On en a déjà parlé ailleurs.
En gros, déjà du point de vue des termes, anticapitalistes ne veut même pas dire forcément progressiste. On peut s'opposer au capital de plusieurs points de vue, et l'idée frontiste d'unir tous ceux qui s'y opposent relève d'une union de classes qui peuvent avoir des intérêts disctincts, sans l'idée d'une force dirigeante.
Mais admettons qu'on ne parle que des anticapitalistes du mouvement ouvrier. Là encore il s'agit de milieux hétérogènes, qui ne partagent pas forcément les mêmes bases programmatiques. Les anarcho-syndicalistes, les réformistes sincères, les communistes révolutionnaires, et bien d'autres encore, sont anticapitalistes au sens où ils veulent une société où les besoins priment sur les profits.
Hé bien je dis qu'il n'est ni possible ni souhaitable de rassembler tous ces gens dans le même parti.(( Même si ils doivent se rassembler quotidiennement dans les syndicats de classe, et bientôt dans les comités d'action dont se doteront les luttes qui viendront.)) Ils pourront changer de courant et rejoindre le programme communiste dans des circonstances exceptionnelles, comme ce fut le cas lors de la première guerre impérialiste mondiale lorsque les anarchistes, les syndicalistes ou un certain nombre de sociaux-démocrates ont rejoint en nombre les combats de l'Internationale que les bolcheviks ont voulu créer contre la trahison qui avait mené le mouvement ouvrier existant à la faillite.
Mais, à froid, faire l'unité pour l'unité plutôt que de reconstruire le mouvement communiste autour de bases programmatiques et organisationnelles solides, c'est un raccourci et c'est du gradualisme. Plutôt que de penser que c'est par la vérification pratique des programmes des uns et des autres que peut se créer un parti révolutionnaire, on pense qu'il faut plusieurs longues étapes. C'est d'ailleurs bien illustré par ton propos : il faudrait d'abord fusionner le PCF et les militants combatifs du PS, certainement en y embringuant la Ligue et d'autres, ce qui donnerait un parti réformiste, dans lequel il y aurait une aile anticapitaliste. Et certainement une plate-forme bolchevik dans l'aile anticapitaliste ?...
Je ne dis pas que par avance des scénarios comme ça ne sont pas possibles. En tout cas, ils ne sont pas la direction je pense dans laquelle on doit travailler. L'important est de former des cadres communistes conscients, des noyaux et des éléments d'un futur parti révolutionnaire, qui pourront d'autant mieux donner des perspectives à tous les militants combatifs issus de la gauche traditionnelle, et aux couches populaires et ouvrières.