Mobilisation ouvrière contre le Bac pro 3 ans!

[Leonid]

Les jeunes ouvriers de demain contre le Bac pro 3 ans !

Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé une réforme surprise du baccalauréat professionnel. Il s’agit de la généralisation des diplômes Bac pro préparé en 3 ans, au lieu du cycle BEP/Bac pro habituel préparé en 4 ans. Pourtant, plusieurs lycées notamment en Seine-Saint-Denis (93) ayant expérimenté ce dispositif « Bac pro 3 ans » étaient en train de le fermer. C’était le cas du lycée Denis Papin de La Courneuve par exemple. Le « rapport Prat » de l’Inspection générale publiée en 2005 expliquait en effet que : "une grande majorité d’élèves ne peut pas suivre un parcours vers un baccalauréat professionnel en trois ans au terme du collège". Pour une majorité de lycéens, l’enseignement dispensé pour préparer le BEP s’avérait indispensable pour réussir le Bac pro.

Suppressions de cours, de diplômes, augmentation d’élèves par classes

Dans un secteur industriel par exemple, le passage d’une formation en 4 ans à une formation en 3 ans  signifierait la suppression de 612 heures de cours d’enseignement professionnel et 136 heures de Maths-sciences-physiques.

Les élèves devront se débrouiller avec plusieurs centaines d’heures de cours en moins. Et au final, avec un diplôme fortement dévalorisé qui aura apporté beaucoup moins de connaissances à l’élève.

Une circulaire ministérielle dit que les classes devront être « densifiées », alors que les classes sont déjà surchargées.

Cette réforme signifie également que le BEP sera supprimé et n’aura presque plus de valeur. Or, une majorité d’élèves n’arrivent pas à réussir leur Bac pro sans préparer un BEP d’abord ! La suppression du BEP signifie donc pour des centaines de milliers de jeunes la perspective de se retrouver sans aucun diplôme (ni BEP, ni Bac pro) et dans l’obligation d’aller travailler dès la sortie du collège. Des 69 Bac pro existants aujourd’hui, il ne devrait qu’en rester 20 d’ici 2010. Cette réforme devrait s’imposer immédiatement, y compris sur les lycéens actuellement inscrit en BEP!

Tout ceci est la conséquence des dizaines de milliers de postes supprimés dans l’Éducation nationale ces dernières années par les différents gouvernements.

La riposte est enclenchée !

Des premières manifestations se sont déroulées un peu partout dans le pays pour exprimer la colère des élèves des lycées professionnels. Les syndicats d’enseignants se préparent à la grève. Cette lutte témoigne d’une prise de conscience politique d’une nouvelle fraction de la jeunesse des milieux populaires, celle qui fournira le gros des troupes des ouvriers de demain.

Espérons que la lutte de ces lycéens rejoindra celle des étudiants et des lycéens de l’enseignement général contre la loi sur « l’autonomie » des facs. Parce que c’est bien tous ensemble que nous pourrons mettre un coup d’arrêt à la casse de l’éducation.

Axel (Nanterre)

[Zimer]

Des premières manifestations se sont déroulées un peu partout dans le pays pour exprimer la colère des élèves des lycées professionnels

:emb: hmy: :huh: Bon bah je voudrais pas refroidir cette déclaration ultra -révolutionnaire , mais elle semble tellement outrancière que du coup il n'est pas facile d'y voire ce qui est vraie de ce qui est de l'exagération à l'excès ....Voilà moi aussi je suis prof en lycée pro dans un lycée pro du 93 et bien certes il y a eu une petite discussion sur la disparition du BEP mais aucune réactions et dans les lycées autour de moi pas plus , voire moins encore alors Ok il faudrait se mobiliser mais mobiliser ne rime jamais avec bluffer :whistling_notes: :whistling_notes:

[redsamourai]

merci zimer, si d'autres ont des échos là-dessus pourraient-ils se prononcer parce que je en savais pas quoi penser de cet article en lisant et j'avoue qu'à force je me demande si on ne cherche pas à ce que les lecteurs se sentent pris pour des c...

notamment, axel, toi tu dis qu'il y a des débats massifs au sein au moins d'une bonne partie des élèves????? (cf "prise de conscience d'une fraction de la jeunesse des milieux populaires" etc)

[Zimer]

Sincèrement j'aimerais me tromper mais sincèrement pour l'instant cela semble le calme plat pour info , voilà ce que publie la Cgt EDUC 93 :
CODE Nous avons décidé d’organiser une AG des personnels pour s’informer et agir le mercredi 12 décembre à partir de 15h à la bourse de Saint-Denis, lieu à confirmer).
Cette AG est ouverte à toutes les organisations syndicales et à tous les personnels syndiqués ou non qui veulent s’informer et agir contre cette généralisation

Dans tous les établissements, il faut développer les interventions auprès des chefs d’établissements, provoquer des ag avec les personnels, faire adopter des motions et des décisions d’action. Envoyer des représentants à l’AG du 12 doit permettre à ce que rapidement nous puissions décider d’actions larges sur cette question
La généralisation apparait clairement comme la volonté d’appliquer les réductions budgétaires dans l’enseignement professionnel. A terme, c’est plus de 25% des postes qui sont supprimés. Cette généralisation se ferait dans la précipitation la plus complète, rayant d’un trait de plume le travail de rénovation des diplômes, sans aucun référentiel et avec des moyens réduits (1ère année bac pro avec des horaires de seconde BEP sans les modules). Cette généralisation entrainerait une dévalorisation du diplôme et un leurre pour les élèves et leurs familles à qui l’on fait croire qu’ils y gagneraient
Du matériel pour aller au débat avec les collègues est déjà disponible sur le site ce qui semblerait indiquer que la mobilisation est encore à venir , non ??
Quant à la prise de conscience de nos élèves et ben c'est pas gagné ....

[Leonid]

En tant que militants révolutionnaires conscient de l'état des lieux de la mobilisation dans votre milieu, vous êtes au courant que, par exemple, des manifestations et blocage ont eu lieu à Pleyben, Pontivy, Pont-de-Buis et Châteaulin (29).

Il en est de même à Toulon, au lycée Cisson.

Idem pour le lycée Clément de Penille dans le Tarn.

Ou le lycée Latécoère à Istres, en PACA.

Ou à Angoulême, et le fameux blocage de la rue devant Marguerite de Valois.

Évidemment, en tant qu'enseignant dans un lycée professionel, tu as déja discuté avec tes collègues que des élèves du lycée professionnel Antoine Lomet d'Agen ont manifestés dans toute la ville, débrayant sur leur passage quelques lycées, avant d'être rejoints au cours de la journée par des élèves d'un autre lycée professionnel!

Bref, je ne m'amuserai pas à lister tous les bahuts mobilisés un peu partout sur le pays. En tant que prof dans l'enseignement, tu es plus au courant que moi.

Je me demande à quoi ca sert de donner ce type d'informations. Chez nous, nous centralisons immediatement toutes les informations quand des luttes éclate. Je m'imagine que ca doit être pareil chez toi et que tu es déja en train d'entrainer des collègues autour de toi pour combattre cette réforme.

Et alors, je serais d'un ridicule complet quand je te dis que chez les enseignants, une grève a eu lieu le 4.12 en Gironde. Des préavis de grève pour « couvrir » les établissements ont été déposés à partir du 3.12 à Créteil et à Versailles, du 6.12 à Lille, dans le Var à partir du 10.12, où une grève est mise en perspective par la CGT le 20.12. Un mouvement est envisagé à Poitiers le 18.12.

Bien sur, il n'aura échappé à personne qu'une partie des ces lycées professionels sont des lycées sans tradition de lutte. C'est donc bien un éveil de la conscience politique pour une nouvelle fraction de la jeunesse des milieux populaires, peu présente dans ce type de mobilisations jusqu'à aujourd'hui.

Au sein de notre organisation du moins, nos lycéens qui suivent un enseignement professionel sont sur le taquet et mobilise contre cette "réforme".

Il est cependant normal que ces manifestations et mobilisation plus populaires sont passées inaperçues pour certains d'entre vous, puisque qu'elle s'enclenche seulement depuis quelques jours, parallèlement à la contestation de la loi Pécresse. Plus médiatisée il est vrai, donc ca se comprend. Mais moi, en tant que militant révolutionnaire, je pense qu'il faut rester au plus près de ce qui se passe dans les milieux populaires, y compris dans ca jeunesse, même si c'est moins médiatisé que la lutte contre la loi Pécresse.

[redsamourai]

pour ma part, je suis ni enseignant ni lycéen donc c'est normal que je ne sois pas au courant de ça. et puis reconnait que le titre "mobilisation ouvrière" donne un air un peu radical-chic à une mobilisation naissante chez des lycéens et des profs.

Mais bon c'est un détail et merci pour ces infos (c'est aussi à ça que sert le forum, de diffuser des infos, surtout quand elles passent pas dans la presse Mainstream non?)

et puis bon, tu sous-entends qu'il y en a plus que ça, mais c'est un peu normal de trouver un peu grandiloquant de balancer des généralités sur la politisation d'une fraction de la classe ouvrière quand 5 lycées pro sont bloqués.

alors quand même il faut pas s'étonner si après on est dubitatif quant au contenu même des informations quand elles ne consistent qu'en allusions comme dans l'article que tu citais.

[Leonid]

Je ne suis ni lycéen, ni enseignant, ni étudiant moi même!

Ce qui ne m'empêche pas de savoir un minimum ce qui se passe dans le milieu des lycéens professionels! Ce que niait Zimer, c'était le fait même qu'il y ait des manifestations tout court!

Déja, je n'ai cité que 9 lycées professionels. Je pourrai continuer ( j'ai en effet une liste ) pour les compter en dizaines. Sinon, des AG se tiennent en ce moment un peu partout.

On verra ce que ca donnera. On ne peut qu'espérer que le mouvement s'amplifiera.

[Puig Antich]

Axel a raison de dire qu'il faut centraliser l'information. Zimer a raison aussi de nuancer l'ampleur de la mobilisation.

Ce qu'il faut surtout voir, c'est que cette mobilisation, dont l'objet - la suppression du BEP - est connu depuis longtemps par les bureaucrates syndicaux, part à contre-temps vis à vis des autres lycéens et étudiants. Des syndicats à notre service, c'est à dire des syndicats où, auraient préparé, autant se faire ce peut, une riposte globale, d'ensemble, de toute la jeunesse, en même temps que les cheminots et fonctionnaires, contre tous ces plans anti-ouvriers et anti-sociaux.

Tout cela nous amène à constater qu'il nous manque un parti révolutionnaire solide, et peut-être y compris un peu plus d'initiative et de volontarisme dans notre intervention dans nos milieux respectifs, le tout basé sur une analyse concrète des plans anti-ouvriers du pouvoir.

Une chose est sûr, et j'en suis de plus en plus convaincu en militant en milieu étudiant, il n'y aura pas de vrai retour à la normal en Sarkozie : d'un côté, on essuie des défaites, d'un autre on est pas battu et la volonté de les stopper reste intact. Nos grèves sabotées par les bureaucrates ont affaibli Sarkozy, et des conclusions politiques auront été tiré, chez les étudiants, chez les cheminots, et peut etre plus largement.

Que les élèves des lycées pros fassent aussi leur expérience, qu'ils s'éveillent à l'action militante, c'est une bonne chose. Il faut qu'ils arrivent à s'adresser patiemment à leurs camarades, à expliquer le projet Darcos, avant de bloquer pour bloquer.