(canardos @ samedi 29 mars 2008 à 11:30 a écrit :
alors evidemment yannalan, les tibetains ne veulent pas retourner au servage, se voir confisquer leur terre par l'aristocratie, renoncer à l'école et aux soins médicaux.
mais c'est sur que c'est pourtant ce qui arriverait si le clergé tibetain revenait au pouvoir.
Je crois que le coeur du débat (ou du dialogue de sourds) est là : pour moi, il est évident qu'aucune force sociale ne veut ni ne pourrait restaurer la situation d'il y a 60 ans. Et ce n'est certainement pas l'option du Dalaï Lama, qui a affirmé dès le début des années 60 son opposition à la restauration de l'ancien régime, qu'il a à plusieurs reprises caractérisé de féodal. Quand j'ai écrit dans un message qu'il ne faut pas prendre les Tibétains pour des abrutis, je visais notamment l'idée qui voudrait que les Tibétains pourraient se résigner à revenir 60 ans en arrière. Et il ne faut pas non plus croire qu'il n'existe pas de force laïque (notamment, le Mouvement de le jeunesse tibétaine, qui a des milliers de membres en exil, et qui n'est guère clérical).
L'idée d'une révolte fomentée par les religieux et le Dalaï Lama dans le but de restaurer le servage est incongrue. D'ailleurs, si on veut chercher une main hors du Tibet, il serait plus crédible de dire que des jeunes Tibétains en exil ayant quelque fortune veulent obtenir l'indépendance de leur pays pour y faire du business et exploiter leurs compatriotes. Je ne crois guère à cette explication, mais elle a au moins le mérite d'une certaine cohérence.
Je passe sur le fait que je nierais la réalité des pogroms qui se sont déroulés à Lhassa, et autres bêtises du même genre. Je me sens même bien seul pour dénoncer l'attitude de la police chinoise, qui a assisté aux lynchages sans rien faire, et est intervenue après.
En ce qui concerne la question des "colons" : oui, les fonctionnaires chinois au Tibet (qui forment la plus grande partie des travailleurs chinois de Lhassa) et les marchands chinois participent à un processus de colonisaition, de même que les Israëliens non palestiniens, qui se sont faits piéger par l'entreprise sioniste. C'est une situation tragique, dont ils ne sont pas responsables. Et aucune solution juste ne passerait par leur renvoi systématique. Il faut cependant noter que, dans les années 80, lorsque le président chinois d'alors reconnut que le Tibet vivait une situation de type colonial, il fit rapatrier des milliers de fonctionnaires du Tibet.
Domenico Losurdo étant un important philosophe et un piètre historien, sa dénonciation du Tibet d'avant 1949 ne devient intéressante que s'il nous livre sa pensée sur les propositions qui sont faites pour l'avenir du Tibet.