(redspirit @ mercredi 8 novembre 2006 à 17:37 a écrit :Mais qu'est-ce que le déterminisme sinon la connaissance des lois de la nature? Je suis d'accord avec ta définition du déterminisme : ce qui ne peut pas ne pas être.
Personnellement, en philosophie comme en maths ou comme dans toute discussion où l'on manie des concepts "abstrait", je suis incapable de réfléchir sans définir clairement les concepts que je nomme. Pour le "déterminisme", je pense qu'on est d'accord avec la définition de sylvestre que je recite :
a écrit :conception selon laquelle ce qui arrive doit nécessairement arriver, qu'étant donné l'état de l'univers à un moment T, il se retrouvera nécessairement dans tel autre état au moment T+N.
Si on admet cette définition, alors à quoi bon dire que le déterminisme ça serait "la connaissance des lois naturelles" ! ça n'a rien à voir.
Maintenant j'apporte une autre mise en garde sur cette définition : ça n'est pas non plus la "possibilité de prévoir l'avenir". Et même en supposant qu'on connaisse toutes les lois de la nature et qu'on admette le déterminisme, ça n'aura pas forcément pour conséquence la possibilité de prévoir l'avenir. Les mathématiciens ont décrit depuis environ un siècle des systèmes entièrement déterminés et qui néanmoins sont imprévisibles à plus ou moins long terme, en raison de leur extrême sensibilité aux conditions initiales (on appelle ça des systèmes chaotiques). Et manque de pot pour sylvestre, les modèles utilisés par les météorologues appartiennent à cette grande famille des systèmes chaotiques, et c'est pour ça que les prévisions météos à long terme sont impossibles...
Fermons cette parenthèse sur le chaos et continuons :
a écrit :L'homme est conscient de son action mais il est inconscient des causes de son action. Celle-ci est déterminée par une somme d'éléments extérieurs. L'homme libre est celui qui prend conscience de la nécessité. L'homme libre a des déterminations rationnelles qui passent par la connaissance des lois de la nature, du déterminisme.
Je répète, le déterminisme ce n'est pas la "connaissance des lois de la nature". Pour le reste : J'ai l'impression qu'il y a là un peu le même genre de confusion que je pointais du doigt dans le texte de Plekhanov expliquant Schelling, et qui consiste à parler de "liberté" pour en fait désigner quelque chose de tout à fait différent de ce que le mot désigne par ailleurs. Le "libre arbitre" c'est la faculté de l'homme de choisir ses actions. Cela suppose déja bien entendu que ces actions ne sont pas déterminées, sans quoi il n'y aurait rien à choisir : c'est là l'objection "classique" au libre arbitre de la part de tous les philosophes qui admettent le déterminisme. Schelling (selon Plekhanov) remplace cette définition par "la liberté c'est faire ce qu'on veut", et comme il considère que la volonté est elle aussi soumise à la nécessité il en vient à dire qu'il n'y a pas de contradiction entre liberté et nécessité. C'est bien entendu une énormité qui vient de ce qu'il a changé la définition de ce qui lui posait problème... Quant à toi redspirit, tu nous dis que "l'homme libre est celui qui prend conscience de la nécessité" (si j'ai bien compris c'est comme ça que tu comprends le paragraphe de Engels que tu as cité). Tu admettras que c'est une définition encore plus douteuse que celle de Schelling (qui avait au moins le mérite de redéfinir la liberté par une de ses propriétés), et surtout que c'est la même erreur de raisonnement qui intervient : on redéfinit en cours de route le concept de "liberté".
a écrit :Le determinisme n'entraine jamais le fatalisme (sauf dans le cas du déterminisme populaire), dans le premier cas, le determinisme s'appuie sur la raison pour ses prévisions (par exemple la science pour la méteo), tandis que dans le fatalisme il y a la croyance que tout est prédéterminé, que les hommes sont soumis à des forces supérieurs. Le fatalisme interdit l'action là où le déterminisme le permet.
Sur la confusion entre déterminisme et connaissance des lois naturelles d'une part et entre déterminisme et capacité à prévoir d'autre part, voir plus haut. Le déterminisme, selon la définition de sylvestre, c'est de dire que l'évolution du monde est soumise à la nécessité. Le fatalisme, qui serait la "croyance que tout est prédéterminé", en est la conséquence directe. Je ne vois aucune contradiction entre ce fatalisme et le déterminisme.
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J'ai corrigé quelques lapsus qui faisaient que ça n'avait plus le sens voulu...