiellement 71 % des participants.)

Il y a aussi un aspect ethnique sur lequel joue beaucoup la bourgeoisie de SC : la majorité de la population est blanche et le racisme anti-indien est très fort. Pour la bourgeoisie et la petite bourgeoisie de Santa Cruz, les Indiens andins sont des pouilleux, pas question de prendre de l'argent aux pétroliers pour assurer le développement des régions misérables. Santa Cruz ressemble à une ville du Texas, avec des avenues rectangulaires, des immeubles en verre et acier, des villas luxueuses, des armadas de 4 X 4, alors que le niveau de vie de la Bolivie est proche de celui des pays africains - seule Haiti est encore plus bas dans cette région du monde.

Le problème de Santa Cruz et du pétrole est exacerbé par la hausse des prix. Les camionneurs indépendants, les chauffeurs de taxis collectifs etc se sont mis en grève : ils paient l'essence au prix international, plus cher que les Brésiliens, alors que le pétrole et le gaz bolivien sont exportés vers le Brésil, l'Argentine etc.

Difficile de prévoir l'avenir : les capitulations répétées de Morales ont découragé une bonne partie de la population, de meme que la corruption ultra rapide du MAS. Un ministre vient encore d'être incarcéré ces jours-ci. De plus Morales a toujours refusé de s'appuyer fermement sur la population pour contrer les manoeuvres de la droite. Il semble plutot compter sur l'hostilité de l'armée (très nationaliste évidemment) à la sécession et aussi, paradoxalement, sur les pays voisins comme le Brésil qui ne voit pas d'un bon oeil un projet de sécession, d'une part car il craint pour la stabilité de la production des produits pétroliers, d'autre part parce que ça pourrait servir d'exemple en Amérique du Sud où les particularismes régionaux et les veilleités d'autonomie ne manquent pas.

Il est donc probable, sauf intervention massive de la population, que ça va se conclure par un nouveau compromis-recul devant la droite...
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Message par Vérié » 22 Mai 2008, 18:05

Comme on pouvait s'y attendre, Morales n'a perdu de temps pour capituler devant les oligarques factieux de Santa Cruz et les autres provinces menaçant de faire sécession. Alors que les "Civiques" (droite) de Sucre (autre capitale régionale) lui infligent l'humiliation de refuser sa présence, les partis de gouvernement (MAS, MNR etc) lancent un "appel à la réconciliation nationale", pour négocier, avec des repésentants de l'Eglise, de l'armée etc... l'autonomie des provinces. La droite n'a pas encore répondu à cet appel. Mais il est clair que ce recul ultra-rapide va l'encourager à se montrer encore plus exigeante...
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Message par Jenlain » 31 Mai 2008, 09:19

paru sur le site de Ouest France ...

a écrit :Bolivie : les Indiens face à la fronde des Blancs

Des partisans indiens du président Evo Morales ont été violemment pris à partie, le week-end dernier, à Sucre, la capitale constitutionnelle. : Reuters
Les élites classiques n'ont pas digéré l'élection d'Evo Morales, un Indien socialiste, à la tête du pays, fin 2005. Les régions riches et blanches veulent leur autonomie.

Ils étaient venus en délégation à Sucre, la capitale constitutionnelle de la Bolivie, pour recevoir des aides de « leur » Président. Samedi dernier, ces chefs de la paysannerie indienne se sont retrouvés à genoux, torse nu, impuissants devant leurs drapeaux et leurs habits traditionnels en flammes, sous les quolibets et les pierres d'étudiants blancs armés de bâtons. Le tout sous le regard complaisant des élus locaux.

Cette scène a provoqué la condamnation des Nations unies et révulsé nombre d'universitaires français, qui évoquent « les heures les plus sombres de l'époque coloniale ». Elle met en évidence la dérive raciste du conflit qui oppose la majorité indienne de la population bolivienne, favorable à Evo Morales, à l'opposition citadine menée par l'élite blanche.

Ce débordement a eu lieu à quelques jours d'un référendum sensible, convoqué par l'opposition au président Morales : dimanche, les électeurs des départements riches en hydrocarbures de Beni et Pando (Nord) doivent décider de l'autonomie de leurs régions. Un scrutin jugé « illégal » par le pouvoir.

Comme leurs voisins de la prospère Santa Cruz (Ouest) l'ont fait au début du mois, les « autonomistes » de Beni et Pando veulent s'émanciper ainsi du gouvernement « gauchiste » élu en 2005 et de sa nouvelle Constitution, redistributrice et pro-indienne.

Malgré les plates excuses de l'opposition, les événements de samedi trahissent un état d'esprit répandu dans les classes moyennes boliviennes. « Il faudrait exterminer ces peuples originaires pour pouvoir travailler », résumait, en 2003, une commerçante de La Paz, au plus fort de blocus indiens musclés et répétés.

Les références aux nazis ou oustachis bannies, mais...

À Santa Cruz, capitale de l'agro-industrie, où une forme de servage a longtemps subsisté, les étudiants de l'Union juvénile crucègne (UJC) dispersent à coups de batte les manifestations d'Indiens dont ils méprisent le « sous-développement ». Certains militants ne renient pas l'usage de la croix gammée.

Le mythe de la suprématie blanche n'est pas nouveau dans le pays : le nazi Klaus Barbie, réfugié en Bolivie dans les années 1950, s'était dit « réconforté » à son arrivée par un défilé de « phalangistes » boliviens. Avec d'anciens SS, il aidera, vingt ans plus tard, les dictateurs à réprimer l'extrême gauche.

Les références aux nazis ou oustachis - de nombreux Croates anti-Tito s'étaient réfugiés en Bolivie - sont aujourd'hui bannies des discours. Mais le dirigeant de Santa Cruz, Branko Marinkovic, évoque le « sang à verser » dans la « guerre » contre le « communiste » indien Morales.

Michel TAILLE.
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Message par Vérié » 31 Mai 2008, 10:56

Diverses ripostes à ces agressions fascistes sont en cours. Notamment des blocages de routes par les paysans pour boycotter les élections et référendums régionaux organisés par les séparatistes.

Difficile de connaître l'ampleur de ces réactions et le rapport de forces. Mais la LOR CI (seule orga trotskyste dont le site suit les événements, la dernière publication du POR remonte à 2007) signale l'organisation d'habitants de plan 3000
(un quartier populaire de Santa Cruz, capitale des oligarques séparatistes.)

Il y a eu récemment aussi un très grand rassemblement à El Alto, la cité populaire au dessus de La Paz.

La LOR CI mpet en avant la coordination des luttes en cours et intervient dans le congrès de la COB qui se tient en ce moment.

Toutefois, le niveau des luttes est beaucoup plus bas que voici un an, les tergiversations et reculs de Morales ont écoeuré beaucoup de gens, qui ne semblent pas prêts à s'opposer frontalement à lui. Surtout face à la menace d ela droite. (La LOR CI parle de véritable danger fasciste dans les provinces séparatistes.) Et, en effet les groupes para-militaires comme l'UJC - Union de Jeunesse Cruzeros - sont très bien organisés, armés et financés par la bourgeoisie locale et en particulier par les pétroliers.

A propos des pétroliers, il faut signaler le role de Total. Total vient de découvrir un gisement énorme dans une région de Chuquisaca (département dont la capitale est Sucre, lieu des affrontements cités dans l'article mis en ligne.) Or, ces gisements sont situés sur des terres indiennes, reconnues en principe comme telles par la nouvelle constitution "indigéniste". Inutile de faire un dessin.

Parmi les derniers reculs de Morales face à la droite de plus en plus arrogante :
-La libération de Goni, l'ex-président hai qui avait fait tirer sur la foule en 2003.
-Manfredo Reyes, facho notoire, toujours gouverneur de Cochabamba, en dépit de toutes les manifs de protestation, a été chargé d'une mission diplomatique internationale importante en signe "d'apaisement".
Vérié
 
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