(interluttant @ dimanche 20 novembre 2005 à 16:29 a écrit : Oui, Logan, le mouvement des jeunes de banlieue qui a eu lieu il y a 15 jours, à cause de son mode d'action, le vandalisme, ne nous permet pas de s'exclamer que tout cela est, dans l'ensemble très positif.
Effectivement, et il faut partir de là.
a écrit :C'est une fraction de la classe ouvrière, la fraction la plus jeune et la plus écrasée par la misère et le chômage
La classe ouvrière, c'est celle qui travaille. Ici, ce sont des gosses des classes populaires, c'est indéniable. Certains sont lycéens, par intermittence ou réguilièrement, d'autres l'ont été, d'autres sont exclus de l'école. Certains ont travaillé, d'autres pas, d'autres ont essayé et ça ne leur a pas franchement plu ! Ceux qui y restent non plus d'ailleurs, ça ne plait pas toujours, de bosser, mais ils bossent. C'est ce qui leur permet d'acquérir des réflexes collectifs, un sentiment d'appartenance à une collectivité, ce que l'on appelle une conscience de classe, tout ce qui manque visiblement à ces jeunes.
a écrit :C'était une révolte contre l'ordre social. Oui Jacquemart, une révolte (sans guillemets), même si elle s'est exprimée de manière très primitive, par le vandalisme.
Oui, de manière primitive, TRES primitive. C'est bien cela le problème. Et toute révolte n'est pas révolution.
a écrit :Pascal, quand tu dis que qu'il n'y avait dans cette révolte "aucun espoir de changer les choses par l'organisation collective", tu n'as qu'à moitié raison. Les jeunes des banlieues se sont coordonnés pour que ça brûle partout et de plus en plus pendant quelques jours.
Oh, on peut se coordonner pour faire des tas de choses... utiliser les portables pour attaquer de manière coordonnée et disperser une manifestation lycéenne pour "faire ses courses" comme ils ont dit ! et casser la figure à des copains de LO ou du syndicat au passage.
a écrit :Au cours du mouvement, ce "nous, la racaille", nous devions le reconnaitre comme celui de notre classe.
Pas du tout. Quand on traite les communards de "racaille", quand on traite le peuple de racaille, "eh bien, j'en suis". Quand des éléments déclassés ou associaux brûlent les écoles et les voitures de leurs voisins, je n'en suis pas. Même lorsque les premiers sont accompagnés d'autres éléments qui sont moins désocialisés, expriment une révolte primitive, "leur haine", et qui reprendront le chemin du monde du travail.
a écrit :Pour conclure sur le communiqué de LO, je ne pense pas qu'il aurait fallu mettre la phrase "il y a de l'espoir : les jeunes des banlieues se mobilisent". Mais on aurait sans doute dû mettre quelquechose comme "c'est une fraction de la classe ouvrière qui exprime sa révolte". Pour faire en sorte que les travailleurs qui étaient un peu content de voir le gouvernement en difficulté se sentent encouragés.
Les travailleurs, du moins ceux pour qui ce n'était pas le racisme et les préjugés ou les sentiments sécuritaires qui remontaient, les travailleurs avec lesquels on a discuté donc, comprenaient les racines de la révolte des jeunes, et nous aussi. Quand on plonge les gens dans la merde, quand on enferme les jeunes dans une situation sans espoir, quand on leur refuse l'accès au savoir, à l'école, au travail, à un cadre de vie agréable, à la vie de la société, il ne faut pas s'étonner que cela vous revienne à la figure. Mais personne n'a approuvé ce qui se faisait. Et on ne discutait qu'à condition de dire D'ABORD que brûler les voitures des cités et les écoles, c'est de la connerie. Et c'en est.
a écrit :Jacquemart, tu demandes un "récit concret de la politique que LO aurait dû mener" !?
Oui, et moi aussi, je demande aux intervenants de quitter la politique de la phrase et du clavier. Et je demande, comme Jacquemart, comme d'autres, à ceux qui ont fait quelque chose ou entendu parler de quelque chose de nous le raconter. Ou de le tenter et de nous raconter. Ceux qui ont raconté n'ont rien raconté de bien convainquant. Une tentative ratée d'un brave socialo de Massy, une fille du PC qui s'est fait jeter avec une bouteille de pisse, une mini-caravane "de communistes révolutionnaires" avec réunion sans personne dans une cité, un bon récit, vivant et mesuré, des difficultés à communiquer avec ces jeunes d'un copain qui a fait un travail de quartier dans le temps. Rien de convainquant sur le plan politique. Mais pour paraphraser Interluttant
"je ne pense pas qu'il aurait fallu mettre la phrase "il y a de l'espoir : ceux qui critiquent LO se mobilisent"... car leur mobilisation s'arrête au virtuel !