Le Monde, 21 mai :
a écrit :A l'exception d'Arlette Laguiller, pour laquelle "M. Fabius n'est pas devenu un ami des travailleurs" , la gauche non-socialiste courtise aujourd'hui ouvertement Laurent Fabius.(…)Pour la LCR, Laurent Fabius est sincère. Dans un entretien à Libération, le 18 mai, Daniel Bensaïd, le théoricien de la LCR, assure que Laurent Fabius ne s'est pas seulement engagé "pour des motivations politiciennes. Il a aussi des motivations rationnelles." Pour lui, si la gauche revenait au pouvoir, "une victoire du oui l'empêcherait de mener une politique alternative" car elle serait "corsetée dans l'ensemble des contraintes européennes" . L'ombre du "tournant de la rigueur" de 1983 est restée à l'esprit d'une partie de la gauche. Mais pour ces trotskistes, la tactique fabiusienne force l'admiration. "Il a réalisé un sans faute" , admet Alain Krivine. "Il n'y a aucun obstacle à ce qu'il vienne" , renchérit Christian Picquet, du bureau politique de la LCR.
Libération, 25 mai :
a écrit :La fin de la campagne du non socialiste s'annonce sportive. L'ultime meeting ¬ avec en guest star le rival de Gerhard Schröder au SPD allemand, Oskar Lafontaine ¬ doit se tenir vendredi à l'Institut national du judo, à Paris. Pierre Larrouturou, qui en est à l'initiative, le souhaitait unitaire. C'est mal parti. Du coup, toute la gauche du non est en émoi.
C'est d'abord Jean-Luc Mélenchon qui fait sa mauvaise tête. Bien que fondateur du courant Nouveau Monde avec Emmanuelli, il a mené une campagne du non totalement parallèle à celle de l'ancien premier secrétaire du PS. Il tiendra donc meeting ce soir à Paris. Vendredi, Emmanuelli montera sur le tatami avec Larrouturou, Lafontaine, le socialiste Marc Dolez et d'autres. Dans un courriel adressé à certains de ses camarades, que Libération s'est procuré, le sénateur de l'Essonne écrit, un rien furibard : «Je n'ai pas été consulté de quelque façon que ce soit pour le meeting de vendredi 27 alors qu'il veut se présenter comme un meeting unitaire de fin de campagne.» Puis Jean-Luc Mélenchon avance une explication politique à son exclusion : «Nous avons été rayés de la liste des invités pour la même raison que Besancenot : nous sommes partisans d'une nouvelle union de gauche sans exclusive. Henri Emmanuelli y est hostile.»
Du coup, Mélenchon tient sa propre réunion ce soir à Paris avec «des représentants du PCF, de la LCR et des écologistes pour le non». Et, précise l'invitation, «avec Claude Bartolone, député maire du Pré-Saint-Gervais», mais surtout grand ordonnateur de la Fabiusie. L'ami de Laurent Fabius fera bien une apparition à la réunion, mais il n'y interviendra pas. «Et, confie-t-il, je participerai aussi à une initiative d'Henri», sans savoir encore laquelle. Le député des Landes, lui, préfère «ne rien dire». Mais n'en pense pas moins : «Mélenchon et son ego l'emmerdent», confie un proche.
Cette drôle de situation entre socialistes tourne vinaigre et fait tache d'huile sur l'ensemble de la gauche du non. Dans son courriel, Jean-Luc Mélenchon affirme : «Bové et nos camarades communistes s'inquiètent de la situation et ont fait savoir au bureau d'Henri que ce serait "tout le monde ou personne".» Ce qui était vrai il y a quelques jours ne l'était plus hier soir. Interrogé par Libération, José Bové a confirmé sa présence vendredi avec Emmanuelli et autres. Quant à l'entourage de la secrétaire nationale du PCF, il confirme la participation de Marie-George Buffet. Ce qui ne sera pas le cas d'Olivier Besancenot : la Ligue communiste révolutionnaire n'est pas invitée à ce meeting.
C'est sans connaître cette salade que 30 élus socialistes, radicaux et écologistes partisans du non ont lancé hier un appel à ce «que chacun garde son sang-froid». Initialement, cet appel était destiné au camp du oui.
Dans le panier de crabes de la LCR à Fabius, comment serait il possible que les travailleurs y retrouvent leur petit ?