Beaucoup de choses dépendent de ce qu'on appelle Parti. Est-ce qu'à 10 000, 20 000, on est un parti? Sa dépend aussi de quelle implantation on a, quel rayonnement, et dans quels milieux...
Personnellement ça me semble pas inimaginable que dans la période actuelle l'extrême gauche gagne du terrain dans les milieux populaires. Y a des luttes, principalement dans la jeunesse. Y a eu les émeutes de banlieues, et même si je ne mets pas ça à égalité avec le CPE et les autres mouvements, ça a montré un ras le bol, une certaine révolte. Et c'est bien malheureux que LO ait théorisé qu'on avait rien à faire avec ces Lumpen ( la grosse vanne lors du débat LO-LCR où le camarade a dit un truc du style " Allez le construire votre parti avec ceux qui brûlent des voitures" ). Quoi qu'on en dise depuis plus de 10 ans, y a les succès électoraux soit de la Ligue soit de LO mais qui montre clairement qui a plusieurs millions de gens qui sont sensibles à notre discours ( et 10 000, 20 000 personnes ça ne serait qu'une part infime des gens qui votent pour l'extrême gauche ). Et puis ces derniers temps, il se passe surtout rien à gauche. Rien qui pourrait donner envie en tout cas à quelqu'un d'un peu révolté de se tourner vers le PS ou le PC. Autre chose dont on ne parle pas très souvent non plus : la prolétarisation croissante des classes moyennes... Alors oui même si les travailleurs sont globalement au 36è en dessous, qu'ils ne luttent que de manière morcelée et donc inefficace, la période offre quand même des perspectives de développement.
Après je trouve moi aussi que le discours de la LCR embellie trop tout ça, que les camarades s'enflamment parfois pour tout et n'importe quoi. Si je dis qu'il faudrait un juste milieu entre l'analyse de la Ligue et celle de LO, ça accréditera l'idée que certains se font comme quoi la Fraction est politiquement entre la Majo et la LCR... Alors je ne le dis pas
Je crois que la situation telle qu'elle est offre des perspectives à l'extrême gauche. Après y a peut-être des choses à réévaluer de notre côté aussi. Je pense au type de militantisme qu'on a. Le "militantisme professionnel"... Dans une période d'après mai 68 où y avait pratiquement le plein emploi, une certaine insouciance dans la jeunesse favorisée, on pouvait plus aisément proposer ce militantisme que maintenant. Non seulement avec la dépolitisation, militer, voir s'intéresser à la politique semblent étranges à pas mal de gens, mais en plus t'as la pression du chômage, de la précarité qui fait fait que c'est pas évident de s'engager avant d'avoir une perspective d'avenir un peu concrète. Bref là dessus je n'ai pas de solutions miracles à proposer, mais ça ne serait pas un mal d'y réfléchir un peu...