Informations ouvrières N° 729 - Semaine du 9 au 15 février 2006
Oui ou non ?
La scène ne se déroule ni en Inde ni au Pérou. Elle n’a pas non plus pour cadre la France ou l’Angleterre du XIXe siècle. C’est le 13 janvier 2006 que le gouvernement français a publié un décret légalisant le travail de nuit des enfants en dessous de l’âge légal de la majorité, et même, dans certains cas, en dessous de 16 ans (lire page 2) !
C’est, au sens plein du terme, la réaction sur toute la ligne !
A l’Assemblée nationale, qui débattait le 2 février d’une loi « sur l’égalité des chances », le député socialiste Henri Emmanuelli a, de façon insistante, à propos de ce décret, posé la question suivante : « Oui ou non, le travail de nuit des jeunes de 15 ans sera-t-il possible ? » A quoi le député UMP rapporteur du projet de loi devait finir par répondre : « Nous avons déjà répondu, mais nous pouvons le faire encore une fois.
M. Emmanuellli, la première partie de ma réponse est oui, en trois lettres, o-u-i. »
On ne peut que partager l’indignation qui fut celle des députés socialistes présents devant un aveu d’un tel cynisme.
On regrettera toutefois que le questionnement « Oui ou non », qui s’est révélé en l’occurrence bien démonstratif, n’ait pas été prolongé.
Par exemple : oui ou non, le décret scélérat du 13 janvier 2006 découle-t-il de l’article 9 de la directive européenne 94/33/CE du 22 juin 1994, intitulée « sur la protection des jeunes au travail » (sic), dont nous reproduisons le texte intégral dans ce numéro de notre journal ?
Autre question : oui ou non, cette infâme directive européenne a-t-elle fait l’objet d’une première transposition par l’ordonnance du 22 janvier 2001 prise par le gouvernement de « gauche plurielle » de Lionel Jospin, rétablissant le travail des enfants ?
A ces deux questions, la réponse est : oui. Il s’agit là de faits. Et ces faits démontrent, à qui en douterait, que quiconque dit oui à l’Union européenne, au traité de Maastricht et à ses directives, dit oui au rétablissement du travail des enfants, au rétablissement du travail de nuit, et, plus généralement, à la destruction de tous les acquis de la civilisation humaine.
Quant à dire non, il n’y a pas trente-six manières de le faire. Rupture avec l’Union européenne !
Daniel Gluckstein