par emma-louise » 20 Avr 2003, 13:06
La prise de Bagdad par les troupes des Etats-Unis a été saluée par la quasi-totalité des dirigeants politiques du monde, y compris par les prétendus opposants à la guerre, Schroeder et Chirac. En France, si elle a fait l'unanimité parmi les directions des partis de gauche, la position du Président français est vivement contestée par ses propres "amis".
Dès l'annonce de l'entrée des troupes étatsuniennes au coeur de la capitale irakienne, le 9 avril dernier, les télégrammes de félicitations émanant de presque toutes les capitales de la planète ont salué une victoire que beaucoup avaient déjà souhaitée la plus rapide possible auparavant. Et ce, quelle que soit leur position dans la phase diplomatique de la préparation à la guerre.
"La France, comme toutes les démocraties, se réjouit de la chute de la dictature de Saddam Hussein et souhaite la fin rapide et effective des combats", annonçait l'Elysée dans un communiqué. Souhaiter une "fin rapide et effective des combats" revient évidemment à souhaiter qu'il y ait le moins de résistance possible devant les troupes des Etats-Unis. Cette position, justifiée par le souhait hypocrite que la population irakienne souffre le moins possible, révèle que l'opposition d'un Chirac - et de ce que la presse appelle à tort le "camp de la paix" - à la guerre n'était qu'une posture de rival dans un même camp, celui des puissances impérialistes face à des peuples dont elles se disputent les droits au pillage.
Peu de temps après la publication du communiqué de l'Elysée, le Parti communiste français faisait paraître sa position, qu'on pourrait croire copiée de celle de Chirac tant elle lui ressemble. "L'effondrement du régime irakien est d'abord un soulagement et la guerre doit maintenant se terminer." Comment parler de "soulagement" alors que la population irakienne, bombardée sans relâche depuis plus de vingt jours, compte ses morts par dizaines de milliers ? Qui peut croire, à l'exception des fervents partisans de la guerre comme les Madelin ou les Kouchner, que la liberté et la démocratie pourraient venir de l'occupation militaire étatsunienne ?
C'est l'ensemble des dirigeants des partis de la gauche parlementaire qui ont aligné leur position sur celle de Chirac. Il "a eu raison de s'opposer à cette guerre", a affirmé Jack Lang dans Le Journal du Dimanche du 13 avril. "La position de la France, celle qui est la mienne et celle des autorités, a toujours été ?poussons jusqu'au bout la solution diplomatique?... Je pense qu'on a eu raison...", indique de son côté Fabius. D'autres recommandent à Chirac de ne pas céder. Ainsi Mélenchon, pour qui il doit "tenir bon", ou Dominique Voynet qui l'encourage à "rester ferme sur ses positions".
Et tous de se retrouver également sur la même exigence - là encore au nom de ce que seraient les intérêts bien compris de la population irakienne -, d'une "après-guerre" présidée par l'ONU. En réalité, les dirigeants de la gauche parlementaire se sont alignés sur la position de Chirac et de Villepin, parce qu'ils défendent, les uns comme les autres, les intérêts des entreprises françaises, comme ceux de TotalFinaElf qui n'avait pas intérêt à une guerre qui compromettrait ses visées sur les champs pétrolifères d'Irak. C'est tout naturellement qu'ils se retrouvent aujourd'hui sur l'exigence de l'intervention de l'ONU. C'est le seul moyen - sans doute vain d'ailleurs - de pouvoir se réintroduire dans le jeu... et d'obtenir quelques contrats de la reconstruction.
Notre mot d'ordre, à la différence de ces faux opposants à la guerre, est le retrait des troupes d'occupation de l'Irak et la fin de toutes les sanctions. C'est la condition première sans laquelle il ne peut y avoir ni liberté ni démocratie pour les peuples d'Irak.
Mais si Chirac est encore une fois soutenu par les dirigeants de son "opposition", les choses sont beaucoup moins simples en ce qui concerne ses propres amis, au sein de l'UMP. Forts de la victoire des Etats-Unis, les partisans de la guerre, les mêmes en général qui s'impatientent de la "lenteur des réformes", ne se sont pas privés de le critiquer. "Ce que je regrette, c'est que mon pays, la France, ait par moments donnés le sentiment d'oublier les peuples et leur aspiration à la liberté", a ainsi attaqué Madelin.
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Rouge de cette semaine (17/04/2003) intitulé "Après la prise de Bagdad. Ralliement aux vainqueurs", signé Galia Trépère.