(Combat Ouvrier du 7 mai 2005 a écrit :
Martinique
Référendum: notre position et celle du GRS
Par rapport aux grands partis et aux nationalistes, le Groupe Révolution Socialiste (GRS) fait entendre un ton particulier. Son représentant Philippe Pierre-Charles explique que «la possibilité de victoire du non en France ouvrirait une crise politique salutaire pour tous ceux et toutes celles qui subissent l’arrogance des exploiteurs, des colonialistes et de leurs valets », ce qui est évidemment possible, mais pas du tout certain.
Mais plus loin le GRS affirme que: «il y a du mépris dans leur volonté d’imposer aux peuples colonisés un traité à la rédaction duquel pas un seul colonisé n’a participé. Dire non, c’est le moyen le plus évident d’exiger d’être reconnus comme interlocuteurs respectés ». Pourquoi est-ce «le moyen le plus évident»? Alors que chaque élection européenne montre une abstention de plus de 80 %! A un tel degré, on peut difficilement taxer ces abstentionnistes d’être des «je-m’en-foutistes» ou des amateurs de plage , etc.
Remarquons, en passant, que croire en politique qu’un vote, quel qu’il soit, même massif, suffit comme «moyen le plus évident» pour se faire reconnaître comme «interlocuteurs respectés », relève de la pure naïveté ou du discours sans suite, donc est signe d’impuissance.
Nos camarades du GRS avaient bien d’autres justifications plus sérieuses à faire valoir, en tout cas plus communistes, pour voter NON. On peut tout simplement affirmer qu’on est solidaire des organisations révolutionnaires et ouvrières qui, en France, appellent les travailleurs à utiliser l’occasion du référendum pour dire non aux perspectives de la bourgeoisie, du patronat. Ceux-ci veulent appliquer à toute l’Europe ce qu’ils font déjà dans certains pays, imposer des lois sociales au rabais, abaisser le niveau de ce qui fut gagné par les travailleurs de certains pays, par suite des luttes menées dans le passé, plutôt qu’aligner la situation des prolétaires des 25 pays européens sur le niveau le plus élevé!
Donc, dire aussi non à la mise en application de cette politique en France et dans les territoires dits français par un des gouvernements les plus réactionnaires, les plus anti-ouvriers qu’on ait connus depuis longtemps. Le non peut être, en France, le moyen d’exprimer son dégoût, sa colère, etc.
Nous, à C.O., avons dit publiquement que nous étions solidaires de ces organisations ouvrières qui appelaient à voter non, en France, et qu’en France les travailleurs antillais devaient faire ce vote NON.
Ici, en Martinique et Guadeloupe, il se trouve qu’il existe déjà un fort courant populaire qui s’abstient lors des votes européens. Nous ne tenons pas pour rien, et encore moins pour méprisable, le fort taux d’abstention aux élections européennes. Ce résultat est bien une conséquence de notre histoire de colonisés, de descendants d’esclaves africains, qui sont devenus des «citoyens français» à plus ou moins part entière ou demi-part selon les époques. Sans qu’on leur demande leur avis. Alors les «citoyens» français des ex-colonies votent, participent aux élections diverses, selon ce qui les arrange ou les touche.
Ils participent pas mal aux municipales, c’est très personnalisé, ils connaissent les candidats, ils voient bien les intérêts en jeu, etc. Ils participent un peu moins aux législatives, moins encore aux présidentielles et encore moins aux européennes! Pourquoi irions-nous, nous militants de C.O., chercher à convaincre certains de ces ces 70 à 80 % d’abstentionnistes, en quelque sorte de faire «leur devoir de citoyens français» et d’aller dire non! Alors qu’ils affichent déjà une certaine méfiance envers la politique officielle, ses institutions et montrent d’une certaine façon qu’ils ne sont pas trop dupes de tous ces processus électoraux et des magouilles des politiciens!
Quand nous avons eu à nous solidariser, à soutenir un ou une candidate, en chair et en os, défendant le programme des travailleurs, comme aux européennes passées, nous avons appelé à voter pour ces candidats ; et pour la toute dernière élection, nous avions même une candidate. Mais là, il n’y a rien à démontrer en passant de L’ABSTENTION MEFIANTE au vote NON ;! Une abstention massive sera tout autant une démonstration de mécontentement, de rejet de ce que font les politiques de droite, les Raffarin, Sarkosy, Chirac et ce que s’apprêtent à faire ceux de gauche, les Strauss-Khan, Hollande, Jospin et Cie, guère différents de ceux de droite sur le plan politique et social.
Il faut plutôt continuer à préparer des mouvements d’ensemble, faire des journées de manifestations des étapes dans la montée d’une riposte d’ensemble à la politique du gouvernement et aux attaques du patronat.
Nous à Combat Ouvrier, nous appelons les travailleurs à s’abstenir les 28 et 29 mai prochain.
Car en quoi cette Constitution peut-elle être favorable aux travailleurs aux Antilles?
Il s’agit d’un texte qui non seulement présente le système capitaliste comme le meilleur, voire le seul possible, mais qui ne cherche absolument pas à tirer vers le haut les pays où les conditions d’existence des travailleurs sont les moins bonnes, où les libertés démocratiques sont les plus réduites.
Alors ce n’est pas à nous, à Combat Ouvrier, d’aller mobiliser des électeurs pour les convaincre de participer au prochain référendum, pour ratifier ou cautionner une constitution conforme aux intérêts des grands possédants, des patrons comme ceux du MEDEF.