a écrit :Je sais par exemple que certains de ces scientifiques ont démontré dans le passé que le tabac n'était pas dangereux, ou l'alcool, ou sans doute l'amiante.. Donc il ne faut pas prendre toutes ces soi disant études pour argent content.
Par exemple les anti OGM ou les anti nucléaires n'ont pas les moyens de se payer les services d'un labo.. C'est donc pas évident qu'ils puissent produire les études que tu demandes.
Il me semble que le probléme est largement plus compliqué que ça : évidemment, cela serait tentant de pouvoir simplifier outrageusement la situation : ou (si on est favorable aux pgm) dire que les recherches entreprises et qui démontrent la dangerosité des pgm sont faite par des escrocs, ou n'ont pas les conséquences qu'on leur préte, ou (si on y est opposé) que les scientifiques sont FORCEMENT des vendus, que l'industrie qui entend tirer des bénéfice énormes de ces technosciences trafiquent les comptes rendu.
Malheureusement pour les adeptes des situations simples, c'est pas si clair que ça !
La question de l'amiante est un bon exemple des problémes qui se posent en terme de recherche scientifique. Le probléme c'est que si le caractére cancérigéne de l'amiante est prouvé scientifiquement, le probléme des "petites doses" est bien plus difficile a mettre en évidence (contrairement a ceux qui travaillent dans les mines d'amiantes, l'industrie de production de l'amiante essayait de prouver que les utilisateurs de l'amiante ne courraient aucun risque, puisque ils n'étaient soumis qu'a des petites doses... Le meme probléme s'est posé pour la question de l'essence "plombée" : tout le monde sait que le plomb est dangereux, mais alors que le fait qu'on prenne des précautions particuliéres dans les usines ou on réalisait l'opération de "plombage" de l'essence, on a mis au moins 30 ans a se persuader que l'utilisateur d'essence plombée courrait aussi des risques (même si la dose de plomb ingérée était minime)
Ce n'est pas du a je ne sais quel complot des "scientifiques", mais en grande partie a la difficulté de la tache ! La question des "petites doses" à toujours été particulièrement difficile a mettre en évidence (et on ne peut tirer de conclusion "générales", cf le probléme des "petites doses" au niveau du nucléaire)
Un autre probléme est que "la science" ne peut pas forcément trancher : l'omniscience et la connaissance parfaite n'est pas de ce monde. Le fait qu'elle ne puisse pas trancher est justement une des caractéristiques de notre société : autrefois, ou on n'avait aucune possibilité de savoir ou on allait, et seul dans de rares cas, la science pouvait démontrer une solution sure. Aujourd'hui la science intervient largement plus massivement, et de façon efficace la plupart du temps. Mais dans certains cas, demeurent des ilots d'incertitude. C'est ce que ulricht Beck appelle "la société du risque" : nous avons réduit de façon importante la "part du risque" et d'incertitude en raison de la société technoscientifique dans laquelle nous vivons. Mais il reste des "poches de risques", et ceux la nous sont insuportables. Un des aspects déterminant est bien le fait que la science n'a pas "forcément" toutes les solutions... C'est pour cela que de prétendre le contraire fait forcément monter l'irrationnalisme. C'est comme les toubibs qui vous garantissent la guérison : quand vous voyez qu'il n'en est rien, vous allez voir le rebouteux...