("sylvestre" a écrit :
Si on tient à avoir sous la main des chiffres qui reflètent le taux d'exploitation, le plus pratique me semble le partage de la valeur ajoutée, avec d'un côté les revenus salariaux, de l'autre les revenus du capital (où figurent évidemment, soit dit en passant, les intérêts des créanciers, les loyers, les profits réinvestis, etc., pour répondre à la dernière partie de ton message initial).
Au partage brut de la valeur ajoutée nationale,
afin d'évaluer l'exploitation capitaliste,
il faut réaliser des correctifs (ceux que je fais dans le poste introductif)
1°) Il faut retirer de la valeur ajoutée la partie produite par les travailleurs indépendants. Ils possèdent leur capital fixe ; il n'existe pas dans leur cas de partage capital/travail. Leur rémunération est dite "rémunération mixte" par l'insee. Ça fait "7.5% à enlever".
Quand cette partie est enlevée à la VA, on parle de VA corrigée. Ton graphique me semble être celui de la VA corrigée.
2°) Il faut également retirer la part de valeur ajoutée (brute) qui correspond à de la production non distribuable : la formation de capital fixe (ce que tu appelles les "profits réinvestis"). C'est ensuite les parts respectives de la rémunération des détenteurs du capital et de la rémunération des travailleurs dans la VA nette qui donne, à mon avis, une première mesure de l'exploitation capitaliste.
Le "capital share" de ton graphique est la part de l'excédent brut d'exploitation dans la VA brute (33%)
Il faut en retirer la FBCF.
La part de l'excédent net d'exploitation dans la VA nette est de (pour 1997):
(33% - FBCF) / (1- FBCF)
= (33% - 18.7%) / 0.813 = 17.6 %
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("sylvestre" a écrit :
où figurent évidemment, soit dit en passant, les intérêts des créanciers, les loyers
Ça ne me semble pas évident, mais je pense que tu as raison.
Les "activités" financières et immobilières sont considérées comme productrice de "valeur ajoutée" par l'insee (à hauteur de, respectivement, 80 et 220 milliards d'euros).
http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.a...8110&tab_id=178Soit dit en passant, ça relativise la notion de PIB (= "VA" brute nationale), on met vraiment n'importe quoi dedans.
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Note sur les "profits réinvestis" : Au point vue comptable, ce qui est "réinvesti" n'est pas du profit, et n'est pas taxé à l'impôt sur les bénéfices des sociétés. C'est, au plus, l'excédent net d'exploitation (17.6%) qui est taxé.
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Commentaires sur le graphiques:
La hausse de 10 points en faveur du capital en 1982-88 est bien visible.
La lente baisse structurelle de la "part du capital" de 1950-82 cache une baisse de la formation brute de capital fixe et une non-baisse de l'excédent net d'exploitation. L'exploitation capitaliste, est, à mon sens, stable et non en baisse durant cette période.
L'effondrement de la part du capital durant l'occupation me semble également plus représentative d'un effondrement de la FBCF que d'un recul de l'exploitation capitaliste.