crise de direction révolutionnaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par quijote » 20 Sep 2005, 15:39

(Vérié @ mardi 20 septembre 2005 à 16:02 a écrit : Camarades, entre marxistes, justement, il me semble que l'accusation de  - je ne dirais pas "sacrés pour ne  Par exemple la différence d'analyse entre LO et la LCR sur la nature de Cuba a-t-elle des conséquences immédiates ? La différence d'analyse sur la nature du régime de Poutine - bourgeois ou ouvrier très, très dégéréné - a-t-elle des conséquences sur la façon dont interviendrait une section russe de LO, s'il en existait une ? Pas sur du tout. Ces divergences d'analyse peuvent nénamoins avoir une conséquence à un moment ou un autre, entrainer d'autres divergences, mais rien n'est "automatique", comme le suggèrent les camarades qui affirment péremptoirement que cette remise en cause aboutit inéluctablement aux positions de Pannekoek ou des bordiguistes (d'ailleurs tous les bordiguistes eux-memes n'en ont pas tiré des conclusions semblables. Ceux de Lotta Communista - Italie - étaient par exemple tout aussi activistes que LO.) Loin de moi l'idée de nier les relations entre théorie et pratique. Mais toute divergence ou nuance théorique n'a pas d'implication immédiate. En exiger une n'est qu'une technique de polémique que je ne trouve pas très correcte.

A ce compte-là, on se demande meme si le premier intervenant avait "le droit" de poser cette question...

Il ne s 'agit pas pour nous de nous prosterner devant des textes , fussent-ils " classiques " Mais justement de comprendre les implications politiques que telle ou telle analyse et appréciation théorique entraîne : nous ne séparons pas la théorie de la pratique .

Non , dire , comme toi ,que cela n 'a pas d'implication est possible si on reste à mi chemin et on ne pose pas les conséquences jusqu 'au bout

Pour prendre l 'exemple de Cuba et de nos positions que tu cites par rapport à ce qu 'en pensait la LCR , il y avait des implications au delà du soutien que nous devions apporter à Cuba face à l 'impérialisme .

Car dire que Cuba est un " Etat ouvrier " ( dégénéré , déformé , sui generis ?) cela détermine une politique : celle d'un suivisme vis -à-vis de leaders du Tiers Monde , c'est croire qu 'une direction à la Castro peut déboucher sur un projet de Révolution Mondiale .
A l 'époque , quand je critiquais le " Nationalisme " de Castro , les camarades de la Ligue me répliquaient " Et la Tricontinentale " ?. Ce faisant , ils oubliaient que Castro avait emprisonné les trotskistes cubains et cela sous entendait que d 'autres forces que la classe ouvrière pouvaient être revolutionnaires ,( par procuration ,) en un sens socialiste.

D 'où toutes sortes d 'errements : la complaisance vis à-vis de mouvements ( il fallait, disaient -ils , " aller de la périphérie vers le centre " , le soutien de Ho chi min ("on parlait de " Révoluion vietnamienne " ( en oubliant le massacre des trotskistes vietnamiens par ce même Ho chi min )et l 'absence de recul pour apprécier des mouvements guévaristes sans parler de la complaisance vis -à-vis de micro nationalisme ( ex :Eta ) etc .

Voire , après 68 de "nouvelles forces", avaient surgi , comme le " mouvement étudiant" ce qui déterminait des implications pratiques ...

Et de même pense aussi à ceux qui, au nom de telles " analyses " n 'ont pas hésité dans le gouvernemet de Ceylan !!!

Et puis .. etc , etc

La liste serait longue et ce n'est pas seulement la Ligue qui a pêché par de tels errements théoriques .


Donc , je pense qu' il n 'est pas indifférent de dire que Cuba est un état bourgeois , tout comme n 'est pas indifférente l 'appréciation qu 'on peut porter sur l 'URSS
quijote
 
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Message par Nadia » 20 Sep 2005, 16:03

(Vérié @ mardi 20 septembre 2005 à 16:02 a écrit : ...
La différence d'analyse sur la nature du régime de Poutine - bourgeois ou ouvrier très, très dégéréné - a-t-elle des conséquences sur la façon dont interviendrait une section russe de LO, s'il en existait une ? Pas sur du tout.
...
Si la LCR ou LO avaient une section quelque peu importante en Urss, il serait d'autant plus important d'avoir une analyse juste en termes de classes sociales.

Je m'inquiète surtout quand je vois la LCR tenter de soutenir à tout prix une tendance politique, la moins pire peut-être, vue d'ici, mais qui ne correspond pas forcément à une approbation de classe des prolétaires du pays concerné. Je me souviens notamment d'un vague soutien à "Rodina" via un article d'Inprecor, et à Iouchtchenko lors des dernières élections en Ukraine. Quant à vouloir soutenir le "Medjlis" de Crimée, les bras m'en tombent et me font douter de la justesse des choix politiques de la LCR en France même.

J'avais préféré de loin la prudence d'analyse de LO, qui évitait tout soutien à des trucs louches et qui se préservait bien d'enjoliver les réalités.

Bon, tant que l'Ukraine et la Russie sont des pays lointains, qu'on n'y a là-bas aucune influence, ça n'a pas trop de conséquences directes, certes...
Nadia
 
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Message par Jacquemart » 20 Sep 2005, 16:05

Ne serait-on pas en train de perdre très légèrement de vue la question de départ de ce fil ?

:33:
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Message par pelon » 20 Sep 2005, 16:10

(Jacquemart @ mardi 20 septembre 2005 à 17:05 a écrit : Ne serait-on pas en train de perdre très légèrement de vue la question de départ de ce fil ?

:33:

Pas faux, comme dirait faupa.
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Message par artza » 20 Sep 2005, 21:10

(Vérié @ mardi 20 septembre 2005 à 17:17 a écrit : Exiger une implication immédiate, précise et détaillée à toute divergence, critique ou seulement réflexion n'est pas, à mon avis, une bonne démarche.

Peut-être dans une discussion à bâtons rompus à propos de tout de rien et de pas grand chose.
Bien sur n'importe quel citoyen lambda peut avouer son estime pour Arlette Laguiller sans que ça l'engage à grand chose et la plupart du temps à rien du tout même pas à voter pour elle.

Mais là ce n'est pas ce genre de propos que tu tenais. Tu affirmais qu'à ton avis la crise de l'Humanité ne se réduisait pas à la crise de la direction révoultionnaire. Tu as même affirmer que cette formule était déjà fausse à l'époque ou LT l'écrivait.

Par la même si les choses et les mots ont un peu de sens son activité et celle qu'il préconisait pour les révolutionnaires dans le programme de transition n'avait plus grand sens.
A quoi servent et où vont des "olibrius"qui s'évertuent à constituer quelque chose en l'occurence une "direction révolutionnaire" impossible, irréalisable, inutille? nuisible?

Oui des révolutionnaires que je ne méprise pas ont estimé à la même époque que les défaites étaient trop grandes, le recul trop important et qu'une intervention pratique, constante et immédiate n'était plus nécessaire voir pire négative car cet activisme sans objet ne pouvait que faire sombrer les révolutionnaires même les meilleurs dans le pire opportunisme.
Opportunisme qu'ils dénonçaient d'ailleurs chez Trotsky.

Je ne partage pas du tout ce point de vue et à mon sens ta réflexion sur "l'erreur de LT" sur cette question ne peut qu'entraîner au renoncement ou éventuellement au repli vers des activités syndicales, associatives, culturelles, humanitaires etc...
Ce qui en soit n'a rien d'honteux du moins pour les dernières citées mais n'a rien de révolutionnaire et ne correspond pas aux tâches nécessaires et possibles du moment.
artza
 
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Message par Ottokar » 20 Sep 2005, 21:20

(Vérié @ mardi 20 septembre 2005 à 17:17 a écrit : Je faisais référence au camarade qui écrit en substance : "Je ne vois pas où tu veux en venir. Tes réflexions ne m'aident pas dans mon activité." Quand ce camarade sortira du CLT sur l'ouragan ça ne l'aidera pas pour son activité le lendemain matin ni les jours suivants. Exiger une implication immédiate, précise et détaillée à toute divergence, critique ou seulement réflexion n'est pas, à mon avis, une bonne démarche.
On peut toujours critiquer, réfléchir, se demander si aujourd'hui on écrirait de la même façon, etc. Il n'y a pas de textes sacrés, même s'il y de sacrés auteurs ! donc, à mon sens, ni la question, ni les éclairages apportés ne sont par nature "saugrenus". Et pour ce qui est de la psychanalyse, ce n'est pas mon rayon.

Ce qui est de peu d'utilité par contre, c'est de se demander si nous n'avons pas réussi à construire de parti, à surmonter "la crise de la direction" parce que la situation n'a pas été révolutionnaire. Car cela, c'est faire du commentaire. Et c'est cela qui ne peut mener qu'à la passivité, une fois qu'on se dit que les forces productives ont recommencé à croître, et que la bourgeoise a pu assurer un niveau de vie en progression aux masses en occident, etc.

Bien sûr lorsque les masses ne sont pas en révolution, quand on n'est ni dans l'Espagne de 36 ni même dans la France de 36, la crise de l'humanité ne se réduit pas seulement à sa crise de direction. Mais non seulement cela n'empêche pas de tenter de construire le parti (et pas seulement de défendre les intérets matériels vitaux des esclaves et des parias de la société) mais en même temps, si on réussit un tant soit peu, cela change la situation. C'est ce que j'ai tenté d'expliquer. Trotsky voyait la IVème internationale force principale du mouvement révolutionnaire pour le centenaire du manifeste. Voici encore un txete sacré qui a été sacrément démenti ! Si les révolutionnaires avaient eu plus d'influence néanmoins, ils auraient pu gagner des révolutionnaires algériens, congolais, etc. et donner une autre dimension aux évènements qui ont secoué ces peuples dans les années 50 ou 60. Cela, ce n'est pas un problème de période. C'est un problème humain, c'est le problème de la politique de Franck, de Lambert (pour ne pas parler de ceux qui se sont retirés) de tous ceux qui ont manqué au mouvement ou n'ont pas fait ce qu'il fallait, au moment où l'histoire nous en offrait la possibilité, en 44-47 ou en 68 et depuis .

C'est en ce sens que les constats de Vérié ne m'aident guère... à supposer qu'ils soient justes, ce qui à vrai dire était la discussion de départ.
Ottokar
 
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Message par titi » 21 Sep 2005, 10:35

si je reprends la question du début, je comprends la phrase de trotsky comme cela : à cette époque, les masses pouvaient (et ont) pencher vers les idées révolutionnaires, mais le drame était que la direction qui s'imposait à leurs yeux c'était le pc, stalinisé et donc anti-révolutionnaire. le pc apparaissait à elles comme révolutionnaire alors qu'il ne l'était pas.

des révolutions ouvrières sans parti révolutionnaire, il y en a eu, oh oui, qui se sont toutes fait massacrer. en 1848 ou 1871 en france par exemple. ou après 1917, dans une bonne partie de l'europe, la crise de direction révolutionnaire était aussi flagrante qu'en 36. pas la faute du pc à ce moment là, inexistant ou inexpérimenté, mais la faute de la sociale-démocratie.

alors si dans un avenir proche la classe ouvrière reprend le chemin de la lutte et des perspectives révolutionnaires, vers qui se tournera t-elle ?
bonne question. très bonne question.
titi
 
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