Chasser la droite ?

Message par Apfelstrudel » 02 Jan 2007, 22:54

a écrit :La consigne de vote de la LCR en 2002, c'est à dire faire barrage à Le Pen dans la "rue et dans les urnes" a été compris exactement en tant que tel et ce par tous à par peut être quelques intervenants de ce forum. Ces dizaines de millions de travailleurs qui ont en effet votés au deuxième tour et qui ont voté contre Le Pen ont votés contre Le Pen et puis voila, c'est tout. Il y a rien d'autre à y voir. Les manifestations des entre deux tours, le score de Chirac au deuxième tour ont clairement montrés qu'il y avait une forte volonté de faire barrage au FN, quitte à noyer Chirac par un score à la stalinienne.


Comment ça faire barrage ? Electoralement ? Mais il n'y avait aucun besoin du soutien à Chirac de la part de la LCR (ni de la gauche en général d'ailleurs) pour que Le Pen ne soit pas élu. Et si ce barrage concerne le succès du FN et de ses idées dans la société, peux-tu dire l'intérêt de s'abaisser à voter pour le chef d'une clique ultraréactionnaire qui allait appliquer en bonne partie le programme de Le Pen ? Penses-tu que cette belle unanimité ait convaincu beaucoup d'électeurs FN de milieux populaires qu'il existait d'autres courants, radicalement différents du FN mais au moins aussi opposés que lui aux politiciens de l'UMP contre qui il était candidat ?

a écrit :Moi, à titre personnel, je n'aurai pas voté Chirac.


:33:
A mon avis quand on est d'une organisation qui donne une consigne de vote pour un de nos ennemis, il ne faut pas éviter de se salir les mains alors qu'on demande aux autres de le faire. Mais j'ai peut-être mal interprété ta phrase, désolé si c'est le cas.

a écrit :D'immenses secteurs de ces élécteurs anti Le Pen se sont retrouvés dans les grèves et les manifestations de 2003, ont votés contre Chirac aux régionales de 2004, ont votés contre le TCE en 2005, se sont en partie retrouvés dans la lutte contre le CPE en 2006 etc..etc. Bref, avoir voté Chirac n'a pas été une caution à sa politique et ca, tout le monde peut le comprendre.


Certes, plein de gens de gauche ont voté Chirac et ça ne les a pas transformés en supporters du MEDEF. Est-ce que ça les a encouragé à entrer en lutte contre un président pour qui ils avaient voté, bien à contre coeur ? Rien n'est moins sûr.

a écrit :D'ailleurs, la droite elle même n'a pas invoqué ce score pour justifier ses politiques anti-ouvrières et anti-populaires. Les "promenades" ( pourquoi ce mépris envers tout ce monde qui a tout simplement exprimé son rejet du FN?? ) étaient inévitables vu la pression populaire qu'il existait à l'époque pour juste "faire quelque chose" contre Le Pen et il fallait donc y participer, distribuer nos tracts, faire entendre notre voix etc..etc.


Justement, ce "quelque chose" ne nuisait en rien à Le Pen, et par contre prenait une connotation particulière vu l'unanimité des organisation de gauche (et malheureusement de certaines d'extrême gauche) à appeler à voter Chirac. Après, proclamer avec enthousiasme qu'on allait "virer le facho d'abord, et l'escroc après", c'était du flan, parce que rien ne laissait présager que ces manifestations allaient déboucher sur une quelconque lutte contre le gouvernement, ce que la LCR savait très bien. Toute cette agitation ne faisait donc mousser que Chirac, que la LCR a modestement contribuer à présenter celui-ci comme un rempart contre Le Pen (et le fascisme :altharion: ). Le seul débouché était d'aller mettre un bulletin Chirac, après avoir fait un peu de bruit, éventuellement avec une pince sur le nez pour se protéger de l'odeur. Nul, archinul. Artza a bien raison d'appeler ça des promenades, au sens où l'employait le révolutionnaire Auguste Blanqui en portant ce toast.

a écrit :LO était elle partisane d'une politique du vote blanc assorti d'un appel à rester chez soi? En somme, rien faire puisque "ca ne sert à rien?"


En gros c'est ça il me semble.

a écrit :Sinon, pendant le CPE, je trouve que le position de LO a été erronée contrairement à la Ligue qui appellait à la démission du gouvernement. La démission d'un gouvernement ouvertement bourgeois imposée par la grève et la manifestation ne peut être qu'une bonne chose. Quel que soit le gouvernement qui prend sa relève. Il était possible - pas forcément donnée - de pousser le mouvement jusqu'à ce qu'on obtienne la démission du gouvernement et il fallait oeuvrer - à la hauteur de nos moyens limités - pour déboucher sur ca. Par exemple dans notre presse, dans nos tracts, dans les mots d'ordres, sur les banderolles, par les interventions de militants dans les AG, de nos portes-paroles et tenter d'entrainer le plus d'organisations politiques et syndicales que possible derrière cette objectif. L'impopularité du gouvernement battait des records, le gouvernement était en état de paralysie temporaire, les mots d'ordres qui jaillissaient des manifestations par ailleurs très importantes montraient bien qu'il n'était pas irréaliste de forcer la démission de ce gouvernement. Il fallait donc le faire.


Je crois qu'il y a eu trois gouvernements depuis l'élection de Chirac. Je ne sais même plus s'il y a eu changement depuis le CPE... C'est peut-être moi qui suis en-dessous de tout :ermm: , mais je n'ai pas l'impression que ça ait une grande importance. En tout cas, ça n'a aucun intérêt, bien au contraire, d'"appeler" à quelque chose qu'on a aucun moyen d'obtenir. Des camarades qui étaient en fac ont entendu des tas d'appels bidon qui n'engageaient personne. Ce n'est pas ça qui a manqué, des groupes pour appeler à la démission du gouvernement. Le gouvernement n'a pas paru très impressionné, et tu te fais une idée très exagérée de l'importance de LO si tu penses que c'est sa contribution qui a manqué pour obtenir ce résultat.
Apfelstrudel
 
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Message par Puig Antich » 03 Jan 2007, 00:52

Axel, le fait que d'un côté vous ayez appelé à voter Chirac, et de l'autre à faire tomber le gouvernement, prouve une chose : vous essayez de coller à ce que pensent les masses.

Du coup, dans les périodes de montée, vous pouvez, en marchant avec les éléments les plus déterminés, vous faire le relais d'exigences tout à fait légitimes : ici faire tomber le gouvernement - et Chirac, parce que comme le dit Apsfel, un autre gouvernement Chirac, c'est pas terrible.

Mais le rôle d'une organisation révolutionnaire n'est pas de coller aux mouvements réels qui existeraient de toute façon indépendemment d'elles, c'est de défendre les principes communistes et les intérêts politiques et sociaux de la classe en les articulant à la situation existante.

La classe n'avait aucun intérêt à l'élection à la stalinienne de Chirac ni à ce qu'on l'encourage à se leurrer sur un danger fasciste fantasmatique. Cette situation a déporté le climat politique d'un antagonisme prolétariat/bourgeoisie à un antagonisme fascisme/démocratie.

Il fallait au contraire à ce moment expliquer que le danger numéro un pour les travailleurs, et en particulier ses parties les plus opprimées qui sont pointées du doigt par les Le Pen et les Sarkozy, c'était Chirac et son plébiscite. Bien plus, il fallait prendre en charge le mouvement de rue venu en réaction au duel Chirac/Le Pen pour lui donner un cacactère de classe et un cacactère politique d'opposition aux deux candidats et au régime.

Une telle politique était tout à fait possible, mais exigeait de rompre l'unité avec les appareils de la gauche bourgeoise «antifasciste» et de s'atteler à organiser les minorités les plus résolues du local au national autour de perspectives claires.

Alors, celà n'aurait pas forcément débouché sur une victoire de ces perspectives au sein de la grande vague «antifasciste», mais cela aurait préparé la suite - quitte à se «marginaliser» des milieux que vous courtisez tant en temps habituel. Et certes, si cette élection de Chirac n'a pas empêché les salariés de lutter, par exemple contre la réforme des retraites, un tel état de préparation aurait peut-être permis de surmonter plus rapidement ce plebiscite de l'escroc en chef ; et peut-être de déboucher ailleurs que sur une défaite.

D'ailleurs, Chirac a été élu et celà n'a pas empêché les luttes : certes, tu as raison. Mais le nombre de luttes n'est pas un critère, ce qui compte c'est le nombre de victoires et la pénétration des idées révolutionnaires. A cet égard ce quinquennat n'aura pas été spécialement réjouissant : notre classe a enchaîné défaites sur défaites. Le climat politique s'est déporté à droite. Les mobilisations se sont succédées, embrassant des milliers et des milliers de travailleurs et de jeunes, sans pénétration notable des idées socialistes révolutionnaires.

Les seules victoires que nous avons eu, on les a eu parce que les appareils de la gauche réformiste n'ont pas voulu laisser le gouvernement aller trop loin, et ne pas perdre trop de crédit par rapport à leur base. La victoire du «NON» à la constitution a été morale, et non pas un coup d'arrêt comme on a voulu nous le faire croire ; c'était plutôt un moindre mal. La victoire contre le CPE, même si le mouvement a été plus loin que ne l'aurait aimé les bureaucraties, est largement dû à l'ôpiniatreté de la gauche syndicale et politique qui a voulu infliger une défaite à Chirac-Villepin sur la question du contrat de travail.

Je veux pas avoir l'air de me plaindre et de repeindre la situation en noir, mais je veux juste te montrer que l'élection plebiscitaire de Chirac, et ses suites, ont contribué à désorienter et démoraliser et n'a pas été sans incidence comme tu le dis.
Puig Antich
 
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Message par zejarda » 03 Jan 2007, 15:54

("AxelPersson" a écrit :LO était elle partisane d'une politique du vote blanc assorti d'un appel à rester chez soi? En somme, rien faire puisque "ca ne sert à rien?"


LO a continuer a tout faire entre les deux tour pour faire reculer les idées de Le Pen sur nos lieux de travails, dans nos quartier. Et cela était vraiment préférable, que de presenter Chirac comme un rempart a l'extrème-droite. (d'ailleurs quelles différences entre Le Pen et Sarkozy? L'un n'a jamais eu le pouvoir, et l'autre a pu mener a bien une partie du programme electoral de l'autre.)



Voila entre entre ce que l'on disait, dans nos bulletins de boites, la semaine précédent le deuxième tour
a écrit :Alors dimanche, Le Pen ne doit absolument pas avoir de voix des travailleurs. Il faut que tous ceux qui ont voté pour lui au premier tour comprennent que ce serait dramatique que l'extrême droite devienne une force importante.
zejarda
 
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Message par Apfelstrudel » 03 Jan 2007, 19:13

:emb:
Euh oui bien sûr tu as raison.
J'ai répondu trop vite juste sur les manifestations antilepen-prochirac.
Apfelstrudel
 
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Message par meichler » 03 Jan 2007, 19:49

(Puig Antich @ mercredi 3 janvier 2007 à 00:52 a écrit :vous essayez de coller à ce que pensent les masses.


En l'occurence c'était plutôt ce que "pensaient" les apapreils PS, PCF, directions syndicales, y compris... la LCR ! sans compter les "médias" et autres.

Quant à :
a écrit :faire tomber le gouvernement
en avril-mai 2002 cela relève au mieux de l'illumination extra-terrestre, au pire de la couverture idéologique du soutien au candidat des banques et de la grande bourgeoisie : Chirac.

Je ne vois d'ailleurs pas en quoi «l'élection à la stalinienne de Chirac» l'a gêné le moins du monde, bien au contraire. Il a constitué un gouvernement où ne figuraient que ses plus proches amis politiques (sauf 2 sarkozistes) et il a appliqué son programme sans délai et au pas de charge. En réalité, les 82% lui ont signifié que tous les appareils le soutenaient et que "les électeurs" (le masses) étaient suffisamment soumises pour faire passer toutes les exigences du capital.

Ce n'est qu'au printemps 2003 que la classe ouvrière est parvenue à retrouver une confiance en elle suffisante pour tenter un vaste mouvement de résistance (qui a cependant échoué).

Autrement les effets du "vote Chirac" à 82%, les travailleurs les ont payés chèrement, continuent à les payer, et si ça ne tient qu'aux appareils, continueront à les payer jusqu'en mai-juin 2007 (voire après...).

La LCR a fait voter Chirac sans l'ombre d'une hésitation, tout comme sans l'ombre d'une hésitation, elle annonce dès aujourd'hui que jamais elle ne votera PS au 2nd tour. Comme quoi, il y a de ces continuités...
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

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Message par Gaby » 03 Jan 2007, 20:07

(meichler @ mercredi 3 janvier 2007 à 19:49 a écrit : Ce n'est qu'au printemps 2003 que la classe ouvrière est parvenue à retrouver une confiance en elle suffisante pour tenter un vaste mouvement de résistance (qui a cependant échoué).
Le mouvement des profs a redonné confiance à la classe ouvrière ?

(meichler a écrit :La LCR a fait voter Chirac sans l'ombre d'une hésitation, tout comme sans l'ombre d'une hésitation, elle annonce dès aujourd'hui que jamais elle ne votera PS au 2nd tour. Comme quoi, il y a de ces continuités...

Source ?
Gaby
 
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Message par titi » 03 Jan 2007, 20:43

(meichler @ mercredi 3 janvier 2007 à 19:49 a écrit : La LCR a fait voter Chirac sans l'ombre d'une hésitation
même pas, l'entre-deux tours a duré deux semaines, et les premiers jours, la lcr penchait pour l'abstention

elle a craqué en face de son "milieu", n'a pas eu le courage de discuter politique autour d'elle, et c'est ça que je crains le plus si, comme on l'espère tous ici, une vague révolutionnaire se faisait jour : que la ligue craque encore.
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Message par meichler » 03 Jan 2007, 20:48

Sorry, 2 "écarts de plume" de ma part :
1) lire "les travailleurs"
2) lire "laisse entendre que"...
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

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