par Apfelstrudel » 28 Déc 2005, 01:42
Pour revenir sur le texte de logan (au début), il n'explique pas du tout les rapports entre la transformation de la quantité en qualité, l'interpénétration des contraires et la négation de la négation, pour former cet ensemble qu'on appelle la dialectique.
Par ailleurs, si la première est expliquée assez clairement, c'est beaucoup moins évident pour les deux autres :
L'interpénétration des contraires, est-ce simplement dire qu'on ne peut parler de caractère positif que par opposition à un caractère négatif, ou encore constater que dans un aimant il ne peut y avoir qu'un seul pôle ? Et quel est l'intérêt pour le marxisme de ceci ?
Sur négation de la négation, je suis d'accord avec l'exemple de l'évolution des idées sur la transmutation des éléments : les alchimistes croyaient pouvoir transformer le plomb en or, idée qui a ensuite été abandonnée, ce qu'on peut appeler une négation, et finalement au 20e siècle, on a réussi à transformer des éléments en d'autres, notamment dans les réactions radioactives, et on peut même si on veut transformer du plomb en de l'or. Ici, c'est légitime de dire qu'on a dépassé la logique formelle où la négation de la négation équivaut à un retour à l'énoncé initial, en effet si les connaissances scientifiques actuelles rejoignent les idées des alchimistes sur le point sur lequel on s'est focalisé (la transmutation est possible), elles en sont en fait très différentes, et la négation de la négation a fait apparaître beaucoup d'enrichissement et de différences.
En revanche, l'exemple d'Engels me paraît beaucoup plus tiré par les cheveux : il prend comme exemple le grain d'orge qui en germant est nié (du fait d'une transformation qualitative), la pousse d'orge donnant ensuite de nouveaux grains avant de disparaître (négation de la négation). Bien sûr, le résultat, s'il ressemble à la situation initiale, est différent, car les grains sont plus nombreux et ont subi des petites modifications.
Cependant, il me semble qu'on s'éloigne ici encore beaucoup plus du sens que la logique formelle donne à la négation : toute transformation qualitative devient une "négation". Et si on retombe sur nos pattes, car la négation de la négation donne quelque chose de proche malgré tout de l'état initial, ce n'est pas parce que nier deux fois donne ce résultat, mais parce qu'Engels choisit un exemple de "cycle"* où il ne distingue que deux étapes qualitativement différentes. Si, pour l'orge ou une autre plante, on choisissait de distinguer deux étapes qualitativement différentes dans la vie de la plante proprement dite (donc trois avec la graine), ce serait alors la négation de la négation de la négation qui nous ramènerait à l'état de la graine. Ici, le sens du mot "négation" n'a donc plus le moindre rapport avec la logique formelle.
* je mets entre guillemets bien que c'en soit ici un, mais parce que ça s'applique à d'autres situations d'évolution où on arrive à quelque chose de proche par certains côtés d'un état précédent, sans qu'il s'agisse d'un cycle
Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...