Ethiopie: l'ex-dictateur Mengistu reconnu coupable de gé

Message par Combat » 13 Déc 2006, 04:21

ADDIS ABEBA (AFP) - mardi 12 décembre 2006 - 17h02 - L'ex-dictateur marxiste( :wacko: ) éthiopien, Mengistu Hailé Mariam, a été reconnu coupable par contumace de génocide par la justice éthiopienne mardi, pour les horreurs commises pendant la Terreur rouge (1977-1978).
Le colonel Mengistu, qui vit en exil au Zimbabwe depuis que son régime a été renversé en 1991 par le régime actuel, était présenté comme l'accusé n°1.

Les avocats des accusés ont désormais 16 jours pour présenter des circonstances atténuantes qui pourraient permettre d'alléger les peines.

La sentence définitive pourrait donc être prononcée lors de la prochaine audience de ce procès-fleuve, le 28 décembre. M. Mengistu risque la peine de mort.

Ces procès de la "Terreur Rouge" (1977-78) ont débuté à Addis Abeba le 13 décembre 1994. Celui du "Négus Rouge", surnom donné au colonel Mengistu qui a dirigé l'Ethiopie de 1977 à 1991, dure depuis dix ans et le prononcé du verdict avait été plusieurs fois reporté.

L'accusé n°2 est l'ancien Premier ministre Fikre Sélassié, qui, lui, comparaissait devant les juges ainsi que 33 autres prévenus, accusés d'avoir participé directement à cette période de répression sanglante qui a fait quelque 100.000 morts et disparus.

Ces anciens dignitaires devaient répondre de 211 chefs d'inculpation - dont torture, assassinat de l'Empereur Haïlé Sélassié, séquestration, spoliation, exécutions sommaires - regroupés en quatre catégories.

Les accusés numéros un à douze ont été reconnus coupables de ces 4 catégories de charges, soit "génocide, homicide, emprisonnement abusif et torture, et confiscation de biens".

Les onze co-accusés de M. Mengistu sont tous d'anciens membres du comité central du Derg (un conseil d'officiers), arrivé aux affaires en 1974 et officiellement présidé à partir de 1976 par le colonel Mengistu.

Parmi les 61 autres personnes mises en causes dans ce dossier, 60 ont été reconnues coupables de génocide "à la majorité" des votes des trois juges de la cour, et d'homicide "à l'unanimité" des votes des juges, a déclaré le président de la Haute cour fédérale d'Ethiopie, le juge Medhin Kiros.

"Il est intéressant de noter que les juges ne se sont pas entendus à l'unanimité sur les charges de génocide", a souligné à l'issue de l'audience un des avocats de la défense, Abebe Worki. "Maintenant il n'y a plus qu'à attendre les sentences, tous les recours ont été épuisés", a-t-il expliqué, à l'issue d'une audience de plus de cinq heures plusieurs fois interrompue.

Un seul accusé, Begashaw Gurmessa, ancien membre du comité central du Derg, a été acquitté de toutes les charges.

"La cour a trouvé de solides preuves de l'innocence de M. Begashaw Gurmessa puisqu'il a été emprisonné sous le Derg et déclaré anti-révolutionnaire", a déclaré un des trois juges.

Libéré à la chute du "Négus Rouge", M. Begashaw a été arrêté par les nouvelles autorités et détenu. Au total, il a passé 16 années en détention.

"A l'exception de l'accusé n°41, la cour a déclaré coupables d'actes illégaux tous les accusés", a annoncé le tribunal.

Tous les prévenus reconnus coupables risquent la peine de mort, y compris M. Mengistu.

Dans la salle, l'assistance essentiellement composée de familiers des prévenus, n'a rien laissé paraître de ses sentiments, la plupart attendant le prononcé des sentences.

Ce tribunal circulaire aux murs lambrissés avait, ironie de l'Histoire, été construit à l'époque du Derg et porte encore au plafond l'écusson de l'Ethiopie communiste( :33: ) (roue dentelée, étoile, carte de l'Ethiopie frappée du marteau et de la faucille) avec cette devise en amharique: "Nous allons détruire les traîtres et mettre sous contrôle non seulement les traîtres, mais aussi la nature".


Quelle duplicite de la part de la presse bourgeoise. De la a presenter l'Ethiopie comme etant communiste(alors que 1 million de gens mourraient de faim en 1984)...mais bon ils sont payes pour ca! En verite il s'agissait d'un regime stalino-nationaliste ultra sanguinaire utilisant le vocabulaire marxiste pour justifier ses crimes atroces.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 13 Déc 2006, 04:29

Pour se remettre dans le contexte:

http://www.cartage.org.lb/fr/themes/Geohis...ESFR/F11951.HTM

Extraits:

Terreur rouge à Addis Abeba

3 février 1977 - Folie ? Démence rouge, déjà "cambodgienne"? Qui reconnaît l'Ethiopie ? "En six mois, le pays a davantage changé qu'en cinquante ans", murmurent les habitués de l'ancien empire abyssin, qu'indignaient jadis les injustices féodales : "La révolution va de l'avant", proclament les manchettes de la presse officielle. Une chose surtout est allée "de l'avant"au cours des six derniers mois : la "terreur rouge", désormais officiellement assumée, revendiquée même par le régime. Il paraît bien loin le temps où les massacres d'étudiants (celui du 29 avril 1977, par exemple), étaient attribués par les militaires à une "campagne de propagande de l'impérialisme".
Aujourd'hui, la "terreur rouge", censée répondre à la "terreur blanche", est devenue le mot d'ordre officiel. Le maire d'Addis-Abeba, M. Alemu Abebe, recevant les journalistes, se félicite ouvertement de la liquidation des "contre-révolutionnaires".
"La terreur révolutionnaire rougeoie ", répètent à l'infini les slogans d'un régime qui applaudit chaque jour au nombre des "liquidations".
Quelques chiffres, volontairement choisis parmi les plus prudents, fixeront les idées. Diplomates occidentaux, fonctionnaires internationaux et responsables de l'opposition clandestine s'accordent à peu près pour estimer que de cinquante à cent personnes sont liquidées chaque nuit dans la seule capitale. Les nouvelles prisons installées dans chacune des deux cent quatre-vingt-quatorze kebelles (comités de quartier créés en juillet 1975) abritent en moyenne cent à cent cinquante détenus politiques, soit un total proche des quarante mille prisonniers, non compris les deux ou trois grandes prisons "centrales": la caserne de la quatrième division, la prison Akaki et l'ancien palais impérial.
Si la situation dans les campagnes paraît beaucoup moins grave-dans le sud par exemple la réforme agraire est progressivement mise en œuvre dans des conditions parfois bonnes-les grandes villes de province sont touchées, elles aussi, par la terreur rouge : Dire-Daoua, Goudar, Dessié, Jimma... Au total, le chiffre de quatre-vingts à cent mille prisonniers politiques dans toute l'Ethiopie constitue probablement déjà une sous-estimation.
Les massacres et les assassinats politiques qui ensanglantent Addis-Abeba ne sont pas, il est vrai, à sens unique. L'initiative de la guérilla urbaine revient historiquement au Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE), qui à l'automne 1976 décida de déclencher la lutte armée et lança une campagne de meurtre "programmée"contre les intellectuels, les syndicalistes ou les responsables de kebelles favorables au régime ou au parti révolutionnaire MEISON (Mouvement socialiste pan-éthiopien). Depuis cette date, selon le maire d'Addis-Abeba, cent cinquante "camarades"auraient été assassinés par l'opposition clandestine.
Mais le bilan officiel de la terreur blanche, invoquée comme excuse, paraît évidemment dérisoire au regard de la terreur rouge qui lui répond aujourd'hui. La répression inouïe déclenchée par les miliaires et brusquement aggravée depuis la fin de l'été dernier n'a plus aucune commune mesure avec la violence "d'en face". La lutte contre le PRPE, puis contre le MEISON, qui a rompu avec le régime l'été dernier, a justifié l'instauration d'une "chasse à l'homme"policière sans beaucoup de précédents dans le tiers-monde. Tout opposant au régime, tout Ethiopien suspecté de tiédeur, est désormais catalogué comme PRPE. Les deux cent quatre-vingt-quatorze kebelles d'Addis-Abeba, qui furent pendant longtemps l'enjeu d'une compétition politique entre factions marxistes-léninistes rivales, paraissent dans l'ensemble reprises en main.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 13 Déc 2006, 05:10

Aussi ce texte en anglais qui decrit le regime de Mengistu et ses crimes de la prise du pouvoir en 74, la guerre contre les gauchistes, l'etablissement d'un regime soutenu par l'URSS jusqu'a sa defaite par les forces rebelles (anciennement) pro-albanaises en 1991.

http://www.gadaa.com/mengistuCriminal.html
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 14 Déc 2006, 03:48

Bon je vais essayer de resumer. En 1974, l'Ethiopie est une theocratie monarchique dirigee par Haile Selaisse. C'est un pays compose a 90% de paysans oprrimes par l'un des regimes les plus arrieres et feodaux en Afrique. Certes des reformes politiques mineures ont ete introduites vers la fin des annees 60 mais c'est trop tard et trop peu. L'empereur est vieux et fatigue, la famine s'etend, les etudiants et intellectuels petits bourgeois manifestent regulierement pour plus de libertes, et l'eryhtree(province maritime de l'ethiopie) est en proie a une insurrection separatiste. En 1974, l'armee va progressivement s'emparer du pouvoir. Il ne s'agit pas d'un coup d'etat classique mais plutot d'une revolte qui commence dans le cadre de la monarchie. Les officiers de l'armee imposent peu a peu une sorte de dualite de pouvoir tant en respectant initialement l'autorite de l'empereur. Mais au bout de quelques mois, ils vont prendre le controle de la totalite du pouvoir d'etat et se debarasser de la monarchie. Haile sera arrete puis probablement tue. Les dirigeants militaires constituent un comite revolutionnaire, le DERG, dont la majorite des membres sont inconnus du grand public. De 1974 a 77, le regime semble assez "ouvert" et glisse de plus en plus vers l'option "revolutionnaire". Par contre au sein du DERG, il y a des luttes de tendance sanglantes, entre moderes et durs dont Mengistu qui finit par liquider ses principaux rivaux. En 1977, il assume la totalite du pouvoir. Deux partis de masse se reclamant du "marxisme" soutiennent le regime et ont une influence preponderante: il s'agit du PRPE(Parti Revolutionnaire du Peuple Ethiopien) et du MEISON(Mouvement Socialiste Ethiopien) qui participent au pouvoir. Mengistu va d'abord ecraser le premier, et prenant pretexte de la guerilla engagee par ce dernier, entamer la terreur rouge qui eliminera des centaines de milliers d'activistes et citoyens innocents. Puis il va se retourner contre le MEISON qu'il fera decapiter a coup de dizaines de milliers de victimes. Ce n'est qu'en 1987 qu'il fondera le parti ethiopien du travail, calque sur les partis staliniens des democraties populaires. En ce moment la, l'URSS s'effondre et la rebellion erythreenee dirigee par des rebelles se reclamant du "marxisme" et ceux du Front Tigreen(pro-albanais) sont aux portes d'Addis Abeba. Mengistu fait alors une pirouette de 180 degres et s'allie avec les etats unis et israel mais il est trop tard pour lui et son regime. Il perd le controle de la capitale en 1991 et s'enfuit vers un exil dore au Zimbabwe.

Dire que ce regime avait une base sociale serait assez pretentieux puisqu'il a toujours regne par la terreur et l'arbitraire. Certes les paysans ont ete liberes du joug feodal mais il n'y a pas eu de reforme agraire digne de ce nom. J'ai utilise le terme "stalino-nationaliste" car ce regime etait tout de meme beaucoup plus proche des methodes staliniennes tant sur le point de vue ideologique que celui de la repression de masse. Aussi car il y eut le debut d'une veritable revolution en 74 avec des insurrections paysannes anti-feodales mais cette derniere fut etouffee dans le sang par le DERG. Aussi c'etait un regime tres tribaliste et xenophobe meprisant les minorites nationales au sein de l'Ethiopie.

L'URSS supportait tout d'abord la Somalie voisine de Syad Bare qui se disait "socialiste" mais lorsque ce dernier attaque l'Ethiopie en 1979 pour annexer les provinces du sud a majorite somali, l'URSS va renverser les alliances. Pourquoi je ne suis pas trop sur. Peut etre parce que l'Ethiopie est le seul pays a majorite chretienne ortodoxe en Afrique, mais ce n'est pas trop evident. Peut etre ont ils senti qu'il etait une marionnette beaucoup plus sure. L'armee ethiopienne d'abord mise en deroute va beneficier de l'aide massive de l'URSS et de Cuba et mettre a genoux les contingents somaliens. C'est la fameuse guerre de l'Ogaden.
Au finish, c'etait un regime qui comme en europe de l'est ou en russie a profondement discredite les idees socialistes(qu'ils n'a jamais de fait defendues). Mengistu vit toujours en exil a Harare. Les rebelles pro-albanais qui l'ont renverse sont eux devenus les meilleurs eleves du fond monetaire international et de l'occident.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 14 Déc 2006, 04:04

Ce document en anglais(helas) retrace de facon tres detaillee l'histoire de l'Ethiopie durant cette periode.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 14 Déc 2006, 05:15

Il y a aussi ce livre qui devrait etre assez interessant. Je vais le lire tres bientot et peut etre que ca precisera certains details. A t il ete traduit en francais?
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 14 Déc 2006, 15:19

Oui desole voila le lien:

http://countrystudies.us/ethiopia/

Il est possible qu'il y ait eu des antagonismes au sein de la petite bourgeoisie urbaine ayant conduit a des affrontements entre le DERG et le PRPE. J'ai comme l'impression que le PRPE representait les interets des secteurs les plus sans culottes dans les villes. Encore une fois precisons qu'il n'existait pas de proletariat industriel a proprement parler. Pour le MEISON il m'est assez difficile de repondre mais ca a l'air d'etre le parti "stalinien" type. Les rebellions erythreennes et tigreennes representaient les aspirations a plus de pouvoir des petites bourgeoisies de ces provinces face a l'absolutisme du pouvoir central.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 21 Fév 2007, 05:10

Pour se remettre dans le contexte, on peut consulter cette video de 1983 et en francais sur la rebellion pro-albanaise(et non maoiste comme d'apres le documentaire) du Front Tigreen:

http://www.dailymotion.com/visited/search/...ie-les-rebelles
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22


Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)

cron