Il en est de même avec les manifestations anti-sarkozy qui se mettent en place qu'on ne peut que soutenir.
En tout cas, la discussion tourne en rond.
Ces jeunes qui ne digèrent pas "Sarko"
LE MONDE | 09.05.07 | 10h05 • Mis à jour le 09.05.07 | 10h05
a écrit :
Voici un patchwork dont Nicolas Sarkozy ne s'attirera jamais les faveurs. Anarchistes autonomes, communistes révolutionnaires, marginaux alcoolisés, voire simples étudiants en colère : ils sont quelques centaines d'émeutiers à avoir répondu au résultat de l'élection présidentielle par des actions au cœur des grandes villes françaises. Pour cela, ils ont adopté les méthodes typiques des violences urbaines, incendiant des voitures (plus d'un millier en France, selon la police), harcelant les forces de l'ordre, brisant des vitrines.
Mobiles et déterminés, ils ont été particulièrement actifs dans les villes à forte population universitaire, où la mobilisation contre le contrat première embauche (CPE) avait pris corps. Mais leur mouvement contestataire devrait s'essouffler, estiment les Renseignements généraux (RG), car ils n'ont réussi à mobiliser ni les lycéens des centres-villes, ni les banlieusards, tandis que les syndicats étudiants et les partis de gauche ont condamné leurs débordements.
A Paris, le lieu symbolique de rassemblement, depuis dimanche, est la place de la Bastille. Mardi 8 mai, les premiers manifestants sont arrivés vers 20h30, par petits groupes. Environ deux cents jeunes, appartenant pour la plupart à la mouvance anarcho-libertaire, se sont rassemblés au pied de l'Opéra Bastille. Objectif? "Manifester pour généraliser l'anti-sarkozysme et contre la dictature qui se met en place", explique une habituée des "manifs spontanées". La veille, "nous étions plus nombreux", constate-t-elle.
"RAGE TRIPALE"
Mardi, le rassemblement parisien ne s'est pas prolongé au-delà de 23h30. Une dizaine de personnes ont été interpellées. Après un sit-in improvisé sur la place et quelques cris classiques – "Sarko facho, le peuple aura ta peau" –, les manifestants se sont dispersés. Selon l'un des animateurs de ce rassemblement "spontané", "beaucoup de gens présents ici ce soir ont voté blanc ou n'ont pas voté dimanche". Aussi, il n'a pas "apprécié" les appels au calme lancés par le premier secrétaire du PS, François Hollande, au soir du 6 mai. "On n'est pas là pour un parti. On est anti-Sarko, mais les socialistes sont aussi des connards." A Lyon aussi, le mouvement s'est poursuivi mardi, émaillé d'incidents avec les forces de l'ordre. Environ 400 jeunes manifestants, issus en majorité des milieux anarchistes et de l'extrême gauche, ont pris le chemin du nouveau palais de justice en début d'après-midi, où étaient jugés en comparution immédiate une dizaine de jeunes arrêtés depuis dimanche soir. Dans le calme, les manifestants ont de nouveau scandé des slogans hostiles au nouveau président de la République. Sur le parcours, un jeune arborait un panneau "Pétain reviens, tu as perdu ton chien", un slogan immédiatement repris en chœur par la foule. A l'annonce des peines prononcées contre des étudiants de Sciences Po condamnés à trois mois de prison, certains n'ont pu étouffer leur colère. Les jeunes se sont de nouveau retrouvés dans la soirée pour déambuler par petits groupes dans le centre-ville, entre la place Bellecour et les Terreaux. Les forces de l'ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes et de flash-balls. Au même moment, à Villeurbanne, la commune voisine, la permanence de l'UMP était incendiée et ses vitres brisées. Face à cette flambée de violence, le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, a de nouveau appelé au calme.
Assis en rond au milieu de la place de la mairie de Rennes, ils sont moins de cent, ados ou jeunes adultes, mardi 8 mai vers 19 heures, à refaire le monde et des élections qui ne leur conviennent pas. Tactique et stratégie sont discutées : "En mai 1968, c'est un petit groupe qui a entraîné les masses. Il faut tenir et mobiliser", martèle un garçon. Dimanche soir, ils étaient beaucoup plus nombreux, quelques centaines. Des vitrines ont volé en éclats, une douzaine de voitures et une trentaine de poubelles ont été incendiées. Neuf manifestants ont été arrêtés, et l'un des quatre jugés, lundi, en comparution immédiate, a été condamné à deux mois de prison ferme, les autres écopant de centaines d'heures de travail d'intérêt général. Cette sévérité n'a pas calmé les ardeurs des "anti-Sarko" qui, la nuit suivante, étaient deux cents à trois cents à galoper dans le centre-ville en se heurtant à la police. La tradition rebelle de la métropole étudiante, où le mouvement anti-CPE avait été intense, explique en partie cet accès de fièvre. Le carré d'irréductibles se console en projetant "un grand rassemblement" pour jeudi et en scandant "Sarko, Sarko, ça r'commence/Le fascisme en France". Mis à part une dizaine de gosses des cités, en survêtement à capuche, dont le plus jeune, à peine 12 ans, veut s'en prendre "aux bourgeois", les participants ont entre 16 et 30 ans et illustrent une étonnante diversité.
"On en est au troisième jour de résistance contre l'idéologie sarkozienne qui veut précariser un peu plus le monde du travail en le poussant à faire des heures sup pour survivre", s'enflamme un jeune homme au catogan roux qui dit militer à Lutte ouvrière mais se défend d'être un leader. "J'ai vraiment peur de ce qui nous attend, renchérit Bruno, étudiant en cinéma. On a stigmatisé Bush et Berlusconi, mais Sarkozy, ça ne sera pas mieux. Je suis allé voter mais je n'ai jamais milité nulle part. Ce qui m'a fait sortir, c'est la rogne, l'indignation, le besoin de crier pour répondre à la violence politique et au lavage des cerveaux. On ressent tous une rage tripale…"
"CROISIÈRE SUR UN YACHT"
Les motivations sont variées. Certains mettent en avant la personnalité du nouveau président, d'autres se focalisent sur les problèmes économiques. Hélène, 19ans, est salariée depuis six mois dans "une grande chaîne de vêtements" : 780 euros net pour vingt-deux heures hebdomadaires, sans horaires fixes. "C'est la première fois que je manifeste et c'est aussi la première fois que j'ai honte de mon pays, mais je suis contre les casseurs." Silvère, 23 ans, titulaire d'un DEUG d'histoire, doit se contenter d'un emploi d'agent technique dans une maison de retraite. "J'ai une collègue, d'origine marocaine, qui a bac +5 en informatique et qui fait le même boulot, avec en prime les huissiers au cul, dit-elle. C'est cette réalité-là qui me pousse à la révolte." Quelques anarchistes, minoritaires dans le rassemblement, comme Louise, 22ans, et sa copine Marion, 21 ans, étudiantes, portent un fichu noir frappé d'une étoile rouge et affichent leurs détestations sur une pancarte : "Oppression étatique, désastre écologique, barbarie capitaliste". Elles n'ont pas voté "par conviction". Dans une mouvance libertaire plus décalée, Sophia, étudiante en 4e année de Sciences Po, brandit un drapeau noir qui dit "A bas le PPA, Parti de la presse et de l'argent!" "Alors que les manifs anti-Sarko étaient ultra minimisées, on nous a abreuvés d'images de propagande sur la fête de la Concorde, s'indigne-t-elle. Avec Mireille Mathieu, Enrico Macias, Faudel, Clavier, Hallyday, Arthur et Bigard, on a eu droit à la totale, mais le sommet a été atteint avec le coup du Fouquet's et la croisière sur un yacht prêté par un milliardaire. Et vous nous demandez pourquoi on est dans la rue ?"