
(article provenant du quotidien Libanais "L'Orient-Le Jour")
Samedi 23 Avril, 2005
Le président russe confirme la vente à la Syrie de missiles antiaériens
Poutine jette un pavé dans la mare avant sa visite en Israël
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Le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé hier la vente à la Syrie de missiles antiaériens « de courte portée », jetant un pavé dans la mare juste avant une visite historique en Israël, fermement opposé à ces transactions pour raisons de sécurité. « Ces systèmes peuvent anéantir des cibles aériennes qui sont à portée de vue. Ils sont basés en outre sur des véhicules automobiles et il est impossible de les transmettre secrètement à des organisations terroristes », a précisé le président russe dans une interview à la télévision israélienne, dont des extraits ont été diffusés sur la chaîne de télévision russe Rossia, assurant ainsi que ces armements ne présentaient pas de danger pour Israël.
Le président russe n’a pas donné de détails sur la transaction conclue, qui concerne des systèmes Strelets, d’une portée de 4 à 5 km. Ces systèmes sont composés de missiles sol-air embarqués sur des véhicules militaires et qui ne peuvent être utilisés en « mode portatif », autrement dit à l’épaule. « Enfin, a dit M. Poutine, nos militaires ont le droit d’effectuer des contrôles et des inspections sur leur lieu de stockage et d’installation. »
Le Premier ministre, Ariel Sharon, avait exprimé à nouveau jeudi son inquiétude face au risque que des missiles anti-aériens vendus par la Russie à la Syrie ne parviennent à des « groupes terroristes », alors que les premiers extraits de l’interview du président russe étaient repris par la radio israélienne.Une telle vente « menacera la sécurité d’Israël », ajoutait M. Sharon.
M. Poutine a tenu pour sa part à souligner que la Russie se comportait « de façon responsable » et que ces ventes ne modifiaient « pas l’équilibre des forces dans la région ». Il a estimé que ces missiles allaient juste « compliquer la possibilité de vol rasant au-dessus de la résidence du président syrien » Bachar el-Assad.
« Mais je ne suis pas sûr qu’effectuer de tels vols soit une bonne décision si nous voulons tous, y compris Israël dans l’intéret de son peuple, créer une atmosphère favorable à la poursuite du processus de paix », a-t-il ajouté.
Des déclarations qui, pour la presse russe, risquent de provoquer un véritable « scandale politique », alors que Vladimir Poutine doit se rendre en Israël les 27 et 28 avril. Un déplacement historique puisqu’il s’agira de la première visite d’un chef d’État russe (et même soviétique) dans l’État hébreu.
À la veille de ses entretiens, Vladimir Poutine a de fait « promis à Israël de graves problèmes militaires », a noté le quotidien d’opposition Nezavissimaïa Gazeta (NG). « L’interview censée créer une atmosphère favorable avant la visite a eu l’effet contraire », a aussi estimé le quotidien centriste Izvestia, estimant que « la blague » du président à propos de la résidence du président Assad n’allait pas plaire à Israël.
Ces dernières années, la Syrie avait cherché à plusieurs reprises à se doter d’armements russes antiaériens. En 2003, la Russie avait refusé de livrer les systèmes de défense antiaérienne dernier cri demandés par Damas, en l’occurrence le S-300, un système aérien capable d’abattre aussi bien des avions que des missiles ennemis.