Aujourd'hui, c'est Pierre Laurent qui remporte le prix...
("Humanité" a écrit :politique
Un premier succès qui dérange
Commentaire . La décision des Collectifs antilibéraux sur leur ambition électorale ne cadre pas avec la niche que certains voudraient leur réserver.
Les commentateurs de la vie politique sont décidément incorrigibles. Les réunions du Conseil national du PCF et l’assemblée des Collectifs unitaires antilibéraux tenues ce week-end n’ont eu le droit qu’à quelques maigres compte rendus. Au même moment, l’université d’été de Philippe de Villiers et ses diatribes racistes et ultraréactionnaires avaient le droit à une ample couverture radio-télévisée. Quant aux médias qui avaient tout de même décidé de couvrir la réunion des collectifs de dimanche, plusieurs affichent leur embarras pour rendre clairement compte des décisions prises.
Le texte stratégique adopté après un débat fructueux dans les collectifs locaux est pourtant clair et positionne nettement l’ambition du rassemblement visé (voir notre édition d’hier). Il écarte une vision étriquée qui risquerait de détourner le rassemblement de ses objectifs : battre la droite et l’extrême droite en 2007 ; s’adresser pour cela à tout le peuple de gauche pour le rassembler sur des positions antilibérales. Mauvaise perdante, la LCR parlait d’ailleurs hier dans un communiqué de « débat tronqué » à propos de la réunion de Saint-Denis (les 600 participants apprécieront). Ignorant les réponses apportées par les collectifs dans leur cohérence, elle y réaffirme la ligne dont elle ne démord pas et qui justifie à ses yeux la candidature solitaire d’Olivier Besancenot : « Faut-il envisager un rassemblement de toute la gauche alors même que le PS confirme jour après jour son choix social-libéral ? ». C’est précisément à cette équation de la défaite programmée que les militants antilibéraux dans leur diversité, communistes, associatifs, altermondialistes, syndicaux, socialistes, républicains de gauche..., tous acteurs de la victoire du « non », refusent de se résoudre. Et leur ambition dérange, elle ne cadre pas avec les schémas préétablis. Elle bouscule manifestement les visions d’un bipartisme triomphant, flanqué de deux extrêmes durablement marginalisés et écartés des responsabilités.
Décalés, à court de commentaires, certains médias préfèrent du coup les raccourcis, quitte à verser dans le contresens. Libération et le Parisien publient ainsi pour symboliser le rassemblement une photo réunissant deux de ses acteurs, José Bové et Clémentine Autain, aux côtés de celui qui en refuse toujours les contours, Olivier Besancenot. Dans le Parisien, la photo est flanquée de cette légende : « Les militants d’extrême gauche et leurs leaders ne parviennent toujours pas à s’accorder sur la personne capable de les représenter en 2007. » Pas sûr que les militants venus de toutes les familles de gauche réunis dimanche se retrouvent dans ce genre de résumé. À part cela, il est vrai que le débat sur les candidatures n’est pas clos. Pour une bonne raison, il ne fait que commencer. Aussi bizarre que cela puisse paraître à nombre de nos commentateurs, les militants des collectifs avaient tout simplement décidé de ne pas mettre la charrue avant les boeufs et de commencer par mettre en débat leurs objectifs et leur projet.
Pierre Laurent