Plus de trente années de guerre civile payée chèrement par les prolétariats des deux côtés, et maintenant le désarmement ?
mercredi 6 avril 2005, 19h11
Le Sinn Féin demande à l'IRA d'abandonner la "lutte armée"
BELFAST, Irlande du Nord (AP) - Le dirigeant du Sinn Féin Gerry Adams a appelé mercredi les membres de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) à renoncer à la "lutte armée" qu'ils mènent depuis 35 ans contre la tutelle britannique en Irlande du Nord.
Il n'a pas demandé explicitement au mouvement clandestin de déposer les armes et de s'autodissoudre, comme le souhaitent Londres et Dublin. Mais il l'a exhorté à entamer immédiatement des discussions internes en vue d'apporter son soutien au Sinn Féin, aile politique de l'IRA et principal parti catholique d'Irlande du Nord.
"Notre combat a atteint un tournant", souligne Gerry Adams dans un message aux membres de l'IRA. "Je vous demande de vous joindre à moi pour saisir ce moment, pour intensifier nos efforts, pour reconstruire le processus de paix."
"Votre détermination, votre désintéressement et votre courage ont fait avancer la lutte pour la liberté. Cette lutte peut maintenant être menée par d'autre moyens", poursuit le dirigeant du Sinn Féin. "Par le passé, j'ai défendu le droit de l'IRA de s'engager dans la lutte armée (...) Aujourd'hui, il existe une alternative."
Gerry Adams demande aux membres de l'IRA "d'accepter cette alternative. Pouvez-vous prendre des initiatives courageuses qui réaliseront vos objectifs par une activité purement politique et démocratique?"
Ce communiqué aux mots soigneusement pesés est publié alors que débute la campagne pour les élections parlementaires britanniques du 5 mai prochain. L'Irlande du Nord est un territoire britannique.
Gerry Adams a lu ce message lors d'une conférence de presse à Belfast où se pressaient de nombreux journalistes. Il a refusé de répondre ensuite aux questions.
L'IRA observe un cessez-le-feu depuis 1997 mais reste active sur plusieurs fronts.
Elle est soupçonnée d'être derrière le hold-up du 20 décembre dernier à Belfast au cours duquel un commando a dérobé 26,5 millions de livres (38 millions d'euros) à la Northern Bank. Certains de ses membres sont accusés d'avoir poignardé un civil catholique, Robert McCartney, le 30 janvier devant un pub de Belfast.
Les gouvernements britanniques et irlandais ont accueilli avec prudence l'appel de Gerry Adams. Ils ont souligné que l'IRA devait prouver qu'elle abandonnait ses activités paramilitaires et criminelles.
A Dublin, le Taoiseach (Premier ministre) Bertie Ahern a jugé "important et prometteur" le message de Gerry Adams. Toutefois, a-t-il rappelé, le Sinn Féin et l'IRA ont déjà "anéanti des espoirs" par le passé. "La crise de confiance est profonde et ne sera pas aisément résolue", a-t-il encore prévenu.
Un porte-parole de son homologue britannique Tony Blair a pour sa part souligné: "De toute évidence, le point clé sera la façon dont se comportera réellement l'IRA."
Ian Paisley, le dirigeant du Parti démocrate unioniste (DUP, protestant), a qualifié mercredi Gerry Adams de "menteur" et de "trompeur absolu". "Il n'y a pas de place pour les terroristes dans une démocratie et pas de place pour l'IRA-Sinn Féin", a-t-il martelé. AP