Après le Trafalgar de la gauche, reconstruire

Message par Puig Antich » 19 Juin 2007, 20:23

On en a déjà parlé ailleurs.

En gros, déjà du point de vue des termes, anticapitalistes ne veut même pas dire forcément progressiste. On peut s'opposer au capital de plusieurs points de vue, et l'idée frontiste d'unir tous ceux qui s'y opposent relève d'une union de classes qui peuvent avoir des intérêts disctincts, sans l'idée d'une force dirigeante.

Mais admettons qu'on ne parle que des anticapitalistes du mouvement ouvrier. Là encore il s'agit de milieux hétérogènes, qui ne partagent pas forcément les mêmes bases programmatiques. Les anarcho-syndicalistes, les réformistes sincères, les communistes révolutionnaires, et bien d'autres encore, sont anticapitalistes au sens où ils veulent une société où les besoins priment sur les profits.

Hé bien je dis qu'il n'est ni possible ni souhaitable de rassembler tous ces gens dans le même parti.(( Même si ils doivent se rassembler quotidiennement dans les syndicats de classe, et bientôt dans les comités d'action dont se doteront les luttes qui viendront.)) Ils pourront changer de courant et rejoindre le programme communiste dans des circonstances exceptionnelles, comme ce fut le cas lors de la première guerre impérialiste mondiale lorsque les anarchistes, les syndicalistes ou un certain nombre de sociaux-démocrates ont rejoint en nombre les combats de l'Internationale que les bolcheviks ont voulu créer contre la trahison qui avait mené le mouvement ouvrier existant à la faillite.

Mais, à froid, faire l'unité pour l'unité plutôt que de reconstruire le mouvement communiste autour de bases programmatiques et organisationnelles solides, c'est un raccourci et c'est du gradualisme. Plutôt que de penser que c'est par la vérification pratique des programmes des uns et des autres que peut se créer un parti révolutionnaire, on pense qu'il faut plusieurs longues étapes. C'est d'ailleurs bien illustré par ton propos : il faudrait d'abord fusionner le PCF et les militants combatifs du PS, certainement en y embringuant la Ligue et d'autres, ce qui donnerait un parti réformiste, dans lequel il y aurait une aile anticapitaliste. Et certainement une plate-forme bolchevik dans l'aile anticapitaliste ?...

Je ne dis pas que par avance des scénarios comme ça ne sont pas possibles. En tout cas, ils ne sont pas la direction je pense dans laquelle on doit travailler. L'important est de former des cadres communistes conscients, des noyaux et des éléments d'un futur parti révolutionnaire, qui pourront d'autant mieux donner des perspectives à tous les militants combatifs issus de la gauche traditionnelle, et aux couches populaires et ouvrières.
Puig Antich
 
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Message par Louis » 19 Juin 2007, 20:51

a écrit :Oui, il y a des milliers (dizaines de milliers ?) de socialistes qui sont sur une ligne antilibérale radicale, si ce n'est anticapitaliste


Tout en continuant a militer au ps et a tenir son petit poste de conseiller général...

En tout cas, ils ont l'anticapitalisme discret ! Trés discret même....

a écrit :Mais, à froid, faire l'unité pour l'unité plutôt que de reconstruire le mouvement communiste autour de bases programmatiques et organisationnelles solides, c'est un raccourci et c'est du gradualisme. Plutôt que de penser que c'est par la vérification pratique des programmes des uns et des autres que peut se créer un parti révolutionnaire, on pense qu'il faut plusieurs longues étapes. C'est d'ailleurs bien illustré par ton propos : il faudrait d'abord fusionner le PCF et les militants combatifs du PS, certainement en y embringuant la Ligue et d'autres, ce qui donnerait un parti réformiste, dans lequel il y aurait une aile anticapitaliste. Et certainement une plate-forme bolchevik dans l'aile anticapitaliste ?...


Eh bien on peut penser aussi que pour que les choses se passent, il faut des vérifications pratiques. Et les vérifications pratiques ne sont pas en premier lieu ou uniquement éléctorales ou programmatiques, elles sont d'abord pragmatiques a partir des luttes sociales : comment pousser les luttes (qui ne se déclarent pas d'un claquement de doigt, mais peuvent trouver des perspectives dans ce qu'on avance), comment coordonner plusieurs secteurs du mouvement social pour démultiplier nos forces, etc.

Il me semble que c'est du domaine du réve éveillé que de penser que les choses vont se décanter "naturellement", et que les choses vont naturelement ressembler a ce que nous voulons qu'elles soient. J'ai une mauvaise nouvelles pour ceux qui pensent ce genre de choses : ça ne se passe absolument pas comme ça !

Le probléme naturellement, c'est que certains on l'air de penser qu'il faut un parti révolutionnaire pour qu'il y ait des luttes, et que d'autres pensent au contraire qu'il faut des luttes pour qu'il y ait un parti révolutionnaire. C'est la vieille antienne de la poule et de l'oeuf, probléme parfaitement indécidable comme chacun sait...

La discussion ne porte pas sur une question de discussion oiseuse sur le bilan des années 20, mais concrétement sur ce que nous devons faire face a une nouvelle offensive de la bourgeoisie qui se prépare, et qui vise a liquider un certain nombre de résultats de luttes anciennes. Un constat simple (et pragmatique) est que nous ne devrons pas penser mener la lutte tout seul, étant donné le peu de surface de nos forces, donc elle implique l'idée d'unité, de coordination, de rassemblement.

Mais rassemblement avec un objectif qui soit autre que de garantir a Valiére une (petite) place dans l'apareil du ps...
Louis
 
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Message par artza » 19 Juin 2007, 20:58

(Louis @ mardi 19 juin 2007 à 21:51 a écrit :
a écrit :Oui, il y a des milliers (dizaines de milliers ?) de socialistes qui sont sur une ligne antilibérale radicale, si ce n'est anticapitaliste


Tout en continuant a militer au ps et a tenir son petit poste de conseiller général...

En tout cas, ils ont l'anticapitalisme discret ! Trés discret même....
Bof, quelques fois ils font un petit à l'Université d'été de la LCR :whistling_notes:
artza
 
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Message par Louis » 19 Juin 2007, 21:11

Les publics de l'université d'été sont divers et variés, cela va sans dire. Mais personnelement je pense que ce n'est pas la ou on gagne ses galons de révolutionnaires... Toi aussi, tu va me dire :hinhin:
Louis
 
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Message par Puig Antich » 19 Juin 2007, 21:32

Mais complètement d'accord Louis.

Et le rassemblement, la coordination, etc., est d'autant plus efficace qu'on ne mélange pas tout. L'idée d'un front unique avec les réformistes, par exemple, est l'application d'une tactique qui permet d'augmenter l'audience des révolutionnaires auprés des autres militants anticapitalistes. Rassembler, c'est aussi, lorsque c'est possible, de construire des organes d'auto-organisation des masses pour affronter la bourgeoisie, et y défendre un programme révolutionnaire. C'est une chose, c'est pas un parti large. Regrouper à froid tout le monde dans le même parti ne contribue pas du tout à ça, mais brouille les pistes. Et c'est là pour le coup où le programme est important. On ne peut pas saupoudrer un peu du programme révolutionnaire sur un peu de programme d'adaptation au capitalisme, et mélanger le tout avec des phrases. C'est pas comme ça qu'on avance et c'est dommage que la Ligue défende ça.

Ensuite, si un tel parti arrive un jour à entraîner les masses, alors il faudra en être. Pour clarifier politiquement et constituer un pôle révolutionnaire qui n'abdique pas à l'idée d'un parti vraiment communiste, vraiment décidé à la révolution prolétarienne avec tout ce qu'elle implique.
Puig Antich
 
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Message par Debord » 22 Juin 2007, 00:37

(Jacquemart @ mardi 19 juin 2007 à 20:18 a écrit :
a écrit :Par contre, j'avoue avoir un peu de mal avec le distingo établit par Puig entre parti anticapitaliste et parti révolutionnaire. Mais peut-être pourrait-il nous éclairer.

Ben en fait, c'est la même différence qu'entre un parti réformiste et un parti révolutionnnaire. Entre un parti véritablement communiste et un parti qui refuse même cette étiquette. Entre un parti qui trahit les travailleurs et un qui défend leurs intérêts.
Mais laisse tomber, ça non plus tu ne comprendras pas.
C'est vrai que vous êtes d'une telle subtilité à LO qu'il faut s'accrocher pour suivre la complexité de vos développements théoriques. Mais je promets de faire des efforts :prosterne:

Très franchement, l'anticapitalisme réformiste me paraît être une catégorie politique tout à fait introuvable dans la réalité de 2007.

Du coup, autant je trouve le distingo antilibéral / anticapitaliste pertinent, autant l'opposition anticapitalisme / révolution me paraît tirée par les cheveux.

D'autant que la révolution est le moyen, pas la fin.
Debord
 
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Message par Debord » 22 Juin 2007, 00:49

(Puig Antich @ mardi 19 juin 2007 à 20:23 a écrit :
Les anarcho-syndicalistes, les réformistes sincères, les communistes révolutionnaires, et bien d'autres encore, sont anticapitalistes au sens où ils veulent une société où les besoins priment sur les profits.

Hé bien je dis qu'il n'est ni possible ni souhaitable de rassembler tous ces gens dans le même parti.(( Même si ils doivent se rassembler quotidiennement dans les syndicats de classe, et bientôt dans les comités d'action dont se doteront les luttes qui viendront.)) Ils pourront changer de courant et rejoindre le programme communiste dans des circonstances exceptionnelles
Je crois que nous touchons ici le fond de la divergence, même si nous sommes raisonnables et n'évacuons ni l'un ni l'autre des possibilités de développements inédits.

Moi je crois qu'il y a dans la tradition révolutionnaire une confusion fatale entre parti et fraction, confusion provenant d'une rupture avec Marx et d'une lecture totalement erronée du léninisme. Moi je crois que les anticapitalistes (et même des gens qui ne le sont pas encore) ont toute leur place dans le même parti. Par contre je crois qu'une tendance se doit naturellement d'être délimitée sur les points essentiels.
Debord
 
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Message par Barikad » 22 Juin 2007, 10:09

(Debord @ vendredi 22 juin 2007 à 00:49 a écrit : Par contre je crois qu'une tendance se doit naturellement d'être délimitée sur les points essentiels.
Je serais curieux de savoir lesquels ?
Barikad
 
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Message par Debord » 24 Juin 2007, 10:30

(Barikad @ vendredi 22 juin 2007 à 10:09 a écrit :
(Debord @ vendredi 22 juin 2007 à 00:49 a écrit : Par contre je crois qu'une tendance se doit naturellement d'être délimitée sur les points essentiels.

Je serais curieux de savoir lesquels ?
Tout dépend du moment historiques et des priorités..

Aujourd'hui c'est me semble t-il :

1°) la rupture avec les institutions
2°) le dépassement du capitalisme
3°) un projet socialiste autogestionnaire
4°) le militantisme au sein des couches les plus exploitées et opprimées
5°) une conception marxiste de la construction du parti
Debord
 
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Message par pelon » 24 Juin 2007, 11:18

Tout est dans les mots. Comment "dépasser le capitalisme" ? Par la révolution ou par la réforme ?
Pourquoi ne pas dire "le renversement du capitalisme" ?
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