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Message par Gaby » 02 Jan 2008, 23:26

(allociné @ synopsis a écrit :Angie se fait virer d'une agence de recrutement pour mauvaise conduite en public. Elle fait alors équipe avec sa colocataire, Rose, pour ouvrir une agence dans leur cuisine. Avec tous ces immigrants en quête de travail, les opportunités sont considérables, particulièrement pour deux jeunes femmes en phase avec leur temps.


J'ai bien aimé. Un film sur la petite bourgeoisie et ses "choix", sur la classe ouvrière souvent immigrée, sur la liberté et son pendant, les contraintes. Sans trop raconter l'histoire, un peu comme dans notre expérience à tous, il ne manque qu'un élément de la société, la grande bourgeoisie qui n'apparait à aucun moment, sauf par son organisation sociale.
Gaby
 
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Message par Valiere » 03 Jan 2008, 12:22

Il paraît que le film marche très bien...Dommage que pour son lancement le débat ait eu comme invité principal : Lional Jospin
Valiere
 
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Message par yannalan » 03 Jan 2008, 12:53

C'est un très bon film. On prend la dégradation du capitalisme en pleine poire et on frémit en pensant que ce qui se passe en GB est le rêve de Sarko ici.
yannalan
 
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Message par Casimirowski » 04 Jan 2008, 13:48

J'ai aimé ce film qui montre que l'organisation capitaliste de la société n'offre pas d'issu, qu'elle peut pousser des individus, aux idées peu claires, sans être pour autant des monstres à commettre l'irréparable.
Comme souvent avec Ken LOACH, de l'émotion ! J'ai été particulièrement touché par le visage de l'ukrainienne à la fin du film, on peut y lire tout l'espoir de cette femme dans l'accession à une vie meilleure.
Casimirowski
 
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Message par Félix Edmundovitch » 04 Jan 2008, 18:00

:x

Je pense qu'il faut se ruer sur les scéances avec nos milieux, parce que (pour ne prendre que l'exemple de ma ville), les cinémas qui le passent ne sont pas si nombreux...
Félix Edmundovitch
 
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Message par bidule » 06 Jan 2008, 23:16

(Gaby @ mercredi 2 janvier 2008 à 23:26 a écrit :Un film sur la petite bourgeoisie et ses "choix"

(Ken Loach @ interview dans Rouge n° 2233, 03/01/2008 a écrit :
Rouge • Le personnage d’Angie, complexe, séduisant, sympathique, commet peu à peu de belles saloperies. Que représente-t-il ?

Ken Loach – Angie vient de la classe ouvrière mais, virée d’un travail qu’elle fait aussi bien que son patron, elle en a assez d’être victime, et elle décide de monter son agence d’intérim « spéciale immigrés ». Dans ce but, elle doit gagner de l’argent, faire des choses illégales : elle encaisse les charges sociales, mais ne les déclare pas. Elle trouve le moyen de sous-louer des pièces aux travailleurs. Peu à peu, elle gagne de l’argent et devient obsessionnelle. Ceux qui agissent ainsi ne voient les travailleurs que comme un moyen d’atteindre leur but. C’est cela la moralité des affaires. Angie n’agit pas de manière atypique, elle est à l’image des entrepreneurs de son temps. Ce qu’elle fait est inhérent à la logique du profit.


Rouge • Angie vient de la classe ouvrière, mais elle choisit le camp adverse, par contamination idéologique. Rose, son associée, veut payer les travailleurs, mais Angie refuse, car « c’est un monde libre »…

K. Loach – C’est ce que le monde dit : tout est marché. Angie est dans le coup. Rose n’accepte pas la logique du profit. Elle n’agit pas en femme d’affaires, au contraire d’Angie, qui agit en conformité avec le monde capitaliste.


Bon, moi je ne sais pas trop si Angie est issue de la petite bourgeoisie ou de classe ouvrière - si Ken Loach le dit...

Si elle est de la classe ouvrière, c'est peut-être par ses origines (mais la maison de ses parents est pas mal, même si ça peut encore être celle de salariés moyens), et par son statut de salarié. Mais c'est tout de même classe ouvrière tendance "petit chef"... car n'est pas recruteur, dans les pays de l'est en plus, n'importe qui. En tout cas pas un total naïf...

Plusieurs films ont traité de ce thème de la "formation" (les choix à faire) d'un salarié - à responsabilité - de services de ressource humaines ("Ressources humaines" ou "violence en milieu tempéré" - ou quelque chose comme ça).

Donc dès le début, Angie n'est pas vraiment un personnage sympathique. Même si elle se trouve victime des "manières" des hommes qui font le même travail qu'elle et même si elle se fait virer, même si elle est décidée à ne pas rester victime.

Donc on entend un peu trop souvent à propos de ce film un discours qui prête le flanc de façon un peu complaisante à l'idée que "tu vois, ils peuvent être de la classe ouvrière, et tu vois ce qu'ils sont capables de faire, exploiteurs de la pire espèce".

Même si ça existe : même des immigrés clandestins peuvent se retrouver exploiteurs d'autres immigrés clandestins. Mais même là, ce ne sont pas forcément des travailleurs qui exploitent d'autres travailleurs : "immigrés clandestin" ne veut d'ailleurs pas forcément dire "travailleurs immigrés clandestins" (même si des travailleurs peuvent exploiter d'autres travailleurs, cela existe aussi, OK)

Tout ça à cause de quoi ? Le film évoque l'impunité dont bénéficient ceux qui sont prêts à exploiter, même dans l'illégalité. Il montre où cela peut mener.

Mais est-ce nouveau ? Est-ce une spécificité britannique ?

En tout cas c'est traité de façon marginale dans le film qui insiste plutôt sur la mentalité de l'exploiteur.

Pourtant, c'est cette impunité, cette absence de contrôle sur les agissements des exploiteurs qui est le plus à mettre en cause.
bidule
 
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Message par Gaby » 06 Jan 2008, 23:31

Bon, parcequ'on développe un peu, je mets un gros écriteau SPOILERS, NE LISEZ PAS CE QUI SUIT SAUF A VOULOIR CONNAITRE QUELQUES ELEMENTS DU FILM.



Par rapport à l'interview de Loach...
C'est marrant, mais je vois plutôt Rose comme le personnage qui malgré des scrupules, est tout de même toujours rattrapé par ses intérêts... et dont l'évolution est plus hésitante, mais pas fondamentalement différente.

Quant à Angie, je ne sais pas trop ce qu'a été sa famille, mais bon quand même, pour en faire une petite bourgeoise, je ne vais pas chercher très loin : elle devient petite patronne, avant de faire grandir encore son affaire à partir de ses extorctions. De même, comme tu dis bidule, elle est cadre au début du film. Loach en fait une membre de la working-class (pas une "industrial worker" pour autant), pourquoi pas, elle est salariée soumise à des difficultés, mais bon... En tout cas c'est autre chose dans le film, la précarisation des classes moyennes, le chômage pour les diplômés et les jobs valorisés.
Gaby
 
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Message par yannalan » 07 Jan 2008, 09:22

Pour répondre à Bidule :
Sur les origines sociales d'Angie : son père est un ancien délégué syndical, qui a boss&é30 ans dans sa boîte. Qu'il ait une maison habitable n'en fait pas obligatoirement un petit-bourgeois. En France aussi, un ancien docker peut se payer une baraque très correcte.
Angie n'ap pas pu accéder à un boulot sûr, elle le dit,elle n'a fait que des boulots de merde en 10 ans. Là elle en a marre et sa révolte ne s'oriente pas vers le communsisme révolutionnaire mais vers l'aventure individuelle en écrasant les autres s'il le faut. Ca me rappelle un peu "Rosetta"
Le second comportement , dans notre société, me semble majoritaire par rappoort au premier malheureusement
Comme tu le ds "c'est pas nouveau". Ce qui l'est c'est de le montrer clairement
yannalan
 
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Message par Ottokar » 07 Jan 2008, 12:19

Jusqu'à présent on ne déflore pas trop le film, tâchons de continuer.

Le personnage principal du film est au départ une salariée, disons petite cadre, dont le père est un ouvrier "normal" qui s'est payé sa maison. Il est choqué que sa fille se transforme en négrier et embauche des gens des pays de l'Est au noir, lui qui a travaillé dans les règles toutes a vie, cela se comprend. Et il craint aussi pour l'avenir, pour les jeunes, qui seront mis en concurrence avec ceux-là.

Le constat est donc intéressant d'autant que le personnage principal n'est pas un affreux, la fille est même assez sympa au début.

Je trouve que Ken Loach reflète assez bien l'évolution de la société ; et ce n'est guère réjouissant. Ses premiers films, comme Riff Raff, mettaient en scène des ouvriers anglais avec encore des restes de solidarité. Ils se débrouillent mais il y a un ancien syndicaliste avec une conscience de classe ; ils sont forcés de bosser au black et de se débrouiller car il n'y a plus que cela mais s'ils pouvaient faire autrement, ils le feraient. Puis des films sur des chômeurs de plus en plus abimés par le chômage. Un film sur une défaite, la destruction du chemin de fer anglais. Et là, je crois qu'on touche le fond : des salariés qui se transforment en négriers... les scrupules disparaissent, la conscience aussi.

C'est devenu sans espoir !
Ottokar
 
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Message par artza » 07 Jan 2008, 22:35

(Ottokar @ lundi 7 janvier 2008 à 12:19 a écrit :

C'est devenu sans espoir !

De l'espoir li y en a rarement dans les films de K. Loach, même les premiers, Poor cow ou Kess, à mon avis son meilleur.

Le film est à voir bien évidemment , mais peut-être traîne-t-il une ambiguïté ou un malentendu qui découle des limites de Loach.

L'histoire de ce film est bien vieille et ne doit rien à l'actualité, contrairement à ce que beaucoup vont imaginer.

Par exemple ces trucs là existaient en France et ailleurs dans les années 50 et dans les années 3O... et les années 20.

Il suffit de lire Les Javanais de Malaquais, ou Le vaisseau des morts de Traven.

Loach fait une critique sentimentale "très classe moyenne" et gauche conventionnelle du capitalisme. Qu'il mette en scène des chômeurs, des précaires, ne change rien à l'affaire.

Ce qui n'enlève rien à l'intérêt pour ses films et à l'estime qu'il mérite.

On voit bien là la relation avec ses liens politiques avec les petits milieux de la gauche travailliste et son soutien, ses illusions (?) dans un politicien comme Galloway.
artza
 
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