("Libé" a écrit :Laguiller lance sa «der des ders» présidentielle
Sixième campagne pour la chef de file de LO, qui dit avoir un peu plus de 450 signatures.Par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : Samedi 14 octobre 2006 - 06:00
Arlette contre le grand patronat, sixième. Pas question pour la porte-parole de LO, qui lançait vendredi soir à la Mutualité, à Paris, sa sixième et dernière campagne présidentielle avant de s'effacer.
«Qui d'autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs ?» proclamait une affiche. En tout cas pas le futur candidat unique
«de la gauche de la gauche» qui sortira peut-être en novembre du chapeau des Collectifs unitaires issus de la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne.
«Je ne vois pas pourquoi on veut absolument que je m'efface devant Bové, Buffet ou Autain», a expliqué Arlette Laguiller en préambule :
«Je pense que j'ai d'autres choses à défendre.» Alors que les Collectifs se réunissent ce week-end à Nanterre pour discuter programme et candidatures, Arlette ne cache pas son scepticisme :
«J'ai dit à mes camarades de la LCR que le non ne fait pas un ciment entre les associations, le PCF, José Bové, la minorité des Verts et les socialistes qui ont appelé à voter non. Derrière, il y a des politiques différentes. Je ne vois pas, à part un compromis modéré, ce qui pourrait sortir de là.» Elle se veut toujours une anticapitaliste pur jus :
«Etre anticapitaliste, c'est être contre l'économie de marché, être antilibéral, c'est meuler un peu les griffes du capital, mais ne pas lui arracher les crocs.» Et Arlette, à 67 ans, a toujours des crocs :
«C'est la rapacité, l'âpreté au gain, l'absence de sensibilité érigée en vertu qui caractérisent les hommes qui dirigent l'économie.» Le visage hâlé, l'indignation sincère soutenue par une rhétorique en béton palliant une voix moins énergique qu'avant. «
En 1974, j'étais la seule femme à me présenter», rappelle-t-elle, ajoutant qu'aujourd'hui elle n'éprouve aucune «solidarité politique» avec Ségolène Royal.
Elle préfère mettre en avant la relève incarnée par ses trois jeunes camarades, Valérie Hamon (conductrice de train en Bretagne), Isabelle Bonnet (enseignante en Paca), et Nathalie Arthaud (enseignante à Lyon), qui font écho à leur mentor :
«Le train antilibéral n'a pas encore tous ses wagons rattachés, il n'y a toujours pas de conducteur, mais il est sur les rails pour arriver en gare du PS», persiflait l'une d'elles avant le meeting.
En attendant leur tour, c'est encore celui d'Arlette. «
Je serai présente dans cette campagne. Aujourd'hui, j'en suis à un tout petit peu plus de 450 signatures, et il y a en réserve plusieurs dizaines d'élus qui n'ont pas refusé ni accepté, car ils attendent de voir quel candidat socialiste sera en présence.» Il faudra donc compter avec elle pour sa der des ders : 25 meetings sont déjà programmés. Pour taper sur la droite dure, dénoncer la gauche molle.
«Ne nous y trompons pas, nous ne disons pas que la droite et la gauche c'est pareil. Elles sont les acteurs d'une même pièce. Et il est vrai qu'il vaut mieux avoir affaire à de faux bons qu'à de vrais méchants», a-t-elle expliqué.
«Je souhaite que les voix qui se porteront sur ma candidature soient une menace pour la gauche, que le maximum d'électeurs populaires qui voteront socialiste au deuxième tour disent qu'ils ne sont pas dupes des marshmallows socialistes. 3 à 5 % pour moi et 5 à 9 % pour Olivier Besancenot, ce serait une gifle pour le PS», a-t-elle conclu avant d'accueillir une longue standing ovation.
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