Je crois que la réponse : «Et ils sont où les candidats de CPS ?» est du même acabit que si un militant du PCF avait dit à ceux de Voix Ouvrière dans les années cinquante : «Ils sont où les candidats de VO ?» (pure fiction : en fait le PCF, il ne discutait pas avec les trotskystes, il leur cognait sur la gueule, et de plus je ne mets pas VO-LO sur le même plan politique que le PCF...). Cela ne prouve rien, sinon la dispersion actuelle des organisations se réclamant du trotskysme, la rancoeur de militants de LO qui ont l'impression d'être, eux, investis dans des tâches militantes énormes (ce que je reconnais bien volontiers), face à des "discutailleurs" et "criticailleurs" sans fin, et sans doute aussi leurs difficultés à répondre (sans polémique, ni ironie). Je ne peux que répondre que pour avoir connu diverses organisations plus ou moins "grosses", les "tâches" sont bien sûr beaucoup plus écrasantes dans un petit groupe...
Mais après tout, rien à prouver pour qui que ce soit, sinon par ses propres résultats. C'est ce que je voulais dire sur l'évocation (irritante je le conçois) de 1995 : Si LO avait franchi alors le pas d'aller vers un parti ouvrier révolutionnaire, bien des choses eussent pu être différentes.
Cela dit, bien sûr qu'il y a deux tours. Et il ne faut surtout pas oublier le deuxième ! D'ailleurs la bourgeoisie, elle, ne l'oubliera pas. Elle sait même que c'est là que les choses sérieuses se passent (ou qu'elles commencent, si l'on veut).
Royal n'est pas une "candidate ouvrière" ? Bien sûr que non. C'est une candidate soutenue par un parti issu du mouvement ouvrier, dont les travailleurs et les jeunes ne vont pas avoir d'autre solution que d'utiliser le bulletin marqué de son nom s'il veulent battre Sarkozy (pour autant qu'elle soit au second tour).
La politique de front unique ouvrier s'appuie sur cette volonté des masses de battre Sarkozy, pour en montrer le contenu de classe. Quelle que soit la conscience qu'en ont les "électeurs" de Royal, quelle que soit la pourriture des discours et de la politique (100% bourgeoise) portée par Royal, c'est le mouvement de la lutte des classes. Le mouvement qui pousse la classe des prolétaires à affronter et vaincre la classe capitaliste. Il appartient aux révolutionnaires de tenter de faire comprendre à leurs camarades de classe et à la jeunesse, que ce mouvement conduit (doit conduire) à la prise du pouvoir par la classe ouvrière, au renversement de l'Etat bourgeois, au socialisme, sinon il est voué à éternellement retomber dans les trahisons et les échecs. Et pour cela un parti ouvrier révolutionnaire est indispensable, un parti qui soit aussi fidèle aux intérêts ouvriers, que les partis bourgeois, que Sarkozy, le sont à ceux du grand capital.
Mais, oui bien évidemment, dans les élections présidentielles en France, il y a deux tours... Le premier pourrait être l'occasion de dire en gros cela.