par regivanx » 09 Fév 2007, 00:21
Pour ce qui est de la différence entre la théorie de la gravitation de Newton et celle de Einstein, je dirais qu'il ne faut pas confondre la vérité d'une théorie scientifique avec son champ d'application. Si on réduit la vérité d'une théorie à la précision absolue de ses prévisions, on arrive à une définition prophétique de la vérité qui n'est pas du domaine de la science.
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La vérité est la réalité médiatisée par l'esprit humain, et plus généralement par "le penser", dont l'esprit humain, la conscience, est la matérialisation. "Le penser" est le processus effectif du dépoiement de la réalité effective selon ses essencialités pures.
Précisions les deux termes : processus effectif et essencialités pures.
Pour beaucoup, le processus "effectif" de cette élaboration semblera quelque chose de tout à fait abstrait, et même complètement illusoire. Mais ce serait faire preuve à la fois de formalisme et d'idéalisme. Ce processus est en effet "effectif" parce qu'il est l'image et le complément concret du processus intellectuel abstrait. Sinon, sur quoi s'appuyerait le raisonnement intellectuel ? Il faut nécessairement qu'il existe une unité entre le penser "effectif" et le penser abtrait dans l'esprit humain et dans la nature. Cette unité, pour Marx, c'est la matière (l'histoire sociale). Pour Hegel, c'est l'esprit. Il n'en demeure pas moins que le penser, quoi que concret, est une notion difficile à saisir n'ayant pas d'existence matérielle indépendante de l'esprit et de la matière ; ce, à l'image des nombres et des objets mathématiques ou philosophiques.
La difficulté provient, selon Hegel, d'un "manque d'habitude" à penser abstraitement ; mais on peut aussi dire que nous avons été éduqué pour buter sur le formalisme.
Essayons de résumer la différence entre le formalisme et la dialectique.
Pour les formalistes, il existe une sorte de grale, la vérité, qui consiste en une règle générale qui expliquerait tout l'univers. Ils cherchent à s'en approcher par approximation successive, et naturellement, ne peuvent prétendre à la découvrir entièrement. Ce qui les amènent à nous présenter des jongleries très amusantes, mais plutôt grotesques, sur les notions de vérité absolue, de vérité relative, etc. Mais les scientifiques ont pour la plupart perdu la foi, et ils se contentent de dire : rien n'est moins sûr, ou : la vérité est ailleurs.
C'est que les formalistes ont placé dès le début la vérité hors de leur atteinte. Ils ont séparer le monde de l'esprit du monde de la matière ou plutôt de l'effectivité, et essaient, du haut de leurs célestes cieux de se dépatouiller avec leurs théories qui cessent d'être vrai dès qu'elles sont dépassé, ou plus modestement, qui ne sont pas vrai du tout.
Les dialectitiens considèrent la science d'une tout autre manière. Les dialectitiens, parce qu'ils sont détermistes, considèrent aussi qu'il existe une raison universelle, mais contrairement aux formalistes, ils ne la place pas dans un monde différent du leur. La réalité est constituée "d'essences" -- je vous pris d'être indulgent pour le mot -- qui sous-tendent leur réalisation matérielle. Ces essences, sont, au sens propre du mot, des abstractions, ce qui ne les empêchent pas pour autant d'être effectives.
Prenons un exemple : le prolétariat. Le prolétariat est l'une de ces essentialités pures qui déterminent notre histoire. Le prolétariat n'a pas d'existence matérielle (il ne peut être pesé), mais une manifestation matérielle (à travers le mouvement ouvrier). Le prolétariat est une classe sociale en cour de réalisation, c'est à dire qu'il prend progressivement conscience de lui-même, s'organise, mais il ne peut être dénombré ou divisé en disant : celui-ci est un prolétaire, celui-la ne l'est pas. Par exemple, un ouvrier travaillant contre sa propre classe (économique) ne peut être considérer comme un prolétaire. Inversement, un camarade qui fait économiquement parti de la classe petite bourgeoise participant à un mouvement ouvrier constitue lui aussi (tant qu'il y participe) la classe sociale du prolétariat.
Cet exemple nous permet de parler d'une grande avancée de la dialectique par rapport au formalisme. A savoir que la réalité n'est pas décrite à travers des théories se réfutant les unes après des autres, mais comme de jeu de motions contradictoires qui se développent et s'entre-croisent. Je me permets d'affirmer que cette approche est beaucoup plus puissante que l'approche formaliste. Chacun peut en juger dans des livres comme "bilan et perspective" ou le manifeste. En outre cette approche n'est pas contradictoire avec les sciences formelles. La dialectique est une sorte de meta-science ; ou, dans le vocabulaire hegelien, la science absolue, englobant toutes des déterminations de la logique, de la nature et de l'esprit.
toute contradiction bienvenue.