a écrit :Avec Besancenot, y a-t-il un autre ailleurs ?
L'impertinence du candidat trotskiste rassure. Même lui est dans le système. Comme son «Grand Soir», dont personne ne veut.
Par Pierre COMBESCOT
A 30 balais et des poussières, Olivier Besancenot est toujours un gamin impertinent. Une manière de bon petit diable qui aurait lu cette vieille mère Mac Miche de Rosa Luxembourg.
D'abord, il a pour lui sa bouille à la Spirou avec en moins les cheveux en pétard. C'est le poulbot type s'il n'avait un usage très maîtrisé du subjonctif et un art consommé de la formule. Il renvoie dans les cordes joyeusement les vieux crabes de la politique et en particulier madame Royal, qui n'est qu'une coulée de cierge et de bons sentiments.
C'est que des couilles, il en a. Il connaît le paysage politique. Et quand on lui demande de venir débattre à l'émission de Serge Moati, Ripostes, avec Alain Soral (1), il refuse net. Il est un gros poisson avec ses 4,25 % de voix, en 2002.
De la considération, messieurs, il faudra bien me lustrer le pelage pour que je les lâche ces bulletins au second tour. Alors, on lui allonge à la table des débats Louis Aliot. L'auteur de «Mes billets pour la France» dans National Hebdo.
Notre jeune facteur, préposé à la distribution du courrier de Neuilly-sur-Seine est un historien, licence, maîtrise... La jolie panoplie. L'enseignement, il connaît, avec un père prof et une mère psychologue scolaire.
«Touche pas à mon pote» a été un temps son slogan. Ça allait de soi. Mais tout se corrode. Même les jolies formules. Pire, elles se vident de leurs sens. Elles sonnent creux. On n'y croit plus. La République, Marianne de vieille garce fourbue d'avoir trop longtemps fait le trottoir. C'est navrant.
Besancenot a l'oeil qui frise. Il croit encore à son monde meilleur, et c'est en cela qu'il nous est sympathique. Mais, depuis le temps que nous en rêvons de cet autre ailleurs, on commence à en douter. Y en a-t-il un ?
On prend un pliant, on s'assoit en bord de route et on regarde dans la poussière la marche du monde et le destin des grands. Toujours les mêmes petites traîtrises, les mêmes coups bas. Rien qui n'élève vraiment les coeurs. Toujours la même chanson. Le «Grand Soir», mais personne n'en veut ! Besancenot lui-même a des doutes. C'est qu'il a les traites de sa machine à laver à payer. Il est dans le système.
C'est rassurant. Même si ce n'est pas véritablement héroïque. Il joue au fond pour du beurre ? Non ! Il trompe le temps sans se salir les mains. Il y a chez ce jeune homme une lumière assez semblable à celle d'un Curion, ce tribun qu'aima César. L'histoire romaine, nous y voilà ! Et pourquoi pas ? La fin d'une République. En tout cas, celle des laquais entremetteurs. Des magouilles, Besancenot n'en sera pas ! Les maroquins, ce n'est pas son genre. Il y a de la fierté chez ce petit bonhomme.
Un mercredi prochain, nous emmènerons son gamin prendre un bon chocolat chez Angelina le luxe doit s'apprendre tôt. Surtout lorsqu'on a un papa de cette farine.
Quant à moi, j'irai faire mon testament politique. Non sans avoir auparavant sué pour tâcher de me soulager ; puis, l'instant venu, je vous léguerai ma vérole.
(1) Ancien intellectuel communiste rallié au Front national.