a écrit :Romano Prodi impose à ses alliés des conditions "non négociables" pour un gouvernement bis
LE MONDE | 23.02.07 | ROME CORRESPONDANT
Dans la perspective de sa reconduction à la tête du gouvernement italien, Romano Prodi, président du conseil démissionnaire, a réuni au Palazzo Chigi, jeudi soir 22 février, tous les dirigeants des partis de la coalition de centre-gauche afin de dicter ses conditions. Il leur a présenté un pacte en douze points "non négociables".
Toutes les propositions ont été acceptées à l'unanimité, y compris par les Verts et par les communistes.Dans le texte soumis à ses partenaires, Romano Prodi souligne les résultats et les objectifs atteints en neuf mois d'activité. "Ils n'ont pas pu être perçus par l'opinion publique dans toute leur nouveauté et leurs effets, précise-t-il, parce que le comportement de certaines individualités, de ministres et de forces politiques a constamment provoqué des différends et une opposition latente qui ont objectivement épuisé le gouvernement."
Parmi les conditions nécessaires au maintien d'"Il Professore" figure "le respect des engagements internationaux et de paix". La politique étrangère de la coalition, notamment la présence de troupes italiennes en Afghanistan, a été à l'origine de la crise actuelle, déclenchée par l'abstention de deux sénateurs proches des communistes qui a fait perdre au gouvernement sa majorité.
M
. Prodi a ajouté à ses conditions la politique sur les retraites, les libéralisations et la famille, ainsi que certains dossiers combattus par la gauche radicale comme la liaison ferrée à grande vitesse Lyon-Turin.
Pas trace en revanche du projet de loi sur les droits des couples non mariés, hétérosexuels ou homosexuels (dico) qui rencontre l'opposition farouche des petits partis centristes démocrates chrétiens de l'Unione. Le sort de cette réforme se jouera au Parlement, sans que cela engage la responsabilité du gouvernement.
Enfin, personne n'a regimbé à l'énoncé de la dernière condition, par laquelle Romano Prodi tente de blinder son leadership : "Il est reconnu au président du conseil l'autorité d'exprimer de manière unitaire la position du gouvernement en cas de divergences." Autrement dit, silence dans les rangs, le porte-parole de Romano Prodi devenant celui de tout le gouvernement "pour donner une meilleure cohérence à la communication".
Tandis que l'ancien président de la Commission européenne préparait son pacte-programme, les responsables de l'Olivier (gauche réformiste) se sont efforcés de rallier des personnalités de l'opposition dans la perspective d'un "élargissement de la majorité au Parlement".
Cette tentative a attiré un commentaire ironique de Silvio Berlusconi : "Je ne crois pas que des sénateurs soient disposés à monter sur un navire en train de couler." Pier Ferdinando Casini, le patron des centristes de l'UDC, a décliné poliment : pour lui, l'enjeu n'est pas de renforcer cette majorité, mais de discuter d'une nouvelle majorité sans la gauche radicale.
Selon la presse, le centre gauche pourrait compter sur deux ou trois transfuges pour voter la confiance au Sénat. Les contacts seraient avancés avec Marco Follini, ancien secrétaire de l'UDC et ancien ministre de Silvio Berlusconi, qui milite depuis longtemps pour un "grand centre". A droite, Silvio Berlusconi a plaidé pour un retour immédiat aux urnes. Mais cette hypothèse a été rejetée par son principal allié, Gianfranco Fini (Alliance nationale), qui la juge "irréaliste".
Le président de la République, Giorgio Napolitano, devait poursuivre jusque dans la soirée de vendredi ses consultations. Les présidents de Chambres, tous les dirigeants de partis, les présidents des groupes parlementaires et les anciens présidents de la République auront été reçus.
La dernière personnalité à se rendre au Quirinal devait être le prédécesseur de M. Napolitano à la tête de l'Etat, Carlo Azeglio Ciampi. C'est lui qui eut à gérer, en 2005, la démission du gouvernement Berlusconi après la défection de plusieurs ministres. M. Ciampi décida finalement de confier à M. Berlusconi le soin de composer un gouvernement bis.
Jean-Jacques Bozonnet