(Je ne sais pas si j'ai été très clair, là :unsure: )
a écrit :La direction du PS appelle au calme
Nicolas Barotte
[20 août 2005]
Après la surenchère, les appels au calme. Il faut dire que le ton était monté très vite cette semaine. Les partisans de Laurent Fabius demandant une «nouvelle direction» au PS. L'ancien premier ministre Michel Rocard osant utiliser le mot tabou : «scission». Les différentes écuries présidentielles, qui n'ont aucun intérêt à casser le parti à moins de deux ans de la présidentielle, ont vite refroidi le thermomètre.
Les partisans de François Hollande et Dominique Strauss-Kahn, qui sont encore aux commandes de l'appareil socialiste, ont aussitôt sauté sur l'occasion pour donner quelques leçons d'unité à leurs camarades. Pour le président de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, ancien directeur de cabinet de Michel Rocard, il est «dangereux de dire qu'on va vers la scission du parti alors que le débat n'a pas commencé». Pour le porte-parole du PS, Julien Dray, «l'heure n'est pas à la foire d'empoigne ni à la constitution de combines politiciennes».
«Halte aux querelles de personnes, a déclaré hier sur France 2 l'ancien ministre Jack Lang. Et en particulier pour la gauche, travaillez d'abord sur le contenu avant de vous crêper le chignon ! Je souhaite que La Rochelle ne soit pas à nouveau ce concours d'éloquence, de confrontations de personnes et d'écuries présidentielles.» L'université d'été du PS, la semaine prochaine, est censée être placée sous le signe de l'opposition au gouvernement. «Un débat de fond, pas un débat de cons», a souhaité jeudi le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis.
Les ex-partisans du non refusent évidemment d'endosser les habits des diviseurs. Pour le bras droit de Fabius, Claude Bartolone, le rassemblement des socialistes ne peut pas se faire sans «tirer les leçons» des échecs du PS et du vote du 29 mai et doit redonner de «l'espoir» aux électeurs de gauche. Les appels à l'unité du camp adverse le font bondir. Dans le texte signé par François Hollande il ne voit «que des leçons données à ceux qui ont voté non».
Pour le reste, les fabiusiens demeurent isolés : «dans l'état actuel» ils déposeront «seuls» leur motion. Bartolone théorise la situation : «Nous ne voulions pas donner le sentiment aux militants de chaque motion qu'ils devaient se soumettre ou se démettre par rapport à Laurent Fabius.»
L'éclatement du PS n'est pas (encore) d'actualité. Pourtant le clivage, sur le fond, demeure prégnant. Pour le sénateur de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon, Michel Rocard a posé la bonne question «mais a tort de parler de scission». La rupture est pourtant bien présente. Dans un article de la Revue socialiste, Mélenchon insiste sur la dimension «affective et identitaire» du non chez les électeurs de gauche. «L'ancrage du non est une dimension existentielle de légende pour la gauche dorénavant, écrit-il. Toute tentative pour le nier est promise à d'humiliantes déroutes. «Ils» voteront pour châtier aussi longtemps qu'il n'y aura aucun autre moyen d'agir. La distance que j'ai pointée entre nous est là.» Dans ces conditions, tenter de dépasser le oui et le non serait voué à l'échec.