Groupie-de_Bizet,
J'ai écrit un peu rapidement. En 1959-61, Castro a essayé de composer, coincé entre les masses et Washington. Notamment, le premier gouvernement après la chute de Batista était un gvt d'Union nationale dirigé par un politicien bourgeois. Il n'a pas tenu : les masses ont imposé le départ de ces éléments et un gouvernement ouvrier-paysan "impur" (c'est à dire dirigé par des éléments petit-bourgeois) a été constitué. Durant toute cette période Castro a essayé de composer (visite de Castro aux USA en 1960, je crois). Le probléme est que 1/ l'impérialisme a répondu par une fin de non-recevoir 2/ Le mvt des masses était tel que Castro n'a pas pu les faire refluer, surtout après la Baie des Cochons.
Dans ces conditions Castro avait le choix entre son propre suicide et garder sa place à la tête du pouvoir en tentant de préserver ce qui pouvait l'être. Notamment toutes les institutions centrales de l'Etat bourgeois ont été démantelées les unes après les autres : flics, armées, etc. de 1959 à 1962. Puis il y a eu la réforme agraire.
L'Etat qui émerge de cette période est marqué de façon indubitable par ces processus, par la marque de la révolution - ce qui lui donne son caractère ouvrier
mais déformé dès l'origine en l'absence de POR. Ce qui explique la facilité avec laquelle le Kremlin a mis la main sur l'île. Et puis : il faut quand même du coffre pour ignorer les différences qualitatives qui existent entre un Etat comme celui d'Algérie et celui qui existe à Cuba.
Il est donc totalement faux de mettre l'Etat cubain sur le même plan que l'Etat algérien.
Mais encore une fois : les thèses de LO aboutissent dans les faits à donner à la bourgeoisie cubaine une vitalité qu'elle ne saurait avoir pour des tkystes. On serait donc en droit d'attendre un peu d'explications sur comment ils concilient tout ceci avec la théorie de la révolution permanente.
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Et pour LCR,
Si tu veux dire que la révolution politique n'est pas actuellement à l'ordre du jour à Cuba, c'est évident. Ceci étant, cela ne change pas le fait que c'est la seule façon de combiner défense des acquis de la révolution cubaine et fin de l'oppression mise en oeuvre par Castro & Co.
Concernant le SU, je ne saurais te trouver un texte où il est dit clairement que le SU est CONTRE la révolution politique à Cuba. Mais je ne saurais en trouver qui dit l'inverse non plus. Hasard ?
Le communiqué de Krivine - aussi vague que possible - est un nouvel exemple de cette méthode. Autre exemple dans Rouge de cette semaine :
a écrit :Combattre les tentatives répétées des Etats-Unis de mainmise sur Cuba, dénoncer l'embargo scandaleux imposé depuis plus de quarante ans à tout un peuple est plus que jamais indispensable. Mais il est fort probable qu'avec de telles méthodes, la direction cubaine pousse un peu plus tous ses opposants à se tourner vers les Etats-Unis ravis d'une telle aubaine.
Moi j'aurais écrit autrement que sous forme de conseil à la direction cubaine : que la répression en cours met plus à l'ordre du jour le combat pour liquider la clique de Castro et instaurer un régime authentiquement socialiste sur l'île.
Conclusion : tant que je n'aurai pas vu de texte expliquant clairement l'inverse, je serais en droit de considérer que le SU est pour la réforme de la bureaucratie cubaine. Ses dirigeants ne sont en effet pas des novices : s'ils ne disent pas clairement les choses, c'est bien qu'il y a une raison. Mais tu le sais mieux que moi !